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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

VENDREDI 10 OCTOBRE 2003

SCHWARZENEGGER MÉRITE MIEUX

Son programme est plus intéressant que ne le disent les médiats français

Les commentaires systématiquement hostiles, ironiques et fielleux de la presse et des médiats français quant à l’élection d’Arnold Schwarzenegger au poste de gouverneur de Californie méritent qu’on s’y arrête.

En eux-mêmes, ces murmures médiatiques parisiens me semblent d’abord insignifiants et jetables. Comme à l’accoutumée, si Schwarzenegger réussit, ceux qui le brocardent aujourd’hui trouveront le moyen demain de se rattraper aux branches. On apprendra que les ingénieurs français nombreux dans les ateliers informatiques de la Silicon Valley (1), ou bien les conseillers si brillants issus du clan Kennedy ou bien n’importe quelle autre leur donnera une bonne raison de dire que ce sera la Californie, et pas son gouverneur, que ce sera la gauche américaine et pas la droite, qui aura renouvelé le rêve américain.

À l’inverse, s’il échoue, ce sera bien la faute, à les entendre, de son populisme (2).

Les médiats français insistent très peu, finalement, sur le poids considérable des avocats qui fournissent 80 % des effectifs de la classe politique américaine. Certes ces juristes sont tout de même un peu différents de ceux qui peuplaient les rangs de notre brillante III république. Mais en règle générale, cette forme de monopolisme ne fait pas peur à nos journalistes. Ils sont tous issus des mêmes écoles syndicales. Ils ont eux-mêmes voté Jospin à 85 %. Et, ordinairement, ils qui trouvent normal que 90 % des dirigeants français soient issus de l’ENA.

Les campagnes contre Schwarzenegger aux États-Unis obéissent elles-mêmes à la logique bien connue.

Il y a eu tout d’abord les rumeurs de caniveau. Comme le personnage plaît beaucoup à un grand nombre d’Américaines, il faut le discréditer auprès des féministes et on a utilisé des arguments qui ont fait leur preuve.

Et puis, comme il est Autrichien de naissance, et comme Beethoven ne l’était pas, il est facile de suggérer les sympathies du jeune homme pour telle ou telle figure de l’Histoire allemande.

Absurde et mensonger, ce système de calomnie éprouvé a été mis en œuvre, une fois de plus, avec les témoins de mauvaise foi d'usage. Le fait que le dispositif a piteusement échoué ici a quelque chose d’une (très) bonne nouvelle. Les Américains sont peut-être devenus moins bêtes et moins naïfs (3) que les Européens, au moins sur ces deux points. Tant pis pour les ligues de vertu et autres parties civiles. Nous n’allons pas pleurer.

Mais ne croyons pas non plus que le succès de Schwarzenegger avec 48 % des vois devançant M. Cruz Bustamante, 32 % (4) soit seulement celle d’un bel Autrichien sur un vilain petit Mexicain. Tous deux sont Américains. Mais le second, chef de file des démocrates au Sénat californien était surtout l’adjoint du gouverneur sortant le calamiteux démocrate Gray Davies, démis de ses fonctions par une procédure référendaire qui n’avait pas servi depuis 82 ans (5).

L’argument selon lequel Schwarzenegger n’aurait pas de programme est absurde.

Son programme en 10 points est au contraire beaucoup plus cohérent que celui des populistes européens actuels allant du fantasque démagogue Umberto Bossi en passant par le regretté Pim Fortuyn jusqu'à leurs homologues danois ou autrichiens. Ne parlons même pas du défunt, et combien regretté Pierre Poujade (6).

Schwarzenegger au contraire, sur son site internet, dit des choses qui nous conviennent largement.

On remarquera aussi que les électeurs californiens ont rejeté la proposition 54 dont le contenu était très ambigu, visant à supprimer une notion, qui nous est totalement étrangère en Europe mais qui existe aux États-Unis, à savoir les données dites raciales dans les documents administratifs (7).

La logique de Schwarzenegger et de tous les Républicains californiens est, au contraire, tout à fait claire : diminuer les taux d'imposition (en commençant par la taxe sur les automobiles que la législature de l'État avait augmentée de 200 %), diminuer la dépense publique, supprimer les déficits et réduire l'endettement mais aussi la liquider le système de non-droit corrupteur dans les réserves indiennes, renégocier les avantages de la fonction publique et abaisser les pouvoirs de la bureaucratie.

Cela ne réussira peut-être pas en 100 jours, mais cela mérite d’être tenté.

Jean-Gilles Malliarakis

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  1. Où ils ont fui l'enfer fiscal et social français.
  2. On appelle "populisme", dans une démocratie, la non-appartenance d'un élu du peuple à la classe politique. Rappelons quand même qu'il est plus facile à un comédien de devenir un homme politique qu'à un politicien de monter sur les planches. "Il est plus facile à un oiseau de faire le con qu'à un con de faire l'oiseau" (Extrait du livre Les Oiseaux sont des cons par Chaval).
  3. Les fameux "grands enfants" ont mûri…
  4. Soit avec une avance de 1 065 000 suffrages.
  5. Sachant que la Californie compte 35 millions d’habitants, beaucoup remarqueront à la fois l’intensité des campagnes électorales américaines et le petit nombre des votants. Il en va toujours ainsi aux États-Unis.
  6. Il se réclamait à la fois du royalisme familial, du radicalisme et même du communisme "rénové" en Roumanie après Ceaucescu. – témoignage personnel, si je puis dire, pour l’avoir entendu proférer tout cela à la fois au restaurant Le Grenadier d’Austerlitz en 1999. Et ce personnage avait fait 2,6 millions de voix dans la France de 1956… Et 40 ans, plus tard son dernier carré d'admirateurs imaginaient encore avoir renversé la IV république au simple motif que le drapeau tricolore de l'UDCA avait servi aux étudiants de l'AG d'Alger le 13 mai 1958 !
  7. Ces données servent de base à la "discrimination positive". C'est en cela que leur suppression est considérée comme inconcevable par les homologues de ceux qui, en France, les dénonceraient à grand cri. N'oublions pas que les ligues bien pensantes et les fonds "éthiques" américains adressent couramment aux sociétés européennes (et asiatiques !) des questionnaires du genre "combien comptez-vous de personnes de couleur dans votre conseil d'administration ?".

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