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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

LUNDI 15 MARS 2004

LA GUERRE NE SERA PAS GAGNÉE PAR UNE EUROPE PUREMENT ÉCONOMIQUE

 

nous devons craindre d’abord la lâcheté de nos dirigeants

(ci-dessus : statue du Cid à Burgos)

Il est amèrement cocasse, ce gros titre du Monde, daté du 16 mars : "L’Espagne sanctionne le mensonge d’État". Voilà un commentaire rassurant. En somme, sur 15 pays de l’Union européenne, et bientôt 25 à partir du 1er mai, un seul gouvernement dissimulait, dissimula un jour la vérité à ses féaux sujets. Et la punition est venue, démocratiquement, dans les urnes 42 % pour les socialistes contre 38 % aux méchants droitiers.

Tout va-t-il donc si bien dans la meilleure des Europe ? Eh bien, désolé, mais je ne le crois pas.

D’abord, depuis 1996, en 8 années de gouvernement Aznar, l’Espagne s’est économique réveillée. Elle venait de loin. Après 35 années de modernisation plutôt réussie, quels que soient les reproches que l’on entend si souvent à propos du franquisme, après le désastre du gouvernement socialiste du bellâtre Felipe Gonzalez, la droite héritait de plus de 20 % de chômeurs. Avec un déficit énorme. Avec un problème d’identité nationale, écartelée par des autonomismes régionaux sans équivalent dans le reste de l’Union européenne.

Et en quelques années, le redressement fut spectaculaire. Bien plus, une vraie politique étrangère permettait non seulement une présence de puissance à part entière en Europe mais également des retrouvailles notables avec l’Amérique Latine. Comment ne pas tenir M. Aznar pour un homme politique d'une certaine qualité, qui avait même l’élégance rare de quitter la scène gouvernementale, après 8 années, à l’occasion de ces élections du 14 mars. Nous avons le devoir de nous en souvenir.

Aujourd’hui, il est vrai, la scène a complètement changé en 3 jours. Le Parti Populaire se retrouve dans l’opposition alors que tout le monde l’imaginait victorieux : ceci pour la politique intérieure.

On peut dire que les gestionnaires ne sont plus considérés comme les politiciens nécessaires et suffisants dans la situation créée par le 11 septembre 2001, confirmée par le 11 mars 2003, situation d’affrontement radical, de guerre, entre l’Occident global, Russie comprise, et l’Islamo-terrorisme.

Comment peut-on croire que cette guerre sera gagnée par les représentants d’une Europe purement économique ?

Et d’abord comment imaginer que cette guerre puisse être victorieusement menée par le parti des lâches ?

Car, enfin, l’exploitation systématique de l’hypothèse devenue certes d’heure en heure plus probable, mais non plus heureuse, d’une attaque d’Al-Qaïda contre l’Europe, n’était pas destinée à mobiliser les forces du courage. C’était au contraire clairement tourner vers les peurs et les faiblesses et, sur une part marginale de l’électorat, probablement les abstentionnistes, cette machination a marché. Disons les choses comme nous les ressentons : c’est assurément dramatique.

On peut, on doit espérer que le nouveau gouvernement espagnol ne succombera pas à son propre succès.

Certains semblent se réjouïr du fait que "la piste d’Al-Qaïda prend du poids" (1). Ils tirent argument de l’évolution des hypothèses, mais ils manipulent aussi l’opinion dans le sens d'une plus grande crainte.

Ils ne doivent donc pas s’étonner d’une poussée d’islamophobie. Le verbe grec phobein d’où nous tirons le suffixe "phobe", cela ne veut pas dire "haïr" mais tout simplement "craindre".

Les organisations islamiques de France, aussi bien la Fédération nationale des Musulmans que l’UOIF, les modérés comme les Frères Musulmans, affirment que les attentats de Madrid vont rejaillir sur les jeunes des banlieues. Ces attentats, disent-ils pompeusement sont "contraires au Coran" et "ils propagent une mauvaise image de l’islam".

Nous sommes évidemment très heureux d’apprendre que 2 versets, tirés des sourates 32 et 68 du Coran, laisseraient entendre que la "suppression de la vie humaine" serait canoniquement condamnée. Il existe hélas de nombreux autres passages qui laissent à entendre le contraire, et qui nuisent gravement à la fameuse "image de l’islam".

Dans la guerre que l’Europe va devoir subir, sans l’avoir déclarée, en applaudissant d’avance au retrait annoncé par les socialistes des soldats espagnols envoyés en Irak par le gouvernement Aznar, en félicitant les 4 % électeurs espagnols qui ont assuré cette sorte de Münich électoral, comment ne pas se préparer en effet, que cela plaise ou non, que cela soit ou non réprimé par la loi, à un courant d’islamophobie.

La loi réprime en effet l’incendie volontaire ou le vol des automobiles. Mais cette interdiction n’empêche pas les statistiques de la délinquance et de la criminalité d’évoluer.

Depuis 1971, une série de lois punissent l’incitation à la haine, sans définir la haine. Ces lois peuvent-elles empêcher que l’on craigne ceux qu’on n’a pas le droit de détester ?

D’autre part, si les organisations islamiques veulent dissocier l’islam de l’Islamo-terrorisme, une voie royale s’offre à elles :

- c’est de participer efficacement et activement à la lutte contre Al-Qaïda,

- c’est de livrer aux polices occidentales de manière spectaculaire tous ceux qui donnent une "mauvaise image" de la religion de Mahomet,

- c’est de prêcher à leur tour la guerre sainte de l’Europe contre les djihadistes.

Alors là, oui, nous cesserons d’être tentés de "craindre" les musulmans en tant qu’adeptes d’une religion, pour nous concentrer sur la véritable affaire de notre pays qui doit être la redécouverte de notre identité et de notre liberté.

Car nous devons craindre d’abord la lâcheté de nos dirigeants, les mensonges de nos médiats, la versatilité de nos peuples. Si nos nations sont unies et libres, elles n’ont rien à craindre.

JG Malliarakis

©L'Insolent

(1) Libération 15 mars

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