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BULLETIN QUOTIDIEN EN TOUTE LIBERTÉ

LUNDI 5 JANVIER 2004

LES ESPACES DE NOS UTOPIES

Le Crédit social canadien… pas plus que le mouvement belge Vivant… pas plus que le poujadisme français… Pas plus que le mouvement libertarien… ne détiennent "la" solution.

Le Bulletin du 29 décembre a engendré une avalanche incroyable et fort intéressante de réactions, la plupart bien argumentées.

Or, parmi les correspondances reçues beaucoup prouvent que je me suis maladroitement exprimé, ou sottement justifié, en soulignant EN QUOI certains aspects des 13 propositions avancées par M. Bouton pour réformer l'assurance-maladie me semblaient, et me semblent encore, par leur provocation même, de nature à susciter un débat digne d'intérêt.

Elles me semblent intéressantes en ce sens qu'elles posent deux problèmes clefs relativement à l'assurance-maladie :

1. Qui prend la décision d'ordonner les dépenses de santé ? Et, s'agissant des dépenses de fin de vie, il n'existe pas de bonne réponse simple (mais il existe, en revanche, "d'excellentes" réponses simplistes).

2. Plus généralement quelle place le patrimoine, et, en l'occurrence, le patrimoine transmissible tient dans notre société et dans notre législation ?

Quand Mme Lazarre de la CGT "appelle à revoir l'ensemble du financement de l'assurance-chômage" (1) j'hésite presque à dire ici combien il faut, au moins ironiquement, reprendre au pied de la lettre son intéressante proposition : je serais peut-être compris, comme pour celles de M. Bouton, au rebours de ce que je souhaite exprimer.

Certainement, il faut revoir l'ensemble !

Et pas seulement "le financement" ! Dans la dialectique de la CGT, "revoir le financement" revient à suggérer en toutes circonstances qu'il faut "faire payer les riches".

Il est infiniment regrettable que les gens de "droite", avec le plan Juppé-Barrot de 1995-1996, ou les "réformistes" style CFDT, aient eux-mêmes intériorisé cette dialectique en acceptant notamment "l'élargissement de l'assiette" de la CSG, afin sans doute de "faire payer les riches" : et c'est très exactement ce que signifie la partie de la CSG supportée par les revenus financiers.

C'est précisément cette dialectique dont le peuple français a parfaitement conscience qu'elle ne peut plus fonctionner, car partout elle a échoué, au mieux dans la grisaille, au pire dans le sang.

Mais si le peuple français l'a compris, et il l'a montré en ne participant pas aux mobilisations cégétistes de l'année 2003, la classe politique, elle, a beaucoup de mal à le comprendre.

Mieux encore, depuis 1997, on dispose d'un tableau idéologique des classes sociales françaises extrêmement instructif. Il avait été publié par la Tribune de Genève au moment des élections brillamment programmées par M. Alain Juppé, intelligemment épaulé de M. Dominique de Villepin, élections ordonnées par M. Jacques Chirac, et remportées par l'incomparable Jospin.

On a ri "jaune" pendant 5 ans de cette "balle dans le pied", après avoir lu le "sondage interdit" diffusé sur Internet. Mais on ne s'est pas attardé à étudier les bases de l'étude.

Elle montrait dès le printemps 1997 qui en France vote encore pour les partis marxistes et pour l'extrême gauche :

Les électeurs de l'extrême gauche et des communistes ce ne sont :

Les électeurs de l'extrême gauche et des communistes ce sont les fonctionnaires et les différents personnels dits "à statut".

Ce qui est grave dans ce contexte c'est de continuer à raisonner

Or, cette confusion n'est pas seulement le lot des militants de gauche, des syndicats d'enseignants et des salles de rédaction : c'est toujours l'approche qui domine chez nos politiciens.

Ces derniers sont donc, dans le meilleur des cas, affreusement tributaires de l'utopisme.

Il convient donc de se battre sur ce terrain.

Très clairement j'affirme d'emblée que l'on ne doit pas adhérer aux utopismes. Le Crédit social canadien… pas plus que le mouvement belge Vivant… pas plus que le poujadisme français… pas plus que le mouvement libertarien… pas plus que la Participation gaullienne ne doivent être surestimés. Aucun de ces systèmes ne détient "la" solution. En revanche ces utopies non-marxistes et non-gauchistes peuvent nous servir à faire reculer, à débusquer le véritable utopisme qui demeure, y compris sous son masque "écolo", l'étatisme d'inspiration marxiste.

Si l'on veut vraiment repenser le Social, on devra bien un jour ou l'autre considérer le Droit naturel, et mettre en place des principes nouveaux, le monde ayant changé depuis Thomas d'Aquin et Aristote. Ces principes nouveaux pourront ressembler à des "utopies", comme le canada dry ressemble à l'alcool. Ils postuleront une place plus grande pour liberté humaine, pour la propriété légitime et familiale et pour la responsabilité des individus.

JG Malliarakis

© L'Insolent

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    1. Cf. Le Monde en ligne et l'AFP du 30 décembre.
    2. Les médiats disent aussi joliment de "grognes"…

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