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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
JEUDI 19 FÉVRIER 2004
LES TARTUFFES DE LANTIRACISME ET DE LANTIDISCRIMINATION
Rien n'est plus "discriminatoire" que l'État
En première page de mon quotidien régional préféré, la très monopoliste Nouvelle République du Centre Ouest, sétalait, ce 17 février, un titre énorme : "Une Haute Autorité contre les discriminations". Cette excellente nouvelle occupe 5 colonnes sur 8. Les 3 restantes sont consacrées à lannonce dun heureux épilogue judiciaire. M. Renaud Donnedieu de Vabres, député de Tours, est, en effet, nous dit-on, "condamné mais soulagé". On comprend aisément que les autres grandes nouvelles, comme laccouchement en urgence, dans le canapé du salon, par une citoyenne de Nazelles Negron, ou bien, moins importante, la déconfiture dAir Littoral, puissent être reléguées au second plan, de cette première page. Elles y figureront cependant : quon se rassure.
Mais la lutte contre la discrimination nest pas seulement linformation vedette. Elle constitue la trame, le grand sujet de léditorial de M. Jean-Claude Arbona, étrangement intitulé "Respecter lautre"
Car il faut admettre que ce titre est paradoxal, malgré son effarante platitude.
Ce n'est pas très respectueux, ni du lecteur, ni du monde, que de situer exclusivement dans l'Hexagone les nouvelles proposées pour essentielles.
Ce nest pas non plus respecter son interlocuteur que de prétendre nier intégralement sa différence, et plus encore dimposer, par la loi pénale, la répression de toute tendance soupçonnée de discrimination.
Rappelons en effet lhistorique des lois répressives françaises dont tout le monde saccorde à constater en la matière quelles sont les plus dures dEurope. Or, notre Continent a, par ailleurs, et ce nest pas entièrement à son déshonneur, le monopole de ce principe non discriminatoire. Soulignons notamment que les États-Unis, malgré leur exaspérante référence au politiquement correct, surtout dans les gros médiats et sur les campus universitaires, nhésitent pas à répertorier la "race" attribuée aux individus. D'autre part, les Américains considéreraient comme une atteinte intolérable à leurs droits fondamentaux toute pénalisation de la parole ou de lécrit.
En France, au contraire, on a commencé par fouler aux pieds lintitulé même de la loi organisant la liberté de presse en 1881. Désormais, du fait des révisions successives de ce texte, toute provocation à la discrimination, ce qui est un délit très vague, très vaste et surtout très élastique, pourra être passible dune amende de 45 000 euros. De plus, à cette somme considérable, pourront sajouter des frais colossaux dinsertion des jugements au tarif publicitaire et même des dommages et intérêts accordés à quelque 14 associations subventionnaires quasi automatiquement parties civiles, au nom des victimes. Oui, on peut dire que la moindre parole jugée discriminatoire est réprimée.
Or, ce qui amène à la grande nouvelle du jour, cest précisément léchec de cette répression, par rapport aux buts qu'elle prétend s'assigner.
Il y aurait eu 29 condamnations pour discriminations en 2003. Cest, à la fois, dérisoire, par rapport à ce que nous pouvons entendre ou observer tous les jours, et certainement excessif si lon se reporte au quotidien des dossiers.
Au départ, à la veille de la guerre de 1939, le décret Marchandeau visait une situation extrêmement précise : il sagissait dempêcher la propagande allemande dexploiter des slogans qui existaient de manière latente et que, dailleurs, le Dr Goebbels ne faisait pas mystère de vouloir entretenir. La lecture de la presse parisienne de l'Occupation montre hélas que le danger était alors bien réel et que l'intention a été réalisée.
Plus de 30 ans plus tard, lorsquintervint la loi Pleven de 1971, la France nétait certes pas menacée. Dautre part, le racisme était encore moins à lordre du jour.
Or, après 33 ans de Loi Pleven, marqués aussi par laddition de textes généralisant les interdits et les suspicions (1) cest un rapport du Médiateur de la République, M. Stasi, décidément dans tous les bons coups, qui constatant léchec de toutes ces pruderies suggère den rajouter encore d'autres.
Nous ne doutons pas, nous n'avons pas le droit de douter, des bonnes intentions de tous ces rédacteurs de rapport.
On nous propose donc, et d'une certaine manière on envisage de nous imposer, la création dune "Haute Autorité" (2) dont le président sera nommé par le Chef de lÉtat + 6 membres désignés par le Parlement, les hautes juridictions, le Conseil économique et social et les personnalités qualifiées. Cette autorité recueillera directement les plaintes des victimes, elle recrutera 80 agents de dépistage des discriminations, etc.
Pas une seule seconde la Nouvelle République, qui consacre une grande page intérieure du projet ne pense en terme alternatif. Elle écrit au futur de lindicatif "La Haute Autorité sera mise en place fin 2004". Ce nest même pas à prendre ou à laisser. Vous navez pas le choix.
Le législateur sest récemment interrogé sur la pertinence dune disposition en matière de preuve instaurée par le gouvernement Jospin. Taratatata. Cest au suspect de démontrer quil nest pas raciste, haineux, discriminatoire, sexiste, etc.
En fait
Tout cela est donc dune immense hypocrisie.
Le même jour, lInsee dénombre, sur des bases statistiques et méthodologiques évidemment conformes à ses propres préjugés, la "pauvreté" (relative) dun million denfants.
Et lAFP diffuse à ce sujet une photo bien suggestive (4). Je nai jamais su reconnaître exactement un "noir" dun "blanc" mais jai bien limpression quen transformant la France en "nouveau Brésil" - lexpression est dun ministre giscardien, M. Dijoud on na pas fait avancer légalité et la fraternité inscrites sur les frontons de la république laïque et obligatoire.
Au même moment, un groupe de fonctionnaires, assurés de l'emploi à vie, dont le statut remonte à 1990 et qui cessent leur activité à 57 ans, bloquaient à Orly 60 % du trafic aérien.
On a beau interdire les discriminations, les privilèges se portent de mieux en mieux.
JG Malliarakis
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(1) "homophobie", "islamophobie", "sexisme", ou même discrimination à lencontre des handicapés.
(2) Un concept juridique aussi fumeux que celui d'Observatoire
(3) qui, elle aussi, devrait se voir condamner si l'on prend les textes "antiracistes" au pied de la lettre.
(4) cf. photo ci-dessus à gauche
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