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BULLETIN QUOTIDIEN EN TOUTE LIBERTÉ

VENDREDI 5 DECEMBRE 2003

LA PAUPERISATION DE LA FRANCE ET DES FRANÇAIS

 

Elle se trouve confirmée une fois de plus par les derniers chiffres d'Eurostat

Les paroles s’envolant (1), les écrits restent. J’aborde donc sans rougir une question à mon avis centrale et à laquelle j'ai consacré un certain nombre de chroniques dont la plus ancienne actuellement en ligne remonte à 1992 (2). Il s’agit du déclin économique de la France, de la paupérisation des Français, considération en dehors de laquelle tout discours sur la politique extérieure reste vain et la grève des services du Quai d’Orsay, ce 1er décembre, dans les 154 pays où la France compte une représentation diplomatique, illustre la vanité des discours et de l’agitation internationale de MM. Chirac et de Villepin.

Certains voudraient dissocier la question du rayonnement de la France, de la vitalité de sa culture, de la diffusion de sa langue – d’une part – et celle de la puissance de son économie reposant elle-même non pas sur la programmation d’État mais sur la créativité, la diversité, la santé des entreprises donc sur l’initiative des entrepreneurs – d’autre part.

De tels adeptes nationalistes fourvoyés du "politique d’abord" sont aujourd'hui de très mauvais patriotes. Ils n’ont même pas lu Maurras (3) inventeur de la formule "politique d’abord", qui ne voulait pas dire ce qu’on cherche à imaginer à notre époque.

Aujourd’hui, par conséquent, pas de nationalisme français possible et légitime sans la double considération suivante :

Les doctrines contraires ont mené la France sur le chemin du déclin et de la ruine.

Il y a exactement 30 ans, c’était en 1973, la France apparaissait comme un pays en pointe de l’Europe. Le président Pompidou commandait à un célèbre futurologue américain, M. Kahn, une étude sur "L’Envol de la France" prévu pour les années 1980. À la même époque, en revanche, l’Angleterre, tardivement admise au sein des communautés européennes, faisait figure de nation moribonde, effectivement ruinée par près de 30 ans de travaillisme et de fausse alternance conservatrice.

Si la situation s’est totalement retournée, ce n’est pas le fruit du hasard.

Pendant 11 années, de 1979 à 1990, Mme Thatcher a, durement, redressé la barre de son vieux pays pratiquement en faillite. Ses successeurs, le conservateur Major, comme le néotravailliste Blair, ont continué son œuvre et ils ont gardé l’essentiel de ses principes.

En France, au contraire, la droite comme la gauche, ont fait en France ce que les travaillistes avaient fait au Royaume Uni, avant Thatcher.

Les nations sont guérissables, à condition de partir d’un diagnostic clair.

Dès la fin des années 1990, nous avions été parmi les premiers à tirer la sonnette d’alarme de la paupérisation de la France et des Français.

Les diverses sources de chiffres que nous avancions étaient parfaitement officielles et cependant les bons esprits ne voulaient pas y croire. Il paraît même que Chirac en avait pris connaissance en 2001, lors d’un voyage aérien qui lui avait permis, — à titre tout à fait exceptionnel on s'en doute, — de lire autre chose que les gros titres du journal trotskiste Le Monde, ses seules lectures habituelles sur les questions sérieuses.

Chirac a été réélu président en mai 2002, dans les conditions que l’on sait. Son pouvoir s'est trouvé conforté en juin à l’Assemblée nationale par une majorité écrasante de députés officiels, la plupart ficelés par leur investiture.

Or, rien n’a été fait depuis pour faire vraiment évoluer la charge qui tue la création de richesse dans notre pays. Par conséquent, il ne faut pas s’étonner de voir la France — si donneuse de leçons à l’international ! — s’affaiblir et s’appauvrir sur le plan intérieur.

Et les derniers chiffres sont accablants puisqu’ils confirment la paupérisation de la France et des Français en terme de standard de pouvoir d’achat.

Ce concept calculé par Eurostat combine le produit intérieur brut rectifié par la parité de pouvoir d’achat de la monnaie, c’est-à-dire les prix. Par exemple, en France, le prix de produits de première nécessité est très élevé.

Au total, selon cette évaluation, la France était au 9 rang européen en 2002, ex aequo avec l’Allemagne (incluant les Länder de l’est).

En 2003, l’Allemagne a encore stagné passant de l’indice 102,5 à l’indice 102,2 mais la France a encore plus reculé puisqu’elle est passée à l’indice 101,4.

Ceci la place désormais au 12 rang européen sur 15. Elle est dépassée par l’Italie (Mezzogiorno compris). La France n’est plus suivie que par les 3 pays du sud, soit dans l’ordre l’Espagne, la Grèce et le Portugal.

Il est aussi à remarquer que les trois pays qui peinent le plus du point de vue de l’évolution du standard de pouvoir d’achat, ce sont ceux dont les trois États sont les plus lourdement déficitaires, l’Allemagne, le Portugal et la France (4).

Là encore, on peut critiquer les modes d’évaluation, suspecter les organismes évaluateurs, dénigrer les critères de référence.

Hélas, quand tous concordent pour nous rappeler la paupérisation de la France et des Français il n'y a pas lieu d'en douter et d'ergoter, il y a nécessité de retrousser nos manches pour relever le pays.

JG Malliarakis

(1) Petite touche personnelle, un peu nostalgique quand même : ce bulletin quotidien est le dernier diffusé par téléphone. J’achève ainsi un mode d’expression commencé il y a exactement 20 ans, à l'automne 1983. Comme le courrier quotidien par fax, diffusé pendant 10 ans de 1991 à 2000, comme sa version minitel installée pendant quelques années, la formule téléphonique est désormais entièrement périmée. Les tarifs de France Telecom la rendent par ailleurs prohibitive pour l'utilisateur. Du reste, l’évolution comparative de l’audience respective de la version audio (passée en 5 ans de 30 % à 4 % de la diffusion effective) et de la version en ligne ne laisse aucun doute. Aujourd’hui, tout ce qui est quotidien doit être en ligne en temps réel, et d’accès gratuit pour l’essentiel. Ceux qui avaient l’habitude d’être au contact téléphonique coûteux de mes chroniques pourront les retrouver désormais le jour même sur ce site. S'ils le désirent ils peuvent souscrire un abonnement payant, assurément moins cher que la fréquentation quotidienne de l'audiotel !

(2) Pour retrouver ces articles on peut ou bien Accéder à nos archives à la rubrique Déclin de la France ou bien recourir au nouveau Moteur de recherche du site de l'Insolent

(3) Charles Maurras n’a pas toujours eu raison, et d’autre part, de toute manière, ses conceptions sont en partie périmées. Mais qu’on me permette au moins de citer ici ce qu’il dit du rapport de la politique et de l’économie : "L’économie étant la science et l’art de nourrir les citoyens et les familles, de les convier au banquet d’une vie prospère et féconde est une des fins nécessaires de toute politique. Elle est plus importante que la politique. Elle doit donc venir après la politique, comme la fin vient après le moyen, comme le terme est placé au bout du chemin, car, encore une fois, c’est le chemin que l’on prend si l’on veut atteindre le terme."(dans Mes Idées Politiques, édition Fayard 1947, p. 213)

(4) À l'inverse, du haut en bas de l'échelle les pays qui améliorent leurs positions sont précisément ceux qui ont assaini leurs finances publiques.

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