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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MARDI 14 OCTOBRE 2003

LE DISCOURS DE M. RAFFARIN SUR L’ASSURANCE MALADIE EST ESSENTIELLEMENT MOU

Faire "la chasse au gaspillage", c’est la rengaine habituelle de tous ceux qui croient à la gestion rationnelle du monopole

Fallait-il vraiment prendre au sérieux cette petite cérémonie du 13 octobre où M. Raffarin a intronisé, en présence du professeur Mattei le Haut Conseil de l’assurance-maladie ? Poser la question c’est pratiquement y répondre.

Il semble même surprenant que certains médiats fassent mine de décortiquer respectueusement, comme s'il s'agissait de la base d'un projet concret, la liste des 6 pistes de réforme avancées par le Premier ministre dans sa courtoise allocution.

À plusieurs reprises, peut-on remarquer, notre chef de gouvernement bien aimé s’est posé en questionneur : "Faut-il ?", "Je pose la question" en ajoutant "nous sommes collectivement capables". Tout cela semble ouvrir un assez mince éventail de possibilités réformatrices.

En réalité, indépendamment même du calendrier, prévoyant un état des lieux avant la fin de l’année 2003, un projet ficelé avant l’été 2004, on doit bien se persuader que l’ouverture de l’éventail réformateur n’est que virtuelle. Pour que cette éventualité devienne une réalité, il faudrait une pression militante et une mobilisation des partisans de la liberté sur des bases beaucoup plus fortes que les molles suggestions en demi-teintes des 10 dernières années.

Autant dire qu’a priori, la 17 réforme depuis 1977 risque fort d’être à peu près aussi efficace que les précédentes.

Sans doute M. Raffarin a-t-il raison de poser des questions.

Mais de quelle nature imagine-t-on que seront les réponses d’un Haut Conseil de l’assurance-maladie composé sur la base des gestionnaires, des bénéficiaires et des partisans de l’actuel monopole.

Sans doute M. Raffarin a-t-il raison de vouloir tirer les leçons de l’échec du plan Juppé en 1995.

Mais il aurait peut-être tort de cantonner les raisons de cet échec à la seule psychorigidité de son prédécesseur. S’il décortiquait un peu le scénario de novembre et décembre 1995, il se rendrait compte que la démarche autoritaire de M. Juppé recevait l’applaudissement des médiats le 16 novembre et n’a guère engendré plus de manifestations réelles que la réforme des retraites présentée par Fillon 8 ans plus tard.

Le véritable échec du plan Juppé ce fut, au-delà même de l'impossible caractère de ce mauvais Premier ministre, la médiocrité de son programme et son étatisme profond.

On retrouve assurément les mêmes traits dans la réforme Fillon dont on pourra mesurer, avant 10 ans, combien elle aura encore appauvri les Français en persistant à immerger leur épargne vieillesse dans la répartition c’est-à-dire dans le collectivisme.

S’agissant de la réforme à venir de l’assurance-maladie, la vraie question pertinente a été une fois de plus rappelée au nombre des 6 pistes de réforme. Mais elle est formulée d’une manière inquiétante :

"Quelle est, demande M. Raffarin, la part du pacte social républicain de solidarité" et la part de responsabilité individuelle ?

Mais, au fait — à notre tour de poser la question, — qu’est-ce donc, ce pacte social républicain de solidarité ?

Quand a-t-il été défini ?

Qui l’a signé ?

Quelle est sa valeur contraignante dans un pays qui, par exemple, a signé les accords de Maastricht en 1991 ratifiés en 1992 et instituant une citoyenneté européenne ?

Faut-il quitter le territoire français si l’on n’adhère pas aux termes de ce pacte nouvellement apparu ?

Que vaut, enfin et surtout, ce prétendu pacte de solidarité, pour les vrais pauvres, pour les 500 000 vagabonds français, pour tous ceux que les hôpitaux refoulent ?

M. Raffarin a explicitement parlé d’étendre encore ce qu’il appelle la couverture santé.

Cela implique donc d’une manière ou d’une autre créer un nouveau prélèvement obligatoire.

Mais ne serait-il pas temps, au contraire, de nous préciser les chiffrages et les calendriers d’un désengagement programmé de l’État et de tous les financements collectifs afin, notamment, de pouvoir faire face aux véritables urgences de solidarité française.

Car ce sont ces vraies urgences qui tombent en déshérence, du fait de l’addition des tâches indues financées par ce qui devrait être la solidarité.

Prétendre enfin faire "la chasse au gaspillage", c’est bien la rengaine habituelle de tous ceux qui croient à la gestion rationnelle du monopole.

Affolés par le délabrement des comptes, talonnés par des engagements européens que la France a souscrits, mais qu'elle n'observe pas, nos gouvernants ne devraient pas observer seulement le solde désastreux des comptes sociaux

Ces soldes et ces comptes, ne sont qu’un reflet de l’effondrement des repères moraux et du sens des libertés de notre pays.

Jean-Gilles Malliarakis

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