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BULLETIN QUOTIDIEN EN TOUTE LIBERTÉ
LUNDI 15 DECEMBRE 2003
AU LENDEMAIN DE L'ÉCHEC DU PROJET DE CONSTITUTION EUROPÉENNE
Un coup d'arrêt à la candidature turque est désormais envisageable
L'échec salubre de la tentative d'adopter à Bruxelles le projet de constitution européenne était prévisible. Il l'était tellement que nous l'avions pronostiqué contrairement à nos habitudes, alors même que les commentateurs autorisés présentaient le texte pour ratifié d'avance.
Accessoirement cette péripétie souligne la frivolité de nos amis souverainistes, accrochés aux manuvres de l'État central français. Ce projet de Constitution avait pour principal défenseur le gouvernement de Paris. Et c'est bien l'Europe qui a fait échouer un projet néfaste conçu par les énarques que nous entretenons de nos impôts.
La présidence italienne a donc très sagement conclu à l'impossibilité d'adopter un dossier bâclé et inacceptable. Car on doit dénoncer ici l'opinion conventionnellement répandue en France et que le gouvernement de Paris a cru habile de défendre depuis plusieurs mois. Ce projet Giscard n'était pas viable. Ce monstre était notamment doté d'un exécutif bicéphale (1) et d'un prétendu ministre des affaires étrangères, électron libre n'ayant de compte à rendre à aucun vrai gouvernement, etc.
En repassant le bébé à la présidence irlandaise, qui entrera en fonction le 1re janvier, l'Europe a donc rappelé que sa Constitution naturelle ne peut artificiellement se trouver engoncée dans un calendrier technocratique factice (2)
Il faudra, bien évidemment, pour qu'une telle constitution voit le jour, réunir un certain nombre de conditions historiques dont M. Giscard d'Estaing n'a jamais eu aucune conscience, de par sa très petite et très superficielle connaissance de l'Histoire tragique des hommes.
Évoquons ces conditions :
Moins alourdie par le fardeau des subventions, l'Europe des libertés sera plus agile là où un véritable intérêt paneuropéen est en cause.
En compulsant de dossier transmis aux médiats par l'Agence monopoliste d'État France Presse sur la réunion de Bruxelles, ouverte le 12 décembre, on trouve de très vieilles rengaines mais également de nouvelles avancées insolites de la pensée unique.
Passons donc sur l'entêtement à nommer "sommets" des rencontres entre chefs de gouvernement qui constituent désormais le Conseil européen.
Négligeons encore une fois les attaques tendant à présenter misérablement le président italien M. Berlusconi pour un pâle crétin. À en croire les journaux parisiens il se serait trouvé dépassé par l'enjeu. Sa mission aurait en effet consisté à entériner la gloire du nouvel "immortel" Giscard d'Estaing. Il aurait dû faire avaliser, ou plutôt avaler sans broncher l'intégralité du texte de 263 pages, comme cela lui avait ridiculement recommandé par "l'ex" à Rome en juillet.
Glissons sur l'insistance des médiats étatiques subventionnés (4) à lier le dossier de la Constitution à la personne du Président de la Commission, M. Romano Prodi. On lui faisait dire, diplomatiquement, "qu'il ne croyait pas à l'échec" de la réunion de Bruxelles, sans qu'on daigne révéler au grand public l'opposition irréductible entre MM. Prodi et Giscard, précisément sur la question constitutionnelle.
L'un des grands points de friction du débat institutionnel porte bizarrement sur les droits de vote attribués à chaque État dans le processus des hypothétiques décisions européennes non-consensuelles futures.
On remarquera ensuite que cette polémique sur les droits de vote résulte en fait de l'absence de prise en compte de la constitution naturelle et logique de l'Europe confédérale des nations (5)
En soi, cela est assez significatif, d'abord, et une fois de plus, du mépris que les deux gros États, se disant depuis des années les pilotes du processus, portent aux règles qu'ils ont eux-mêmes édictées. L'État central français et, à un moindre degré, l'État fédéral allemand ont en effet entrepris de renégocier le laborieux compromis de Nice de décembre 2000.
Le motif en est que la reconnaissance du poids de deux pays, l'Espagne et la Pologne, serait attentatoire à leur importance réelle.
En fait, personne ne veut l'avouer mais tout le monde craint, dans cette affaire, que la Turquie, avec 68 millions d'habitants, plus peuplée que l'Espagne et la Pologne additionnées, ne devienne le second pays d'une Europe. On lui propose de rejoindre l'Union européenne, tout en se voilant la face sur la réalité :
La première solution pour mettre d'accord les États européens actuellement en désaccord sera donc de renoncer à la candidature de la Turquie. On s'y achemine en soulignant que l'absence de solution à Chypre constitue, de toute évidence, un obstacle majeur (6). Mais l'État Grec ne saurait désormais constituer, seul, une sauvegarde à l'inconscience, à la veulerie et à l'aveuglement éventuels des 23 autres États européens.
La démographie turque, en effet, menacera dans l'avenir beaucoup plus les villes ouest européennes que les rochers balkaniques.
C'est donc partout en Europe qu'il faut prendre acte non seulement de l'essoufflement des États européens, mais du danger que contiennent les projets technocratiques. C'est dans chacune de nos villes et de nos régions qu'il faudra alerter nos concitoyens sur la nécessité urgente
JG Malliarakis
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