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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

VENDREDI 19 MARS 2004

APRÈS UNE SEMAINE TRAGIQUE POUR L’EUROPE

Le courage, c’est pour quand ?

On a beau avoir traversé un demi-siècle fort éprouvant — pour l’idée de l’Europe et de sa patrie dans laquelle on avait été élevé, — ces derniers jours ont remué dans leur plaie les couteaux du déclin européen.

Kossovo :

Commençons par cette terrible affaire. En 1999, elle avait donné lieu aux bombardements iniques et arbitraires que l'on sait. Belgrade faisait alors figure, aux yeux de beaucoup d'entre nous, de ville martyre européenne, comme l’avait été en 1956 l’héroïque cité de Budapest. Pour l’itinéraire d’un Européen honnête, ami de la Liberté et de la civilisation chrétienne, le scandale pouvait paraître comparable.

De ce jour de mars 1999 où, à la demande de M. Chirac, impuissant à agir par lui-même, (1) les bombardements de l’OTAN ont frappé la capitale yougoslave, nous avons beaucoup de mal à contenir notre ressentiment. Contre la politique étrangère de Chirac, contre les politiciens mafieux du Parti démocrate des États-Unis. Mais aussi contre les faux lettrés, contre les faux chrétiens, ou contre les faux libéraux qui s’acharnent à théoriser la division de l’Europe en deux (2).

Lâchement, en juin 1999, les Européens ont accepté une "solution onusienne" sur cette terre du Kossovo, sanctuaire historique de l’identité serbe, majoritairement peuplée aujourd'hui d’Albanais eux-mêmes encadrés par des musulmans. Il n’a pas fallu attendre mars 2004, où les islamistes ont frappé un grand coup : 32 morts, 500 blessés et 16 églises et monastères incendiés en 48 heures. Car pendant les 5 ans écoulés sous le "régime onusien" partagé en 18 autorités administratives différentes, émanées de juridictions et bureaucraties internationales incompétentes et indolentes, déjà 150 édifices religieux chrétiens (3) avaient été profanés, pillés, brûlés ou détruits.

Bravo l’ordre international !

Bravo, la légitimité mondiale de l’ONU !

Et c’est ce modèle que M. Chirac "from Paris" et les mafieux du parti démocrate américain veulent imposer partout où le monde est en crise : à Chypre comme en Palestine, en Irak ou dans l’Afrique des grands lacs, que de beaux jours les mondialistes préparent pour le monde et d’abord pour l’Europe !

Europe des lâches ou "descendants de Charles Martel" ?

Il est presque trop beau ce texte attribué au groupe islamiste tchétchène, presque trop logique. Il fait la première page du Parisien, orné d’un sceau islamique calligraphiant la Bismallah (Au nom du Dieu Grand et Miséricordieux, commencement de 113 sourates sur les 114 que compte le Coran).

Ainsi donc la France officielle ne serait pas parvenue à donner le change. Opposée pourtant à la guerre anglo-américaine d’Irak de 2003, sa loi interdisant les signes religieux ostensibles de 2004 aurait effacé son mince crédit.

Applaudir à la lâcheté de 4 % de l’électorat espagnol, non seulement ne suffira pas à assurer "la paix" aux Européens consommateurs mais cela encouragera la guerre des djihadistes.

Là où ils voient un point faible, ils frapperont sans pitié. (4)

Lâcheté sans frontières ou le Salon du livre de la honte.

Décidément, quand on est entré dans le cycle de la capitulation en rase campagne, on en sort difficilement.

Ainsi, le 18 mars, sur la pression des autorités dictatoriales communistes de Pékin, les officiels français ont accepté d’évincer du Salon du livre l’écrivain Gao Xing-jian, citoyen français, d’origine chinoise, dont on s’était gargarisé comme Prix Nobel français.

La raison d’État est un piège. Il semble définitivement refermé sur les dirigeants peu raisonnables d’une France en perte de vitesse.

D’autres, dont la plupart sont nos amis, demanderont à juste titre : "Les Réformes, c’est pour quand" ?

Mais précisément ces réformes, elles-mêmes, supposeraient du courage.

Commençons donc par nous demander : le courage, c’est pour quand ?

JG Malliarakis

©L'Insolent

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(1) Ce grand homme était sans doute désireux d'aborder ces élections "européennes", qui allaient se dérouler en juin, dans un contexte de gloriole militaire qui soit de nature à prendre sur Jospin la revanche de 1997.

(2) Il est courant de distinguer, par exemple, une Europe "byzantine" qui serait opposée à une Europe "carolingienne"; il semble cependant redondant d'appeler l'Europe de l'ouest actuelle du nom de la dynastie des "descendants de Charles Martel" car, précisément, ses dirigeants ont renié Charles Martel.

(3) Certes s’agissant des monastères du Kossovo, comme des autres régions chrétiennes de l’Europe du Sud-est, nous n'utilisons pas ici un mot qui fâche le politically correct : le mot "orthodoxe" . C’est très mal vu d’être orthodoxe par les temps qui courent. Des gens dont les prêtres sont barbus et mariés ; des églises, qui sont souvent traversées par un attachement naïf et démodé aux patries dont elles emportent la glèbe à la semelle de vieilles chausses archaïques. Des liturgies très longues, où les fidèles ne sentent même pas le temps passer ("time is money", connais pas). Font-ils même partie de l’Europe, ces gens-là, "that is the question" ? Certains beaux esprits proposent de les en expulser. Les Turcs "laïcs" feraient beaucoup mieux l’affaire, n’est-ce pas ?

(4) Ce n’est pas flétrir la religion musulmane que d’observer son infirmité sur un point, la compassion, qui est au contraire un point essentiel aux yeux des chrétiens, et de quelques autres— par exemple les bouddhistes. Héritière en cela des sectes gnostiques, la théologie mahométane n’accepte pas ce que les chrétiens appellent la "kénose", le mystère de lhumiliation divine annoncé par la prophétie, et qui va jusqu'à la Croix. La Croix est considérée comme une imposture et un blasphème par la théologie musulmane. C’est ce qui explique la sympathie que l’islam inspire à certains lecteurs (superficiels) de Nietzsche qui n'ont retenu de lui que la phrase imprécatrice bien connue, trop connue: "Que crèvent les faibles et les tarés". Nous nous efforcerons un jour ou l'autre d'exprimer un peu plus longuement en quoi cette kénose exprime au contraire, selon nous, l'idée que nous nous faisons de la liberté humaine.

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