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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

JEUDI 1ER AVRIL 2004

ET SI ON JOUAIT A LA VERITÉ ?

Ce serait un formidable poisson d’avril : nos gouvernants ne mentiraient plus !

M. Bernard Guetta, chroniqueur officieux de politique internationale sur France Inter n’est exempt ni de préjugés politiquement corrects, ni de la faculté d’exercer sa raison, ni non plus de la capacité de nous irriter. Ce 29 mars au matin, dans l’euphorie peut-être de la conquête par la gauche des pouvoirs régionaux, il était cependant dans un bon jour.

Il a rappelé aux Français une chose qu’instinctivement l’électorat éprouve, et qu’il sanctionne par une furieuse instabilité, de scrutin en scrutin. Ce que confusément le peuple français rejette et réprouve c’est l’impression du mensonge permanent. Nous ne savons pas toujours en quoi nos politiciens mentent, mais nous doutons de moins en moins qu’ils mentent TOUS.

Or, le mérite de M. Guetta n’est pas de faire ce jour-là ce commentaire, entendu dans tous les bistrots. Nous devons ici lui rendre grâce d’avoir dit SUR QUOI porte le mensonge : il porte sur la protection sociale (1).

Lorsqu’en 1991, à la demande d’un syndicat de travailleurs indépendants aujourd’hui pratiquement disparu (2), j’ai entrepris cette chronique consacré originellement aux aspects économiques et à la critique de la protection sociale française, mes amis m’ont, tous, dit : tu es fou. Quel intérêt, n’est-ce pas, que de réformer cette sécurité sociale monopoliste française "le meilleur système du monde" ? Je n’étais probablement pas raisonnable en effet de m’atteler à ce travail.

Mais j’ai vraiment acquis la conviction, et lj'ai eu l’occasion de l’exprimer depuis plus de 12 ans, de ce que M. Guetta semble avoir compris ce 29 mars.

Quel formidable pied de nez à la tradition du poisson d’avril si nos dirigeants décidaient (vraiment) de ne plus mentir. Le jour où ils prendront cette décision, ils n’auront d’ailleurs pas besoin de nous le dire. Leur nez cesserait tout simplement de remuer. Et cela se verrait… comme un nez au milieu du visage. Que les lecteurs de l’Insolent se rassurent : nous sommes le 1er avril et pas le 25 décembre. L’aînée de mes petites-filles me l’a dit (à l’oreille, pour ne pas troubler sa petite sœur) : elle ne croit plus au Père Noël. Confidence pour confidence : moi non plus.

Il est donc à redouter que l’on continue à redistribuer des richesses depuis longtemps évaporées, que l’on persiste à "débloquer" des fonds et des crédits sur des budgets déficitaires, que l’on s’acharne à appauvrir un pays et un peuple qui ont cessé d’être riches.

"De l’argent, il y en a" : ce vieux refrain de la CGT, relayé par la nouvelle extrême gauche, par ATTAC, par les Verts, par Alternatives Économiques, etc… va continuer à alimenter le débat sur la réforme de l’assurance maladie monopolistique, qui n’assurera plus rien, mais qui continuera à être malade de son propre monopole, à coûter de plus en plus cher et à rechercher de nouveaux modes de financements, de nouveaux expédients, de nouvelles prédations.

Je ne voudrais pas avoir à insister : mais le temps presse. L’élargissement de l’Europe à 25 va détruire, sans doute à l’échéance prochaine du 30 juin, fin de la présidence irlandaise, toute l’illusion d’une harmonisation des législations sociales et fiscales, sur laquelle repose la grande utopie ravageuse d’une "Europe" super-état social-démocrate pratiquant la redistribution. À partir du 1er juillet, et quel que soit le résultat des élections européennes, les difficultés de cette "construction" (destructrice) seront multipliées par 10. Alors les modalités du remaniement ministériel concocté difficilement le 31 mars apparaîtront dans toute leur dérision.

Mettre de l’ordre dans les Finances ?

Quelle gageure tant qu’on n’aura pas mis de l’ordre dans les priorités politiques et économiques !

Quelles contorsions inutiles que de ne pas aborder franchement la situation catastrophique des comptes sociaux et de ne pas accepter de réduire une fois pour toutes la voilure des prétentions étatiques.

Si M. Guetta l’a compris, même la droite politique peut le comprendre.

Du 29 au 31 mars, la droite politique a joué une partie, assez consternante, de chaises musicales.

Elle gagnerait beaucoup à jouer, désormais, à un autre jeu, celui de la Vérité.

JG Malliarakis

©L'Insolent

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(1) Il remarquait aussi qu'un pays en Europe nous a montré l'exemple de ce qu'il faudrait faire pour réformer la France, ce pays étant l'Italie.

(2) Il s’agissait alors du CDCA, Comité de défense des commerçants et artisans. Ce sympathique mouvement survit juridiquement aujourd’hui, sous forme d’une ASBL de droit belge, à laquelle je n'appartiens pas.

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