1 er.3 Le Politicien, la Vache et le Grand Inquisiteur
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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
LUNDI 1er MARS 2004
Chaque année, dans la liturgie républicaine de rite corrézien, les politiciens tâtent le cul des vaches à la Porte de Versailles. C'est ordinairement quelque chose de comique, démoniaquement comique. Et, avec mes petits moyens de chroniqueur, je mefforce annuellement den souligner la dérision.
Aujourdhui, on ne peut plus en retenir que la pitié. Un septuagénaire fatigué sefforce de complaire à son électorat résiduel en acceptant de minces offrandes, en goûtant des tranches de jambon, en ingurgitant des kilomètres de saucisses. Le voilà rassurant des interlocuteurs affligés, encerclés par une grande bouffe dont ils ne sont plus que les petites mains, ruinés par ceux qui parlent en leur nom. Cest lamentable.
Sur le fond du dossier agricole, souvent abordé dans notre chronique, on doit rappeler que lintervention étatique a matériellement ruiné, en France, non seulement les entreprises agricoles, non seulement des secteurs professionnels autrefois fort prospères de ce malheureux pays mais également la France rurale toute entière.
On a entendu le chef de lÉtat sexprimer sur le thème "on ne laissera pas tomber", applicable sans doute aux éleveurs de charolais, aux viticulteurs de bourgogne ou aux agriculteurs pyrénéens, etc. Peut-être M. Chirac le pense-t-il vraiment.
On doit, même au p. de la r., une considération honnête. Je lui reconnais d'ailleurs volontiers certains mérites, par exemple celui de me faire regretter Giscard dEstaing. Jirai même plus loin. Je veux bien le tenir dans certains domaines (limités) pour éventuellement sincère.
Seulement, il se trouve que la sincérité nest pas la vérité.
Fidel Castro, Mugabé, Chavez ou Bin Laden sont probablement sincères, plus sincères encore que Jacques Chirac.
Mais du point de vue de léconomie, ils se trompent entièrement. Ils ruinent leurs peuples. Et les technocrates français font la même chose, dune manière (vaguement) différente.
Il est remarquable que pratiquement personne nose le dire.
Or, un cran supplémentaire dans le muselage de la liberté de penser est en train de saccomplir à Paris.
Contre la liberté, à la fois économique et scientifique, est en train d'apparaître ce quil faut bien appeler "laffaire Salin". Jusquici nous hésitions à en parler, à la fois par respect et par discrétion vis-à-vis de Pascal Salin. Nous éprouvions le sentiment dune chose subalterne, d'une pétition ridicule, une de plus, émanant dune cabale de petits intellectuels aigris contre lun des rares économistes français dont laudience est aujourdhui internationale.
Or, la campagne stalinienne contre le professeur Salin est reproduite par Libération, Le Monde, Charlie-Hebdo. Cette campagne est tolérée, banalisée par les journaux chiraquiens, Le Figaro et Paris Match.
Cela va donc bien au-delà de la question du jury dagrégation concours 2003-2004 de sciences économiques.
Il sagit de la part des staliniens (1) qui la fomentent, comme des chiraquiens qui lintériorisent, de placer encore plus loin le bouchon de la ruine et de la répression.
Il sagit de reprocher à Pascal Salin et à 3 autres économistes de qualité qui lassistent, (2), parmi 7 membres du jury national de ne pas adhérer à Attac. On va jusquà reprocher à Pascal Salin davoir présidé en 1994-1996 la société internationale déconomistes du Mont Pèlerin, favorable au libre-échange et à lÉtat de droit.
Quel rapport entre cette Inquisition dun genre (à peine) nouveau et la démagogie agricole résiduelle du Chef de lÉtat ?
Un simple rapprochement chronologique ?
En réalité, nos lecteurs ont pour la plupart bien compris quil sagit dune seule et même chose.
Quand Castro en 1959 a rendu les Cubains "propriétaires" de leur logement tout en leur interdisant de le vendre ou de le louer, beaucoup ne comprenait pas quil sagissait dune forme à peine édulcorée de communisme. Idem pour la distribution des fermes aux partisans de Mugabé.
Eh bien, on doit mesurer que tout le discours de lÉtatisme français en direction des exploitations agricoles (3) cest la même chose.
Ah oui, la nomenclature agricole est devenue en 60 ans "propriétaire" de la terre, les domaines se sont agrandis, multipliés par 10 au fur et à mesure du passage de 5 millions dexploitations à 500 000. Mais dans le même temps, ces entreprises sont surendettées à 99 %, les encours du Crédit Agricole représentant 120 % à 150 % de la valeur vénale des terres. Parallèlement, la liberté dinitiative a été rognée dannée en année par une réglementation délirante (4).
Cette mainmise économique suppose lélimination de la critique idéologique et donc de toute recherche scientifique de la vérité.
Voilà pourquoi la coïncidence nest pas fortuite.
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(1) et des trotskistes : aujourdhui cest la même chose.
(2) MM. Gérard Bramoullé, Bertrand Lemennicier, Enrico Colombatto.
(3) et même des PME considérées simplement comme des relais de limpulsion étatique.
(4) quelle vienne de Bruxelles ou de Paris, cest la même chose
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