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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

LUNDI 22 MARS 2004

SUICIDE MODE D’EMPLOI (SUITE)

La division des droites françaises est exceptionnelle en Europe.

Récurrence. Ce mot, qui appartient au vocabulaire de la mathématique, plus exactement de la logique scientifique. Il connaît une vogue, peut-être excessive (1) significative d'un sentiment de recommencement sempiternel, de déjà-vu, qui décourage nos concitoyens et nos contemporains.

Récurrence, donc, semble convenir, depuis quelque 30 ans, à la situation de division des droites françaises. Elle est exceptionnelle en Europe. Tous les grands pays voisins sont pratiquement parvenus à surmonter les cassures internes, même l’Italie, où pourtant Forza Italia, l’Alliance nationale et la Ligue du Nord appartiennent à des cultures, et résultent de doctrines, radicalement différentes sinon contradictoires.

En 1998, au lendemain d'un scrutin régional alors proportionnel, Alain Peyrefitte, consacrait un très courageux et très lucide éditorial du Figaro préconisant une alliance à droite. Alain Peyrefitte était sans doute l’un des plus intelligents porte-parole de la droite politique. Sa disparition constitue, de ce point de vue, une perte considérable car il était probablement l’un des rares hommes politiques à réfléchir. Il n’a pas été écouté : bien au contraire "on" a tout fait pour empêcher l'union. "On" a fait sorte que les régions où la droite est majoritaire soient gouvernées par la gauche, comme c’est le cas en Provence. Six ans plus tard, M. Vauzelle s’apprête à conserver sa présidence de région avec 35 % des voix. Mais bien plus, une région comme le Languedoc va basculer, elle aussi, à gauche alors que la droite y demeure globalement majoritaire.

En 1998, je rassemblai quelques chroniques et réflexions à cette dimension proprement stupéfiante, la France possède la Droite la plus suicidaire du monde. Elle détient toujours ce triste record.

Aujourd’hui, on doit aussi se rendre à cette évidence : l’effet Sarkozy est égal à zéro.

La tentative de faire une politique sécuritaire, plus ou moins ressemblante à ce que les électeurs du FN sont supposés vouloir, tout en écartant toute idée d’alliance, au moins au second tour, avec les représentants de ces électeurs, se solde par un électrocardiogramme plat. Aucune voix supplémentaire, arrachée à la droite nationale, n’est venue au secours de la "majorité" UMP.

L’UMP a sans doute une majorité factice à l’Assemblée nationale, mais elle représente toujours dans le pays réel moins de 20 % des suffrages exprimés.

Peut-on gouverner le pays quand on représente moins de 20 % des suffrages ? Formellement, oui, si l’on s'en tient à la diplomatie et à l’exécution administrative des normes législatives existantes.

Peut-on réformer avec moins de 20 % de l'opinion ? Non.

Et c’est bien cela qui est suicidaire.

Pour revenir à cette intéressante réunion du 5 avril : "Les réformes, c’est pour quand" ?

Il y a plusieurs questions dans cette question.

Par exemple, il y a la question de quelles réformes ? Un nouveau plan Juppé ? Nous n’en voulons certes pas.

Mais il y a au moins une réponse qui saute aux yeux. C’est qu’il n’y aura, de toute manière, pas de réforme sans une majorité réformatrice dans l’opinion, et pas seulement au parlement (qui dans l’état actuel entérine les textes rédigés par les bureaucrates).

Dans le pays, il existe grosso modo un rapport de 55 contre 45 en faveur d’une plus grande liberté sociale afin de redresser le pays. Qu'on laisse faire les Français. Qu'on cesse d'entraver leurs initiatives par la bureaucratie. Qu'on cesse de spolier ceux qui travaillent du fruit de leurs efforts, et de subventionner ceux qui ne veulent rien faire.

C’est la classe politique, c’est d’abord le chef de l’État, qui bloque l’expression de cette majorité, en la divisant et en la dérivant.

Vous voulez continuer à voir la France tomber ?

C’est simple, faites confiance à Chirac et aux chiraquiens.

JG Malliarakis

©L'Insolent

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(1) "La mode, disait Jean Cocteau, c'est ce qui se démode."

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