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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

VENDREDI 12 MARS 2004

L’ETA ET AL-QAÏDA C'EST LA MÊME CHOSE

La polémique quant au cerveau du crime de Madrid est à la fois stérile et révélatrice.

À l’heure où ces lignes sont écrites, on n’en sait guère plus sur les monstrueux attentats de Madrid que leur comptabilité atroce, et cependant provisoire, de la mort. Plus de 180 tués, plus de 600 blessés étaient évalués aux premières heures de l’après-midi de ce 11 mars.

Les terroristes ont déposé exploser 13 engins dans des trains de banlieue. Une fois de plus, ils visaient non pas des dirigeants mais tout simplement le peuple espagnol, donc une partie de la chair de l’Europe.

La polémique quant au cerveau de ce crime de masse est à la fois stérile et révélatrice.

En Espagne, la première accusation qui est venue à l’esprit de tout le monde, désigne les gens de l’ETA. Ces assassins d’extrême gauche ont déjà tué plus de 800 personnes en quelque 36 ans et 30 attentats de cette nature, aveugles et injustifiables, frappant des innocents et des anonymes. Ils n’ont qu’à s’en prendre qu’à eux-mêmes si la droite comme la gauche sont parfaitement d’accord pour les condamner.

Alors, on entend dire : la dernière fois ils n’ont fait "que" 21 morts et ils ont poliment téléphoné avant.

Donc, ce ne serait pas l’ETA. Élémentaire mon cher Watson.

Le communiqué d’Herri-Batasuna, c’est-à-dire, pour parler clair, le démenti des dirigeants officieux de l’ETA, semble encore plus accablant et révélateur de l'état d'esprit de ces tristes sires.

Quelques jours à peine après la provocation du fameux Carlos (1), et pour lequel "il n’existe pas de victime innocente" nous avons un nouvel exemple de la rhétorique criminelle des survivants du marxisme-léninisme, ce qu’on pourrait même appeler la gnose terroriste de l'extrême gauche européenne.

En effet, l’ETA imagine d’imputer le crime, non pas à une cellule devenue un peu plus folle que les autres, ce dont pourtant les groupuscules trotskistes ou staliniens donnent tous les jours l’exemple, mais à ce qu’ils appellent la "Résistance arabe". Quelle perspicacité, quelle finesse.

Les mots ne sont pas neutres.

Si je parle de résistance, comme par exemple la résistance afghane face à l’occupation soviétique, non seulement je me situe globalement dans le camp des "résistants" mais également je disqualifie à l’avance toute forme d’étiquetage des "résistants" comme "terroristes" (2).

Autrement dit, l’ETA, si longtemps excusée, protégée, chouchoutée en France parce qu’elle était "antifranquiste" reconnaît implicitement :

1° Qu’elle approuve ce qu’elle appelle la "résistance arabe" dans ses objectifs fondamentaux et globaux, mélangeant l'affaire irakienne, la question israélo-palestinienne, etc. (3)

2° Qu’elle ne désavoue pas, au sein de cette fameuse "résistance" la composante nébuleuse Al-Qaïda et ses MÉTHODES.

Par son communiqué, l’ETA, qui a elle-même à son tableau de chasse 800 victimes européennes innocentes, montre qu’elle se rattache bien à une grande chaîne de criminels de sang qui déchire la planète d’un bout à l’autre, allant des narco-terroristes marxistes des FARC en Colombie jusqu’aux assassins islamistes d’Indonésie.

On a beaucoup reproché au président Bush d'avoir parlé pèle mêle en septembre 2001 "d'axe du mal" : ce communiqué de l'ETA vient au secours de concept tant décrié.

D’autre part, à supposer même que dans cette affaire précise les gens de l’ETA ne soient que des voyeuristes complaisants, applaudissant à des crimes légèrement plus massifs que leurs programmes habituels, on doit prendre conscience que toute l’Europe est en danger.

La petite rhétorique s'empressant à imputer à la "résistance arabe" les attentats criminels de Madrid à pour fonction de jeter le trouble, de déstabiliser, de prendre appui sur la distance évidente entre les dirigeants de Madrid et ceux de Paris. Et on remarque, hélas, que cette distance s'est malencontreusement vu, instrumentalisée 48 heures avant le crime, par la première page intellectuellement vicieuse (4) du quotidien parisien de la pensée unique Le Monde.

Ah, M. Colombani-Jekyll qui imaginiez de dire le 11 septembre 2001 "nous sommes tous des Américains", — ce qui était excessif donc insignifiant, — combien de temps dissimulerez-vous, et vous cacherez à vous-mêmes, qu'il existe un Colombani-Hyde complice rhétorique, certainement involontaire, du terrorisme mondial ? (5)

Combien de temps devrons-nous attendre encore pour donner un vrai coup de barre contre TOUS les terrorismes qui menacent globalement et indistinctement aussi bien l’Europe que l’Amérique et tous les pays libres ?

La conjonction des terrorismes marxistes, islamistes et mafieux est une réalité de plus en plus préoccupante.

Il est sans doute considéré comme politiquement incorrect de le remarquer.

Mais, qu'elle plaise ou non, seule la vérité nous rendra libre…

JG Malliarakis

© L'Insolent

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(1) Si joliment prénommé par sa maman "Vladimir Illitch", comme Lénine.

(2) Tous les lecteurs des romans de Marcel Aymé ("Uranus") ou de Roger Nimier ("Les Épées") savent depuis 1944 que ceux que la presse parisienne, au bon plaisir de l'occupant d'alors, appelait des "terros" ou des "partoches" du jour, allaient devenir les résistants du lendemain, les libérateurs du surlendemain, en attendant de se transformer en épurateurs qu'ils sont aujourd'hui encore.

(3) On peut trouver légitime, plus de 50 ans après le plan de partage de la Palestine de 1947, le projet de créer un État palestinien, et on même le droit de l’imaginer viable à l’ouest du Jourdain. C’est un point de vue politique, il est sans doute respectable en lui-même. Il n'est pas plus indigne que celui imaginant, par exemple, que le secrétaire général des Nations Unies chargé d'arbitrer à Chypre tienne compte des nombreuses résolutions votées depuis 30 ans par l'organisme dont M. Annan assure aujourd'hui l'administration. À supposer que toutes ces hypothèses demeurent réalistes, on doit les distinguer des MÉTHODES terroristes.

(4) Dans le cas précis, le journal de M. Colombani laissait entendre alors à ses lecteurs que les critiques de l'Europe, et en l'occurrence celles du premier ministre espagnol, visent en général "la droite" française, alors qu'à l'évidence elles s'appliquent au moins autant à "la gauche" parisienne…

(5) Qu'on nous comprenne bien, d'ailleurs, ce n'est pas spécialement M. Colombani qui est en cause. Il est, d'une certaine façon, le "moins mauvais" des journalistes parisiens puisqu'il est devenu le premier de la classe. Ce que nous contestons c'est une manière générale et uniforme de penser et d'écrire dans les salles de rédaction de la presse parisienne où il paraît qu'on a voté à 85 % pour Jospin en 2002, alors que le peuple français, lui, a voté à 85 % contre Jospin.

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