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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 9 OCTOBRE 2003

POUR EN FINIR VRAIMENT AVEC LA FRAUDE ET L’ECONOMIE SOUTERRAINE

La traque sera difficile et longue... commençons par alléger la réglementation !

C’est toujours avec satisfaction que les honnêtes gens apprennent le châtiment des fraudeurs. Et s’agissant des négriers modernes qui exploitent des immigrés sans papiers pour vendre de la marchandise sans facture à des margoulins sans scrupule, personne ne désire les défendre.

C’est donc avec satisfaction que les lecteurs du Parisien (1) ont appris la structuration policière des GIR, 1 par département, coordonnant, et ce n’est rien, des policiers et des gendarmes. Depuis la création des 7 GIR d'Île de France ils ont saisi 130 kg de drogue, ils ont arrêté 876 personnes et ils ont saisi pour 1 662 328 euros. Bravo, pense-t-on en première lecture.

Et puis, on se demande, en seconde lecture, quelle réalité recouvrent les statistiques quantitatives si précises. Car cela demeure qualitativement flou : 1 kg de haschisch ce n’est pas 1 kg de cocaïne. Sur 876 personnes arrêtées, combien de présumés coupables et de véritables innocents ? Combien de coupables relâchés après 48 heures ? Quant au petit milliard de centimes d’anciens Francs français, que représente-t-il au juste ? Cela représente moins de 2 000 euros par trafiquants. Les temps sont durs et les vaches sont maigres. Les gros bonnets ne sont plus ce qu’ils étaient.

Car la traque à l’économie souterraine sera difficile et longue, en espérant que sa géométrie ne sera pas trop variable. Nous doutons que les 24 fonctionnaires du GIR de Paris puisse vraiment suffire face aux retombées du commerce illégale des stupéfiants, aux ateliers clandestins, au blanchiment, aux délits économiques de toute sorte. Il existe c’est vrai une Brigade de stupéfiants, une Brigade financière, une ex "Mondaine", que sais-je encore. Mais tout cela est submergé par la montée des mafias, par les réseaux de l’Est, par les tsiganes des Balkans, les marabouts africains, pêle-mêle, sans discrimination.

En listant les services de police et de justice depuis 20 ans on découvre du reste que plus l’insécurité la plus triviale s’est développée dans le métro parisien au détriment du peuple, plus on s’est acharné à donner de gros moyens à la chasse aux délits exclusivement économiques, lesquels malgré toute leur impudicité et leur immoralité ne s’en prennent ni à nos chers autoradios (2) ni à nos femmes ni à nos enfants, pas même à nos petits portefeuilles. On me dira très scientifiquement qu’il existe un lien. Je répèterai donc docilement que ce lien existe, et pourtant je n’ai jamais soupçonné Bernard Tapie de voler les sacs à mains ni Loïk le Floch-Prigent d’attaquer les jeunes filles dans les banlieues.

La fameuse économie souterraine, le black, la fraude, le marché noir, le blanchiment et toutes les zones troubles de notre société grise, avant de les chasser ne serait-il pas nécessaire de savoir précisément ce qu’est ce gibier ? La zoologie précède la cynégétique.

Or, on est en droit de se demander et je me demande si l’argent sale n’est pas la face noircie d’une représentation mythique du "sale argent".

C’est parce que les prélèvements obligatoires prennent une proportion elle-même honteuse ou immorale que d’audacieux brigands franchissent le mince ruisseau qui sépare la réglementation du non-droit.

Il est paradoxal en effet de signer à la fois les accords de Schengen et toutes sortes de décrets et codicilles tendant à renforcer les frontières immatérielles de l’Hexagone légal. Car la ligne de démarcation entre le licite et l’illicite est de plus en plus une frontière purement juridique entre un national français, — que l’État français persécute avec délectation, — et un étranger de papier — auquel il est strictement interdit de toucher à peine de mobilisation des ligues de vertu. En dehors des très méchants Serbes orthodoxes, tout le monde est beau tout le monde est gentil. C’est bien connu.

L’économie souterraine est au bout du compte le produit de l’étatisme et du fiscalisme. Toute réflexion un peu solide sur l’histoire des marchés noirs le démontre avec une pesanteur de plomb.

De l’occupation allemande d’avant-hier au bloc soviétique d’hier, c’est la même loi de Newton qui s’abat sur la France d’aujourd’hui.

Si on veut implacablement en finir avec la fraude, il faut commencer par alléger la réglementation.

    Jean-Gilles Malliarakis

      1. 6 octobre
      2. avis aux voleurs : le mien est hors d’usage.

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