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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

LUNDI 13 OCTOBRE 2003

OSONS DÉFENDRE LA LIBERTÉ DE FUMER

Castro fume le cigare. Le cancer du fumeur ne nous en a toujours pas débarrassé.

À force de pénaliser, de culpabiliser, de matraquer le tabac, il se produit l’imprévisible. Alors que tous les fumeurs s’habituent à toutes les vexations, plus excessives encore que leur puante tabagie, alors qu’ils sont depuis des mois accoutumés à ne même pas voir les annonces politiquement correctes en forme de faire-part déclinant le thème "fumer tue", eh bien deux journaux importants titraient en première page ce 10 octobre deux dossiers importants et instructifs :

Le Parisien : "Cigarettes : la contrebande explose" (3 pages)

Libération : "La contrebande fait un tabac" (4 pages)

Cela ne surprend certainement pas nos lecteurs, pour lesquels il est probablement établi que "pour en finir vraiment avec la fraude et l’économie souterraine, il faut alléger la réglementation."

S’agissant de la fiscalité du tabac nous en avons observé les conséquences au plan européen de longue date. Cette affaire a commencé à faire les beaux jours de la mafia albanaise opérant à partir du Monténégro depuis plusieurs années.

En France, ce sont d’autres petits réseaux qui commencent à prospérer. Tout le Sud Ouest est alimenté depuis l’Espagne et la principauté d’Andorre. À Marseille, Libération indique comment les douanes ne parviennent pas à endiguer le flot "des petits revendeurs et des gros tonnages." À Paris, plus exactement à Barbès, le Parisien indique le prix de 2,80 euros pour un paquet de Marlboro. Et cela arrive de partout, par camion ou par bateau. Mais le journal nous montre triomphalement la photo d'un douanier de Biarritz éventrant le 2 octobre un soi-disant paquet de jouets truffé d’excellentes cigarettes représentant une prise de 6 tonnes.

Voilà donc l’effet prohibition à l’œuvre dans toute la planète fiscaliste et politiquement correcte, et donc singulièrement au pays qui a importé au maximum les idées prohibitionnistes de l’Amérique des années 1920. Ce pays c’est hélas le nôtre : la France est aujourd'hui en passe de doubler l’Angleterre pour la taxation du tabac. C'est la dernière conquête que le fiscalisme français n’avait pas effectuée, le dernier record qu’il n’avait pas battu (2).

Merci tout de même à la corporation monopoliste des buralistes et aux quelques rares journalistes libres, derniers clients de notre bon vieux Seita fumant leurs cigarettes brunes comme ils rêvent encore à leur prochaine Trabant.

Les premiers découvrent leur manque à gagner et leur complainte monte jusqu’au plus dévoué de nos petits ministres, le jeune Renaud Dutreil qui croit encore à la revitalisation des petites entreprises, ce dont nous le félicitons.

Mais c’est plutôt aux seconds, aux gens qui voudraient encore pouvoir fumer la tête haute dans leurs salles de rédaction que nous voudrions penser plus fortement.

Jusqu’ici les journalistes avaient abdiqué leurs plus élémentaires libertés.

Esprits aimables et moutonniers, ils préfiguraient jusqu'ici la prophétie de Zarathoustra annonçant le monde moderne : "Point de pasteur, un seul troupeau". Et puis, avant même qu’on les prive bientôt de retransmissions sportives, "élitistes", "violentes" et "dangereuses pour le cœur", les voici qui s’inquiètent d’une (petite) liberté (3).

On voudrait les inviter à aller au-delà de cette (petite) liberté du fumeur.

Osons défendre la liberté de fumer du tabac (4), certes !

Mais allons plus loin. Au-delà de la liberté du fumeur, et sans doute en commençant par elle, c’est la liberté humaine qui mérite le respect.

Et la liberté humaine s'exprime dans la Théorie économique.

Mais osons aussi remarquer qu’il existe une logique assez implacable de l’action humaine. (5) Cela se traduit par une considération respectueuse de la Théorie économique. Le respect pour la Théorie économique et pour les lois de l'Action humaine constitue peut-être la vraie quintessence de ce mot qui, aujourd'hui, sent de plus en plus le fagot : le libéralisme.

Si nos grands dirigeants pompeux avaient un peu de respect pour la Théorie économique et pour les libertés humaines, ils renonceraient à la prohibition du tabac et à leur fiscalisme délirant.

Jean-Gilles Malliarakis

1. Porte ouverte que nous enfoncions allégrement d’un point de vue général dans notre chronique du 9 octobre

2. La taxation de l’alcool par la Syldavie ne relève, comme tous les tintinophiles le regrettent, que dune fiction.

3. Liberté dont je tiens à dire ici que personnellement je n’en use guère, ne fumant que par procuration, subissant passivement et moi-même résigné, le tabagisme d’autrui.

4. La liberté est indissociable de la responsabilité. Il est proprement inouï que l'on considère les fabricants de tabac comme responsables du cancer des fumeurs qui ont abusé de la cigarette. Pourquoi ne pas considérer aussi les viticulteurs comme responsables de l'alcoolisme, les chocolatiers et les confiseurs comme responsables de l'obésité et les médiats comme responsables de la bêtise de leurs lecteurs ?

5. C’est probablement une leçon irremplaçable que l’on découvre déjà chez Thucydide ou que l’on voit démontrée par Ludwig von Mises dans son "Action Humaine" (édité aux PUF). Il donne à cette méthode le nom scientifique de praxéologie

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