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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MERCREDI 29 OCTOBRE 2003

FAUT-IL APPLAUDIR À LA SUPPRESSION DU LUNDI DE PENTECÔTE ?

Ne plus débattre des jours fériés empêcherait les indiscrétions de certains ministres…

Le 28 octobre, devant l’Assemblée Nationale, M. Falco, secrétaire d’État aux Personnes âgées s’est trouvé dans une situation inconfortable et la plupart des journaux estiment qu’il s’en est tiré de manière plutôt cafouilleuse pour ne pas dire misérable.

Il s’agit en effet de débattre de l’idée fumeuse tendant à répondre au terrible défi du vieillissement, par la suppression d’un jour férié.

L’usine à gaz comptable est une fois de plus consternante. On ne saurait dire qu’elle dénoterait un manque d’imagination. Au contraire le fiscalisme français confirme ici son incomparable pouvoir créatif. Tout d’abord on a imaginé, supprimant un jour férié, d’instituer un reversement à la charge des entreprises égal à 0,2 ou 0,3 % de leur masse salariale au profit de l’État. On y ajoutera une cotisation des fonctionnaires et, bien entendu, une nouvelle taxation du capital français. L'investissement de celui-ci, comme chacun le sait, n’est pas encore assez délocalisé hors de notre pays.

Dans un premier temps ces diverses contributions ont vocation à coûter 1,5 à 1,9 milliard d’euros à la charge des entreprises et 0,2 milliard d’euros prélevés sur les actionnaires et les fonctionnaires.

Bien évidemment la logique du dispositif conduirait à créer une nouvelle caisse sociale monopoliste, destinée à financer la dépendance. Pour parler clair on veut faire payer par le contribuable et l’assujetti les frais des hospices et des mouroirs.

On peut parier sans grand risque que si on crée une telle caisse en 2004, son coût actuellement évalué à 2 milliards d’euros passerait à quelque 20 milliards avant 2010.

Car bien entendu il sera très commode de culpabiliser les Français.

Le chiffre de 14 000 morts dits de la canicule va être gravé dans la mémoire officielle. On va sans doute la faire ingurgiter aux petits enfants des écoles publiques. On omettra de remarquer par exemple qu’en divisant par 12 le nombre annuel des décès, on trouve chaque mois en France énormément de victimes parmi les personnes âgées.

On omettra aussi de s’interroger sur la descendance réelle des personnes qui meurent si effroyablement seules.

Quand on a, hélas, accompagné soi-même ses vieux parents jusqu’au seuil de leur naissance au Ciel, on est parfois tenté de se demander, quand même, si l’on doit être véritablement, et totalement, solidaires de toutes ces familles inexistantes, et fort coûteuses cependant pour la collectivité.

Mais nous le savons, une telle remarque est inconvenante et elle demeurera au registre de l’inaudible.

Il est intéressant de remarquer que les protestations contre la suppression du lundi de Pentecôte, et pas de n'importe quel autre jour férié, viennent de la gauche laïciste.

Le quotidien La Croix trouve cela parfaitement justifié. Le premier jour de l’Église universelle ne concerne pas des rédacteurs qui se complaisent à gérer les derniers temps, du moins le pensent-ils, de l’Église romaine en France. Pothin ? Irénée ? Blandine ? Ces noms ne leur disent décidément plus rien. Lyon n’est plus dans Lyon. (1)

La gauche, elle, compte mécaniquement les sous de ses avantages sociaux. Il y a 16 jours fériés en Espagne, 13 en Autriche, 12 Angleterre et 2 supplémentaire en Écosse. Ramener de 11 à 10 les jours fériés français comme l’Allemagne l’a fait en 1994, ce serait obliger les travailleurs à pointer gratuitement s’exclame l’avocat de Montebourg. Généreux mais pas téméraire. Ajoutons d’ailleurs, pour une certaine gauche communautariste, que cela empêcherait d’institutionnaliser l’entrée en ramadan.

Avouons franchement que le vrai débat est ailleurs. La vraie question est celle de la création d’une nouvelle branche de la sécurité sociale monopoliste et il faut dire non.

Quant aux jours fériés, on remarquera que le seul jour chômé payé dans la loi française a été institué en 1941, et c’est le Premier Mai. Autrefois certains salariés obtenaient le droit de ne pas travailler le 21 janvier en souvenir de la mort de Louis XVI. On est en droit de trouver cet ancien usage très recommandable et hygiénique, et j’avoue moi-même avoir horreur du Bal du 14 juillet (2).

On devrait admettre aussi que l’usage et le libre contrat devraient prévaloir. C'est la principale réforme du code du Travail que l'on peut préconiser. On devrait le faire précéder d'un article 1er qui pourrait être rédigé de la sorte : "les dispositions du présent livre sont réputées décrire les usages du travail et du contrat de louage d'ouvrage. Elles s'appliquent aux parties en l'absence de dispositions contraires".

Cela éviterait de débattre des jours fériés, et cela empêcherait les indiscrétions de certains ministres préparant, par des jeux de billard, le prochain remaniement gouvernemental.

Jean-Gilles Malliarakis

  1. Il est vrai que le dernier maire professionnellement catholique de Lyon s’appelait Michel Noir.
  2. Et plus encore des stupides feux d'artifices payés par les impôts des contribuables.

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