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BULLETIN QUOTIDIEN EN TOUTE LIBERTÉ

JEUDI 8 JANVIER 2004

L'IMMIGRATION LA CHINE ET LE CRIME ORGANISÉ

Ce qui coûte le plus cher à la France demeure indiscutablement l'étatisme hexagonal

Plusieurs choses m'interpellent au niveau du vécu à la lecture des recensions du voyage du ministre de l'Intérieur en Chine.

Ceux que la vie politique et parisienne passionne commenceraient peut-être par se demander dans quelle mesure nous ne vivons pas en direct une situation annoncée par le bon La Fontaine : "tout petit prince a ses ambassadeurs". On pourrait s'interroger en effet : est-il bien conforme au droit public ordinaire de laisser un ministre de l'Intérieur circuler aussi couramment entre Le Caire et Pékin, confiant probablement à ce pauvre M. de Villepin le soin de faire, lui, sa tambouille diplomatique dans les banlieues.

Ce débat relève de l'anecdote et nous laissons au quotidien Le Monde, que les ragots et les potins bouleversent, titrer sa page d'accueil en ligne, aujourd'hui encore, sur l'opposition entre le vizir Iznogoud et le chef de l'État.

Moins éphémère et moins futile nous semble la question des statistiques où l'on évoque le nombre de ressortissants chinois installés dans notre pays. Ils seraient, à en croire l'Agence France Presse entre 400 et 600 000.

Le taux de précision est ici fascinant : 50 % d'écart entre l'hypothèse basse et son homologue haute. S'agissant de la Chine, il est difficile de penser que tout s'expliquerait par les migrations quotidiennes bi-alternées de travailleurs frontaliers sur leurs bicyclettes ou dans les transports en commun. Que dirait-on si la population globale de la France elle-même se voyait estimée "entre 60 et 90" millions d'habitants ? Au fond, il y aurait ainsi "peut-être" 30 millions d'immigrés illégaux. Sans compter l'immigration devenue légale après régularisation. On conçoit que nos ministres s'agitent. (1)

Il est pittoresque d'apprendre au même moment que les progrès techniques en matière de cartographie et de sondage vont permettre à l'Insee d'opérer une innovation bouleversante. L’Institut national de la statistique et des études économiques grâce à une nouvelle formule de dénombrement de la population produira, désormais, chaque année, des résultats. Ils seront, affirme cet organisme étatique, plus récents et donc mieux exploitables. De 1801 à 1936, les recensements avaient été strictement quinquennaux. Depuis, le rythme en avait été plus fantaisiste. Le dernier avait été réalisé en 1999. Il avait donné lieu à une polémique intéressante, précisément sur la question des Étrangers.

Enfin ! On pourra nous dire annuellement combien il y a en France d'habitants. Et on nous précisera même le nombre d'immigrés illégaux. Comme se serait exclamé l'inoubliable Francis Blanche :"Il peut le dire ! Formidable !"

On sera en mesure de le faire. Mais on le fera à 50 % près.

Ne perdons jamais de vue que la notion même de statistique renvoie à une certaine idée de l'État. Elle est apparue sous sa forme moderne avec l'étatisme suédois du XVIIIe siècle. Mais tout ce que nous savons des civilisations anciennes de la Mésopotamie, de la Chine ou de l'Égypte (2), montre que l'invention des diverses formes d'écriture y est liée à l'apparition de l'État et à ses besoins de dénombrement.

Dans la Bible, on retrouve la préoccupation inverse : celle de ne pas devenir l'objet corvéable de ce recensement déshumanisé. Cette réticence ne devrait pas seulement habiter la mémoire juive. Les Hébreux font souvenance de l'esclavage en Égypte, de la déportation à Babylone, et ceci jusqu'au XXe siècle. Mais cette anamnèse mériterait d'interpeller également, dès le départ, la conscience chrétienne (3). Ceci n'implique pas, pour les libéraux et les chrétiens, pas plus que de la part des Juifs, un refus de toute statistique, mais au contraire une nécessaire vigilance vis-à-vis des manipulations mécanistes, de ce qui est une science, instrumentalisée par des technocrates, qu'ils soient de coloration rouge, noire ou grise.

Aujourd'hui nous vivons le temps des pouvoirs gris. Et ces modes de gouvernement connaissent un trouble grandissant. Il n'est pas indifférent d'ailleurs de voir que la crise d'Eurostat (4) intervient au moment où les institutions européennes sont en suspens.

Il est heureux que nos chers dirigeants disent se préoccuper de la sécurité des citoyens. Il est révélateur qu'à Pékin le ministre français de l'Intérieur ait placé ses entretiens sous le signe de la lutte contre le crime organisé.

Il n'est cependant pas démontré que les filières mafieuses de l'immigration en soient, seules, responsables (4), si elles en sont, dans de nombreux cas l'instrument (5) qu'il est indispensable de débusquer et de mettre hors d'état de nuire avant qu'il nous détruise.

L'assistanat des règlements franco-français est, à l'évidence, une pompe aspirante de l'immigration, quoique cela ne soit pas spécialement applicable à "la (?) communauté (??) chinoise (???) (6)"

Le laxisme des pouvoirs publics, impuissants à appliquer les lois existantes, ne l'est pas moins.

On a le devoir en effet, de comparer les chiffres, même approximatifs, donnés sur la population des Chinois illégaux, — ceci sans même parler du potentiel migratoire que représente l'Empire du Milieu, — aux chiffres précis suivants.

En 2003, l'État français a organisé 30 éloignements groupés sur des vols commerciaux, concernant en tout 283 ressortissants chinois. Globalement, ce sont 592 Chinois non-admis (sur 4 000 "non-admissions" prononcées théoriquement à l'encontre de Chinois), qui ont été reconduits, de l'aveu ministère de l'Intérieur en Chine avec, comme il se doit, escorte policière française.

Tout cela coûte évidemment très cher.

Mais ce qui coûte le plus cher, à la France et aux Français, demeure indiscutablement l'étatisme hexagonal.

JG Malliarakis
© L'Insolent

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  1. Mais leur principal motif d'inquiétude est-il, à longue échéance, celui de l'identité européenne ? Ou, au contraire, n'est-elle pas à court terme. On semble se préoccuper en effet, surtout, dans les cercles parisiens, d'une hypothèse qui les terrifie beaucoup plus que la lente destruction de la France et de l'Europe. On tremble à l'idée qu'un parti d'opposition, ayant obtenu 18 % des voix à l'élection présidentielle d'avril 2002 prenne démocratiquement la présidence d'une ou deux régions métropolitaines sur 22 en mars 2004. La question se pose même de l'opportunité de la loi électorale régionale "à la turque". Elles pourraient produire des effets "à la turque"… Nous l'évoquions dans notre bulletin du 31 octobre.
  2. Si l'on veut bien considérer les circonstances de la Naissance de Jésus de Nazareth et le Massacre des Innocents ordonné par Hérode. Le Noël chrétien n'est pas seulement une commémoration joyeuse dont la forme actuellement dominante dans le monde catholique remonte à la crèche de saint François d'Assise au XIIIe siècle www.editions-du-trident.fr/francois.htm, c'est également un mystère d'humilité qui, annonce la prophétie d'Isaïe, "précède la gloire".
  3. Cf., sur le site de Michel Volle
  4. Ce serait d'ailleurs développer une rumeur tout à fait inadmissible à l'endroit des divers "chinois" habitant régulièrement en France que de les laisser dépeindre comme étant tous de redoutables affiliés des Triades.
  5. À comparer avec le trafic des cigarettes pour en citer qu'un exemple en plein essor grâce aux pouvoirs publics.
  6. Nous mettons autant de signes de ponctuation qu'il y a d'interrogations quant aux concepts cités.

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