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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

MERCREDI 24 MARS 2004

QUAND IL Y EN A POUR 2, IL Y EN A POUR 3

Après une rafale de 22 balles dans le pied de M. Chirac

Beaucoup de Français, ceux qui se passionnent pour les joutes politiciennes surtout, semblaient applaudir depuis ce 23 mars à 18 heures à l’union des forces politiques, à droite comme à gauche, en vue du second tour des élections régionales.

Certes, une fois de plus, et cela dure depuis le retrait des ministres MRP du Gouvernement Pompidou en 1962, le centre droit, malgré qu’il en ait, se rallie à l’appareil ex-gaulliste. Une fois de plus, battu d’une courte tête, le chef de file des ex-démocrates chrétiens se retire, comme le fit Lecanuet en 1965 (1), dans une honorable tour d’ivoire. M. Bayrou, "prince d’Aquitaine à la tour abolie", demeure en réserve pour un prochain scrutin, peut-être celui de 2007, ayant engrangé 13 % des voix au plan national sans même bénéficier d'une implantation UDF séparée dans chacune des 26 régions, de Métropole et d'Outremer… Ce chiffre indique, une avancée considérable par rapport à 2002, alors même qu’une partie de son état-major avait rallié la coalition gouvernementale et présidentielle comme un vulgaire Madelin l’avait fait sans état d’âme.

On doit observer à vrai dire que la règle du jour rend dérisoire toute forme de dégoût. M. Huchon n’éprouve aucun malaise à s’accorder, deux jours après les avoir concurrencées, avec les femmes battues Marie-"Jo" Buffet et Claire Villier. Mais, dira-t-on, c’est la règle de la politique entre gens de la même mouvance générale. Tout à fait d’accord : cela veut donc dire qu’entre M. Huchon et le stalinisme, il n’existe guère qu’une légère nuance de degré, mais pas une différence de nature.

Alors, on doit bien observer le paysage qui se dessine une fois de plus, car, écrit sur les sables d'une campagne, il sera effacé au lendemain du 28 mars. Pendant 6 ans, on digérera les conséquences, en s'employant à en ignorer les causes. Sur 22 régions continentales (2), 17 verront un affrontement triangulaire où l’absence d’alliance entre la droite nationale et la droite institutionnelle, va pratiquement donner la presque totalité des régions à la gauche, du fait d’une loi très récente fabriquée en 2002 par les chiraquiens dans le seul but de provoquer la situation inverse (3).

Ce n’est donc pas une balle dans le pied mais une rafale de 22 coups qui, maladresse oblige, n’atteindra peut-être pas ses 22 petites cibles.

Cela viendra au moment où mécaniquement les transferts de compétences budgétaires vont multiplier par deux le périmètre financier des pouvoirs régionaux. On remarquera aussi que la loi chiraquienne donnant une prime de 25 % au titulaire des majorités relatives, soit dans 90 % des cas à la gauche, empêchera des situations du type de celle de l’Ile-de-France (notamment) où le travail remarquable du chef de file de la droite nationale au conseil régional, M. Jean-Yves Le Gallou, a permis pendant ses 18 années de mandat d’enrayer certaines dérives subventionnistes scandaleuses. M. Huchon, s’il gagne, aura, lui et ses semblables, grâce aux lois chiraco-socialistes les mains libres pour soutenir Attac, les intermittents du spectacle et d’autres délires remarquables de notre beau pays.

Suis-je en train d’écrire ici qu’il faut, à tout prix, voter en toutes circonstances pour le "moindre mal" ?

Ce serait "faire de la politique" et je trouve ce jeu sans intérêt.

Depuis 20 ans qu’on dit aux électeurs de "voter utile", ils ont parfaitement intériorisé la vacuité complète de ce genre de mot d’ordre puisque, jamais, les chiraquiens n’ont su faire le moindre effort pour accueillir les préoccupations de leurs électeurs de droite. Et ce n’est pas, non plus, de ma faute si en Ile-de-France M. Copé a éprouvé le besoin se mettre sur ses bulletins de vote le soutien de M. Sarkozy plus visible que le sien propre (4) et ce n’est pas non plus de ma faute si les électeurs réels s’en moquent.

La société française n’est donc pas sortie de ses blocages et de ses verrouillages. Elle aura encore l’occasion de se "défouler" lors des européennes de juin, bien occultées par une loi électorale étrange. Et puis rien, – dans le calendrier républicain (5) – pendant 3 longues années, jusqu’en 2007. Il paraît qu’à l’Élysée la soupe est bonne, même en carême. On n’y mégote pas sur les frais de bouche…

La France crève mais la république se porte bien.

JG Malliarakis

©L'Insolent

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(1) Si l'écart entre le candidat De Gaulle et le candidat Lecanuet a bien été important au premier tour de 1965, il faut remarquer que, sous la V république, le centre-droit a presque toujours, à la SEULE exception du scrutin présidentiel accidentel de 1969, été battu d'une "courte tête", par l'appareil gaulliste puis chiraquien, et s'est toujours incliné, comme un bon toutou devant son bon maître.

(2) Car, en vertu d'une "exception insulaire" plus inexplicable encore que les autres, la Corse connaît un deuxième tour "heptagonal".

(3) Grisés peut-être par leur succès tout à fait artificiel, pour ne pas dire providentiel, lors de l'élection présidentielle.

(4) Ce dont le Conseil constitutionnel ne lui tiendra sans doute pas rigueur puisque M. Guéna n’a rien à refuser à son propre parti."

(5) Ce "rien" est souvent dangereux.

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