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BULLETIN QUOTIDIEN EN TOUTE LIBERTÉ

MERCREDI 31 DÉCEMBRE 2003

REPENSER LE SOCIAL

Les Français ont-ils conscience du degré de collectivisme dans lequel leur pays est embourbé ?

En cette fin d'année les médiats ont beaucoup communiqué sur les changements, pourtant bien légers, apportés aux divers dispositifs sociaux institués depuis des années en vue d'aider les Français les plus défavorisés.

On doit bien convenir aujourd'hui que les excellentes intentions qui ont présidé à la création de ces fameux minimums sociaux ne résolvent pas, n'ont jamais résolu, et de toute évidence ne résoudront jamais ce qu'on appelait autrefois "la" question sociale.

Au début de l'année 2003 la France métropolitaine comptait, au-delà même de la population des chômeurs indemnisés, 2 984 000 bénéficiaires de ces différents systèmes d'aides :

Les 4 principaux contingents étaient alors constitués de

Il n'est pas discutable que ces différentes catégories de Français déshérités sont totalement disjointes et ne ressortissent absolument ni des mêmes problèmes, ni des mêmes solutions.

On ne peut pas ignorer du reste que les dispositifs d'assistance n'entraînent pas les mêmes conséquences en Métropole et dans les Dom-Tom, où tout le monde sait, mais où chacun feint d'ignorer, qu'ils constituent un obstacle considérable, sinon principal, à l'initiative, à l'embauche et au développement.

Enfin, il devient de plus en plus inacceptable d'entendre certains, continuer de parler, et d'autres persister à décider arbitrairement, comme si les droits sociaux devaient être nécessairement les mêmes entre nationaux et étrangers, y compris lorsque ceux-ci sont entrés en France en violation de nos lois.

Le gouvernement a plus ou moins esquissé un commencement de réforme de l'assistanat. Il l'a fait notamment par l'évolution du RMi vers le RMA, par une réforme de l'ASS versée aux chômeurs en fin de droit et qui sera réduite à deux années à partir du 1er juillet 2004. M. Fillon a pompeusement déclaré que l'on changeait de la sorte de doctrine sociale : cette décision, affirme-t-il "est inspirée moins par une exigence d'économie que par un changement de logique", car "au bout d'une longue période de chômage, les personnes concernées ont moins besoin d'une indemnisation que d'un accompagnement social effectif pour les remettre sur un parcours vers l'emploi".

Il conviendrait d'applaudir si cette remise en cause était effective et portait sur tous les cas analogues, permettant de diminuer véritablement, non seulement les contingents des minimums sociaux, mais également les coûts de l'assurance-chômage, non seulement parce que cela ferait du bien aux finances publiques mais avant tout parce que cela signifierait une amélioration sensible du sort moral et matériel des chômeurs.

Toute réforme de l'assistanat entraîne une vague de protestation automatique de la gauche et il serait regrettable que le pouvoir actuel tremble devant la perspective de mécontenter les représentants de la pensée unique

Dans les mois à venir, il est en effet bien clair que le poids du "social" franco-français imposera, d'urgence, des réformes autrement plus radicales que ne sont prêts à les imaginer ni les forces de gauche, syndicalo-cégétistes, ni les appareils politiques, droite comprise.

Cette urgence se révèle, notamment, par la fameuse question des déficits, désormais contraires aux accords monétaires européens. Mais elle peut se mesurer dans les différents registres de la perte de compétitivité française.

Pour faire court, on peut en effet considérer grossièrement que le système français, au début des années 1990, résultait d'un partage "moitié moitié" entre collectivisme et libre entreprise. Ce partage, que l'Allemagne s'est elle-même injectée plus ou moins en réalisant la réunification, répondait à une situation Est-Ouest, et à une équation idéologique intérieure, résultant elle-même du système apparu en 1945 après Yalta (1).

Or, cet équilibre est aujourd'hui complètement périmé, puisque, du fait de l'effondrement du système de l'Est européen, le collectivisme n'existe plus que dans les pays les plus arriérés de la Planète.

La France doit donc choisir entre l'arriération et l'évolution.

Depuis 10 ou 15 années que, n'étant pas confrontés nous mêmes, comme le sont nos cousins germains, au problème de l'héritage de l'Allemagne de l'est, nous avons piétiné de manière inexplicable devant la perspective des réformes, la part collectiviste de l'économie s'est développée, tel un cancer, plus rapidement que la part de l'organisme sain et productif.

De la sorte, le partage 50/50 a évolué vers 55/45 plombant un peu plus les comptes sociaux et budgétaires du pays, entravant sa croissance industrielle, etc.

Repenser le Social est d'autant plus urgent que la situation s'y prête : sur tous les fronts les mobilisations syndicales de l'année 2003

se sont toutes soldées par des échecs.

Le bas de la courbe de l'influence cégétiste a-t-il été atteint hier à Paris ?

Avec à peine 100 manifestants, censés s'exprimer au nom des 2,9 millions d'allocataires des minimums sociaux, et de leurs familles, au nom des 600 000, voire 850 000 chômeurs qui vont être touchés par les mesures gouvernementales sur la période 2004-2005, etc. la preuve est faite que les mots d'ordre cégétistes ne convainquent plus que des adeptes idéologiques, le plus souvent bénéficiaires de privilèges acquis par les luttes de leurs aînés dans des contextes aujourd'hui fort éloignés des réalités sociales contemporaines.

Il est donc temps d'agir.

JG Malliarakis
© L'Insolent

(1) Cf. "Yalta et la naissance des blocs".

(2) Fondées et animées par des fonctionnaires.

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