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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
LUNDI 6 OCTOBRE 2003
VOULONS-NOUS ASSISTER AUX 35 ANS DES 35 HEURES ?
"Pour le moment, on nétudie rien, on pense" (Francis Mer, ministre de l'Économie et des Finances)
Après 15 mois dun silence impressionnant et dune très mince tentative de toilettage, une partie de léquipe gouvernementale a osé critiquer la réglementation autoritaire imposant les 35 heures.
Cette audace, représentée par les déclarations de lexcellent Alain Lambert, ministre du Budget, et plus mollement par celles de M. François Fillon, ministre des Affaires sociales, a été compensée par une déclaration dudit Fillon : "Il ny aura pas de grand soir des 35 heures".
À juste titre, M. Lambert jusquà présent se borne à dire que les 35 heures ont été néfastes à léconomie française. De même, M. Fillon avait-il laissé entendre que la liberté devait être donnée aux entreprises de sy adapter. Le ministre de lÉconomie et des Finances M. Mer lui-même reconnaît : "Pour le moment, on nétudie rien, on pense".
Il pourrait paraître surprenant que lUMP et tous les brillants états-majors de la droite naient aucun projet quant à cette catastrophe majeure qui coûterait au budget de lÉtat 15 milliards deuros par an, ce qui veut dire quelle coûte beaucoup plus à léconomie française. Mais en réalité, cette absence de réflexion de nos dirigeants politiques lorsquils étaient dans lopposition, les lois Aubry datant de lan 2000, est une chose coutumière. Dans aucun des dossiers traités depuis 15 mois on na été en présence dun corps de doctrine lisible et dune volonté ferme de réformer la France dans un sens conforme aux évolutions du monde. La seule source parfois évoquée demeurait celle des "promesses du candidat Chirac".
En face, au contraire, il y a une résistance dogmatique très forte. M. Hollande au nom du parti socialiste affirme : "Nous navons rien à redouter dune évaluation globale et rigoureuse des effets de la RTT sur lemploi, lorganisation du travail ou les comptes publics". Et on peut lui reconnaître une part de lucidité. Il na pas grand-chose à redouter, en effet, parce que cette évaluation sera opérée par des gens qui ne sintéresseront pas à la vie concrète des entreprises françaises et qui ne sarrêteront quà de grosses considérations structurelles.
Mme Royale, ce saint-jean-bouche-dor de la Mitterrandie, est venue à la rescousse de son compagnon en soulignant la vraie nature des 35 heures aux yeux de la gauche. Cest, clame-t-elle, "une des plus grandes conquêtes sociales de ces dernières années. Une loi qui a créé des emplois".
Mais même Mme Royale admet que la loi puisse être "adaptée au fil des années".
Alors M. Fillon, pour ne pas contrarier le dogme de la "création demplois" du fait des 35 heures croit habile de se faufiler dans la porte étroite de ladaptation de cette loi.
Les grands habiles ont toujours raisonné de la sorte en France depuis la IIIe république. On ne touche jamais aux grandes conquêtes. On sappuie bien fort sur les principes, en espérant que de la sorte, les principes finiront par céder Le résultat peut se mesurer en terme de situation générale du pays dont le seul espoir concret est actuellement de profiter de la reprise américaine.
Nous devons bien réfléchir à ceci : nous savons tous, concrètement, combien les 35 heures ont eu deffets nocifs. Le chiffrage de cette destruction de ressources serait une démarche un peu artificielle. Nous devons donc, face à ce dogme de gauche, face au tollé dorganisations syndicales représentant, à elle sept, 7 % des salariés, réaffirmer le principe de la liberté du travail.
Faute de réaffirmer ce principe, nous risquons dassister dans 30 ans, pour ceux qui seront encore vivants dans une France ruinée au 35e anniversaire des 35 heures, 35 ans après les 35 ans de mai 1968. Nous ne serons plus en Europe, 15e sur 15 pour les finances publiques comme nous le sommes avec nos 4 % de déficit. Nous serons peut-être 25e sur 25 pour le produit intérieur brut lorsque nous déboucherons le champagne (espagnol) pour arroser dignement les 35 ans des 35 heures.
Jean-Gilles Malliarakis
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