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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

MARDI 20 JANVIER 2004

ET REVOICI LES GRÈVES FRANCO-FRANÇAISES

Ces mouvements, coordonnés par la CGT, poursuivent des buts politiques. Ils n'en sont pas moins nocifs.

Le délire mondial se porte bien, merci. Pour ceux qui en douteraient encore il suffira de se reporter aux "travaux" du forum social mondial de Bombay. Ma foi, la France de Saint-Just et de Georges Marchais y conserve son rang, avec la participation de José Bové, mais aussi celle de représentants officiels du gouvernement de Paris, pour lequel il ne sera jamais dit qu'on puisse cracher contre le capitalisme et l'occident dans le désert de son indifférence.

Mais l'actualité se charge au plus vite de nous ramener sur Terre grâce à notre syndicalisme subventionné, irréfragable représentant du peuple travailleur.

Avant même de pouvoir disséquer les nouvelles conclusions de l'alter-mondialisme flamboyant, il nous faut examiner un mouvement de grèves sordide et banal se développant lui-même dans les limites étriquées de notre Hexagone. Les uns disputent, en Inde même, et en insultant le gouvernement de ce grand pays, des moyens les plus propres à maintenir le Tiers-monde dans sa pittoresque pouillerie. Les autres s'emploient activement en France à ramener la nation au stade où stagnait l'Europe de l'est il y a 20 ou 30 ans.

L'avant-garde tiers-mondiste franco-française, au sein de laquelle la CGT surclasse la concurrence de Force ouvrière, de SUD et de la FSU, a en effet lancé une semaine de grève un peu piteuse, un rien miteuse, mais qui peut encore faire du mal dans ce qu'on appelle les grands services publics.

Le lundi 19, c'était un petit mouvement de protestation dans les services postaux.

Ce mardi 20, ce sont les 5 syndicats d'EDF et GDF qui appellent à une journée nationale d'actions qui se traduira par des arrêts de travail, des rassemblements, "voire des baisses de charges". Il s'agit de "s'opposer au changement de statut des deux établissements publics".

Le mercredi 21, ce sera le tour des salariés de la SNCF.

Et pendant tout ce temps les sages-femmes ne se tiennent pas aussi tranquilles que leur nom le suggérerait et l'hôpital public, criant sa propre misère, persistera à se moquer de la charité.

Dérision, penseront peut-être certains affreux réactionnaires.

Division syndicale, noteront les chroniqueurs un peu précis :

Pendant ce temps-là, on ne nous dit pas où seront les intermittents du spectacle. Peut-être seront-ils partout.

On ne remettra pas en cause ici l'hypothèse selon laquelle il existe dans tout cela des revendications légitimes, des mécontentements justifiés.

Oui, par exemple, l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris se porte et se portera probablement de plus en mal. Les urgences sont, et seront de plus en plus, débordées par l'habitude de gratuité des soins autant que par la carence des dispensaires. Tout cela ne pourra que se dégrader tant que le mal n'aura pas été pris à la racine : on a l'exemple du National Health service britannique, institué en 1946 selon un schéma purement étatiste, que ni Mme Thatcher, ni John Major, ni Tony Blair ne sont parvenus à privatiser et qui, de ce simple fait, pourrit irrémédiablement depuis des années.

On soulignera en revanche que ces grèves, évidemment coordonnées, poursuivent un but politique — interne à la gauche pour dire le vrai — et qu'elles s'appuient fondamentalement sur la véritable base de la CGT, qui sont les personnels bénéficiant d'un statut privilégié dans le cadre d'entreprises monopolistes.

Sans entrer dans les détails de la théorie des monopoles, soulignons deux aspects de leur réalité.

D'une part, le seul vrai monopole est celui qui se base sur des dispositions pénales : cela va des arrêtés de Colbert 1692 interdisant à toutes les corporations, à l'exception de la Poste Royale confiée en 1681 par Louvois à un fermier général, de distribuer le courrier jusqu'aux textes répressifs infâmes insérés dans le code de la sécurité sociale, notamment par M. Bianco en 1991.

D'autre part, s'agissant par exemple du statut d'EDF-GDF ou de la SNCF ou des règlements de La Poste, ils sont désormais largement contradictoires avec l'action quotidienne de ces groupes, à l'étranger ou dans de nombreux secteurs de diversification indispensables à leur simple survie.

Pendant des années, les adversaires des monopoles de sécurité sociale se sont heurtés au mépris des juridictions franco-françaises. Les choses sont bien différentes désormais dans le cas des prétendus "services publics à la française", vantés certes par M. Zhouganov en Russie, mais qui seront de plus en plus chahutés par la réalité et par le droit en Europe.

Les batailles menées par les bureaucraties syndicales et d'abord par la CGT sont des guérillas d'arrière-garde. Elles n'en sont que plus dangereuses, pour leurs adversaires bien sûr (1) mais aussi pour la France et particulièrement pour les gens qui désirent vivre de leur travail dans leur propre pays.

Les discours de M. Bové à Bombay sont absurdes et les mensonges des "alter-mondialistes" sont insupportables. Mais ils ont au moins, pour nous, le mérite de la distance. De plus, ils sont accueillis sur site par l'indifférence massive des intéressés.

En revanche les actes de tiers-mondisation de l'Hexagone sont plus directement nocifs.

Ils se déroulent sous nos yeux, à nos frais, et ils bénéficient d'un invraisemblable cortège de complaisances.

C'est cette autodestruction qu'il convient de dénoncer.

JG Malliarakis
© L'Insolent

  1. La Grande Armée napoléonienne elle-même s'est trouvée autant ébranlée par les "Espagnols de l'armée en déroute" que par sa retraite de Russie.
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