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BULLETIN QUOTIDIEN EN TOUTE LIBERTÉ
LUNDI 22 DECEMBRE 2003
QUAND L'ISLAMISME DESCEND DANS LA RUE EN TANT QUE TEL
La question du foulard à l'école est dépassée avant même d'être résolue "par la loi"
Les propos chèvres choux ne sont pas toujours les plus efficaces. Et les grands habiles ne sont pas toujours adroits. Ce 21 décembre dans l'après-midi, pour la première fois dans l'Histoire de France, au moins depuis 732, l'islamisme était présent dans la rue, en tant que tel, réagissant contre les propos présidentiels.
Le prétexte était de combattre pour le droit des jeunes musulmanes de porter le voile, y compris dans le sanctuaire laïc des écoles de la république française.
S'il n'avait été question que de cette liberté, peut-être même serions-nous prêts à applaudir : pour une fois en effet que ces gens se situeraient vraiment sur un terrain de cette nature démocratique, il conviendrait de les encourager. Liberté religieuse ? Bien entendu, nous sommes d'accord, tant qu'il s'agit effectivement de religion. Impossibilité du seul point de vue de la tradition française d'imposer, par un texte pompeusement baptisé "loi", un code vestimentaire ? Ah comme nous y souscririons !
Chacun sait cependant qu'il s'agissait de tout autre chose.
Il y a d'abord un premier mensonge, fondé comme on devrait le remarquer plus souvent, sur un charcutage sémantique. Ce que portent les jeunes musulmanes d'âge nubile, pour parler le langage des ethnologues, ce n'est pas un voile, c'est une sorte de foulard, comme on en connaît dans divers pays méditerranéens. Cette coiffure peut se révéler très esthétique, pour n'en pas dire plus. On garde ainsi des souvenirs de Corse ou de Campanie, de Grèce ou du Portugal, que la vie n'efface jamais.
Or, on s'acharne à appeler cela, au mépris de la langue française, un "voile". Une mantille espagnole est une mantille, une voilette est une voilette, un foulard est un foulard, et cette chose bleue qui enrobe les cous de ces demoiselles et cache leurs cheveux n'est pas un voile.
En l'appelant tel, on nous force à reconnaître le tissu de superstitions, où l'obsession sexuelle tient évidemment sa part indicible, qui n'est point religion, mais idolâtrie. On demeure très étonné que des gens se disant musulmans, donc adeptes du monothéisme radical (1), puissent s'enfermer ainsi dans la sacralité d'un objet et même d'un symbole. Mais on est encore plus stupéfait de découvrir que la patrie de Descartes et de la Logique de Port Royal s'engouffre elle-même dans le respect de cette manipulation du sens.
Nous nous trouvons en présence de la servitude volontaire.
Servitude à laquelle appellent les islamistes.
Servitude à laquelle cherchent à nous préparer les autorités de la république laïciste.
Certains optimistes nous diront peut-être que les manifestantes n'étaient que 3 000 à Paris.
Selon l'AFP le 20 décembre c'était à Strasbourg "600 personnes, dont plusieurs centaines de femmes portant le voile ( ) à l'appel du Parti des musulmans de France" et en Avignon "une cinquantaine de musulmanes ( ) avec des banderoles où l'on pouvait lire : Notre voile, c'est notre âme ; nous sommes soumises à Dieu, pas aux hommes."
Donc Paris + Strasbourg + Avignon = 3 650.
Pas grand-chose, penseront ceux qui préfèrent parler d'un verre à demi plein, plutôt que d'un verre à moitié vide, dans un pays où les musulmans représenteraient, c'est la logique et c'est le chiffre du rapport Stasi, 7 % de la population.
Les chiffres officiels sont hélas souvent de la plus haute fantaisie.
S'il s'agit des citoyens français pratiquant ce qu'on appelle le "culte" musulman, c'est-à-dire en fait assistant à la prière du vendredi leur nombre est évidemment très inférieur à ce qui peut donner un chiffre de 7 %. Les fidèles du vendredi, des hommes, comptent cependant beaucoup d'Étrangers : peu importe nous dira-t-on puisqu'en France, affirme-t-on pompeusement, les Étrangers disposent des mêmes droits que les Français.
De toute manière, à terme, en dehors de toute considération juridique ou nationalitaire, un Français c'est un habitant de la France, qu'il dispose ou non de la citoyenneté française. La logique du futur est dans les berceaux. S'il n'émigre pas, tout enfant né en France finit par devenir un électeur, et il serait intéressant de savoir si la rumeur selon laquelle non pas 7% mais 34 % des enfants qui naissent en France (en Ile-de-France ? En région lyonnaise ? dans les Bouches du Rhône ?) seraient "d'origine" musulmane. On m'objectera que cette rumeur est propagée par divers extrémistes et communautaristes. Mais, de toute manière, en face de phénomènes comme celui-ci la rumeur est en elle-même d'une importance comparable à la réalité. Si le pourcentage de 34 % est exagéré (et je suis prêt à le croire), deux choses seraient utiles pour la désamorcer
1° Une étude convaincante de l'Insee devrait pouvoir faire apparaître un pourcentage crédible. Une telle étude est nécessaire, et elle devrait être possible, puisque l'Insee se considère, par exemple, comme en droit d'évaluer le nombre de Français "d'origine arménienne" (2).
2° D'autre part, il va très bientôt être tout à fait nécessaire de clarifier un point sans lequel toute discussion sur l'Islam sera insupportable. Un "Français d'origine musulmane" doit-il être considéré comme un musulman ?
Or, c'est précisément sur ce point que le dialogue semble encore impossible.
Les organisations islamiques, y compris celles qu'on qualifie de "modérées" entendent que la laïcité reconnaisse à leur profit les prescriptions de l'islam.
Doit-on leur objecter que la laïcité "de 1905", dès la loi sur les associations (de 1901), puis lors des textes régissant les congrégations et leurs écoles, ont précisément fait fi des prescriptions du catholicisme ? Et ceci a porté et porte encore sur de nombreux points matériellement et spirituellement très importants (vux monastiques, caractère international du catholicisme, service militaire pour les prêtres etc.).
Si on acceptait en France, si on introduisait dans le Droit français, les prescriptions de l'islam dans leur état actuel, un point semble essentiel, du point de vue de la liberté religieuse (3) : la religion de Mahomet qui se veut "le sceau de la prophétie" ne reconnaît pas le droit de changer de religion.
Au regard des prescriptions actuelles de cette religion,
Puisqu'il existe désormais un Conseil du culte musulman en France, il nous semble que la première question à poser à ce conseil, question sans laquelle toute reconnaissance de la liberté religieuse serait indécente, serait d'entendre clairement, au vu et au su de l'opinion française en général, la position de ces estimables docteurs de la loi coranique sur cette question.
Car il faut bien reconnaître que celle-ci, selon la réponse qui lui sera apportée, détermine toute conception que nous pourrons nous faire sur la possibilité d'un "islam à la française", d'un "islam compatible avec la laïcité", etc.
Toutes les autres religions existant sur le sol de la France, le christianisme, dans ses diverses familles, comme le judaïsme ou le bouddhisme ont aujourd'hui un discours assez clair sur cette question.
Ce n'est pas aveu sans un travail théologique pas toujours facile : pour un chrétien "les dons de Dieu sont sans repentance", le credo "reconnaît un seul baptême, pour un juif l'enfant de mère juive est juif et il est matériellement reçu dans le judaïsme dès sa naissance par la circoncision, etc. Mais on n'interprète plus, aujourd'hui, ce genre de convictions de la même manière que dans l'Occident médiéval ou dans l'Amérique protestante des "sorcières de Salem".
Si les musulmans souhaitent s'intégrer à notre conception actuelle de la liberté religieuse, et surtout s'ils désirent en bénéficier, ils doivent évoluer de la même manière et ceci sans ambiguïté.
Alors la signification de la manifestation du 21 décembre à Paris pourra être perçue de manière honnête. "L'école ma voie, le voile mon choix, la France mon droit" proclamaient les banderoles : "Françaises et musulmanes, pas l'un ou l'autre". France aimée respecte ma liberté" ou "Laïcité pour tous, pas contre l'islam". Tout cela n'est recevable qu'en fonction de l'adhésion explicite des musulmans à la liberté religieuse.
Sans quoi, les drapeaux tricolores au milieu des pancartes seraient autant de provocations. La marche, officiellement spontanée lancée par des jeunes filles de Tremblay-en-France en Seine-Saint-Denis était encadrée par un service d'ordre exclusivement masculin, et très bien organisé : bandeaux orange, chaînes d'encadrement, rappels à l'ordre pour ne pas dépasser la ligne voire ne pas parler à la presse, aucun sigle.
"De plus hauts responsables nous ont demandé d'organiser la sécurité", a déclaré à l'AFP (4) l'un des hommes du service d'ordre.
Tout cela ressemble fort à une inquiétante subversion étrangère.
La question du foulard à l'école est ainsi dérisoirement dépassée avant même d'être résolue "par la loi".
JG Malliarakis
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- Au point de ne pas comprendre que le Dieu des chrétiens est strictement le Dieu de la Bible.
- Qu'on "estime" à 500 000. Ce chiffre est à donner sous toutes réserves. L'estimable M. Devedjian par exemple dont le père était arménien doit-il être inclus. M. Balladur, qui est peut-être "d'origine" arménienne, mais dont la famille semble avoir plutôt appartenu à la communauté "latine" de l'Empire ottoman est-il du nombre ? On voit la complexité, et même l'impudeur, d'un tel recensement : M. Devedjian revendique cette "origine" arménienne, M. Balladur l'élude, et les deux attitudes sont également légitimes et honorables.
- Liberté solennellement reconnue, pour ne pas dire "réaffirmée", par l'Église romaine lors du concile de Vatican II.
- Dépêche du 21 décembre à 18 h 38.
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