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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MERCREDI 12 NOVEMBRE 2003

POUR ÉVALUER LE FORUM SOCIAL EUROPÉEN À SA JUSTE MESURE

Chaque participant coûtera individuellement 65 euros au contribuable

Pour bien comprendre la nature du prétendu Forum Social Européen, ensemble de manifestations hétéroclites se déroulant à Paris et en Seine-Saint-Denis du 12 au 15 novembre, il faut d’abord souligner le coquetel malsain des grosses subventions publiques des appareils staliniens et trotskistes réconciliés (1) et de la médiatisation la plus éhontée. L’extrême gauche-paillettes s’en va froufrouter et concurrencer la gauche-caviar, mais toujours aux frais des contribuables.

Sur un budget d’ensemble prévu aux alentours de 3,2 millions d’euros, cette agitation est financée à concurrence de 81% soit plus de 2,6 millions de subventions allouées par les pouvoirs publics locaux et nationaux dont la Mairie de Paris versa plus du 1/3 mais aussi, et cela devrait tout de même interpeller la base des gens de la droite institutionnelle, 500 000 euros seront versés par le gouvernement de Paris, soit plus de 15 % du Budget.

Le 10 novembre, le Premier ministre (2) est allé jusqu’à théoriser ce soutien financier. Or ce concours matériel de l'État est plus que symbolique à une époque où les finances publiques françaises défictaires sont à proprement parler illégales, compte tenu du traité signé à Maastricht en 1991 et du Pacte de stabilité signé à Amsterdam en 1997.

M. Raffarin a d’abord dit qu’il accueillait "avec bonne humeur", – c’était vraiment l’expression qu’on attendait de lui – des dizaines d’organisations qui n’ont jamais cessé depuis Seattle, Nice, Évian ou Gênes de briser les vitrines, de caillasser les forces de l'ordre et de multiplier les violences les plus inutiles et les plus imbéciles. On aimerait savoir très officiellement ce qu’en pense le ministre de l’Intérieur, ci-devant député-maire de Neuilly.

Plus significativement, le chef du gouvernement a proféré un aveu de taille : "Face à la mondialisation, dit-il, nous sommes sans pensée". Certains seraient tentés de dire que cette apodose est alourdie d’une inutile protase. La droite institutionnelle semble en effet dépourvue de pensée, parce qu’elle a renoncé à toute conviction.

Mais, en réalité, le premier membre de phrase "face à la mondialisation" est beaucoup plus significatif qu’il y paraît à première vue.

Nous sommes prêts à croire que la mondialisation ne trouve, certes, aucune réponse dans les discussions hautement philosophiques qu’au coin du feu ne manquent sûrement pas d’avoir entre eux les dirigeants de la majorité chiraquienne. On imagine la scène. La maîtresse de maison est ravie : MM. Barrot, Douste-Blazy, et Juppé lui-même (qui a des lettres) évoquant entre eux les leçons qu’ils tirent du Mahabarata, de la Bible, d’Homère et surtout de Bibi Fricottin.

Mais le fait même de parler dans les termes annoncés par les communicateurs de Matignon, d’employer de la sorte la protase "face à la mondialisation", de se dire par ailleurs désireux "d’humaniser la mondialisation" (3), prouve que l’État central françaisa choisi d’emblée (4) d’être du côté de M. Bové, c’est-à-dire de la dégénérescence la plus absurde du trotskisme. Il suffit en effet de tourner le bouton des radios d’État où l’on prétend penser, RFI ou France Culture, par exemple, pour comprendre le contenu synthétique de ces 55 conférences plénières, de ces 250 séminaires, des centaines d’ateliers, des 175 spectacles, qui, sans intermittence vont concentrer l’effort de centaines d’organisations, toutes subventionnées, toutes convergentes, toutes imbues du mot d’ordre continuateur de Porto Alegre, "une Europe des droits dans un monde sans guerre". Ce serait "un autre monde", en effet, que le monde réel, on peut le dire. Car la réalité c’est qu’il existe plus de 30 foyers de guerre actuellement sur la planète, la réalité c’est que l’Europe est désarmée et la réalité c’est que les "droits" imaginaires évoqués par le Forum Social sont d’abord la négation des droits naturels.

On nous annonce 40 000 à 60 000 participants à ce delirium subventionné.

Chacune de ces précieuses personnes coûtera individuellement au moins 65 euros au contribuable (5) essentiellement francilien. La région Ile-de-France a eu beau repousser, par un vote majoritaire du 10 octobre, la subvention proposée par son président socialiste minoritaire, M. Huchon. Mais les socialistes et les verts du conseil de Paris et les communistes de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne ont accordé les subsides sans lesquels rien de tout cela ne pourrait avoir lieu et sans lesquels la droite institutionnelle n’aurait toujours "pas de pensée" sur la mondialisation.

Voilà où nous en sommes après 1/4 dsiècle d’étouffement de la droite française, on pourrait parler d’étranglement par les réseaux chiraquiens.

Jean-Gilles Malliarakis

  1. Voir dans nos archives classées par date mais aussi par sujet la rubrique Attac
  2. en quête d’un renouveau médiatique, à moins qu’il s’agisse d’une porte de sortie à gauche
  3. comme si la mondialisation était par elle-même inhumaine
  4. peut-être même ce choix a-t-il été opéré inconsciemment : cette hypothèse est aggravante.
  5. 2,6 millions d’euros de subventions officielles, divisés par quelque 40 000 participants, celà fait, par participant, une subvention de l'ordre de 65 euros. Comme il est difficile de croire au chiffre de 40 000, chaque participant coûtera, en fait, bien plus de 65 euros. Ajoutons que l’on ne tient pas compte - du coup de pouce de la SNCF qui permet aux "alter-mondialistes" de voyager à prix réduit - de la couverture médiatique sur les radios d’État, etc.

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