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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

VENDREDI 9 AVRIL 2004

L’AVEU DE M. BARNIER

À l’entendre depuis 1963, le principe de l’adhésion turque serait irrévocablement acquis.

Certains bons esprits ont pu penser que le remplacement au ministère des Affaires étrangères de M. Dominique de Villepin par M. Barnier signifierait une orientation plus "européenne" de la politique française.

C’était évidemment se méprendre quant à la signification même de sa prétendue "construction européenne". Sous ce nom, cet "oxymore" désigne une destruction sociale-démocrate et mondialiste de l'Europe ; et c'est

Un récent échange de vues entre le nouveau ministre et ce qui tient lieu de majorité gouvernementale a permis de donner la mesure, très étroite, des conceptions de ce technocrate au regard si mou.

Oh, miracle en effet, l’UMP, serrant sans doute un peu les fesses depuis sa déroute du 28 mars, semble, depuis le 7 avril, en voie de s’aligner sur son alliée intermittente, l’UDF, à propos d’une question qui va devenir décisive : l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. L'UMP se dit contre. L'UMP s'aligne sur ce point, à l'évidence, sur le sentiment de ses électeurs, la campagne courageuse et astucieuse lancée par M. Philippe de Villiers a vocation à faire tâche d'huile au sein même de la droite institutionnelle (la position du FN étant connue de longue date).

Les tenants de la politique autoritaire, les bonapartistes impunis, qui se dissimulent derrières la plupart de nos politiciens, ont d’ailleurs une occasion de mesurer ici les bienfaits d’une ébauche de démocratie parlementaire.

Il n’y a plus de "chef", ni à l’UMP, ni à Matignon, ni probablement non plus à l’Élysée (mais cela est un secret d’État).

L’ancienne Union "pour la majorité présidentielle" (de 2002) rebaptisée "Union pour un Mouvement Populaire" (1) ne veut plus passer définitivement pour ce qu’elle est : "l’Union pour la Machine à Perdre".

Reconnaissons à M. Bayrou, qui fut aux meilleures écoles philosophiques, un reste de vertu chrétienne. Il s’emploie à "donner des idées à ceux qui n’en ont pas".

De la sorte, on l’entend souvent dire des choses intelligentes, voire même subtiles – sans jamais sortir de l’ambiguïté. (2). C’est à ce titre que le président de l’UDF a très finement fait remarquer que "l’adhésion à l’Union européenne de pays proches de l’Europe aurait pour effet de la dénaturer". Ce qui est, d’une part, d’une grande pertinence, et qui a, d’autre part, rallié les députés de base de l’UMP.

Alors, le Barnier est sorti du bois, dans une déclaration datée du 8 avril, contredisant celle de l'UMP de la veille. Il a appelé à lui la grosse cavalerie des imbéciles qui ne marchent qu’au clairon du gaullisme. À l’entendre depuis 1963, le principe de l’adhésion turque serait irrévocablement acquis. C’était, à l’en croire, inscrit dans l’accord d’association d’il y a 40 ans.

Passons sur la technique de raisonnement classique de nos dirigeants. C’est un "coup parti". On ne sait qui a tiré, mais "la décision est prise". Dans les années 1960 !!! Et le Barnier d’invoquer les mânes du général De Gaulle auxquelles étaient associées en 1963 celles du chancelier Konrad Adenauer. Ni l’un ni l’autre ne sortiront de leur tombeau pour contredire Barnier.

C’est oublier, quand même, qu’en 1963 on ne pouvait pas programmer l’adhésion d’un quelconque pays à l’Union européenne, tout simplement parce que l’UE n’existait pas : l’UE n’est apparue qu’en 1991 avec le traité de Maastricht, qui se réfère explicitement à la notion d'une identité européenne. On n’en était encore, dans les années 1960, qu’à parler de marché commun.

Et si on se souvient bien, le général De Gaulle ne voulait même pas de l’Angleterre dans ce même marché commun !

Certes le marché commun a donné naissance à une bureaucratie réglementant le marché et commençant à faire de la redistribution sur une base modeste : 1,2 % du PIB européen affecté à 90 % à des dépenses agricoles, soit moins de 0,6 % pour le reste.

Torpiller définitivement l’idée d’une Europe basée sur une identité commune et respectueuse des libertés, c’est permettre à cette bureaucratie de prendre de plus en plus ses aises, au détriment de l’Europe véritable qui est l’Europe des peuples. Fondée sur l'identité commune d'une famille de nations, elle a vocation à en respecter les libertés.

Ainsi, l’enjeu de l’entrée de la Turquie et celui de la bataille pour le respect de l’identité largement chrétienne (3) de l’Europe deviennent beaucoup plus clairs. Il s'agit d'un seul et même combat

Le loup Barnier, ministre, n’a pas mis plus de huit jours à sortir du bois.

Nous savons désormais qu'il s'agit d'un adversaire de l’Europe des Libertés.

JG Malliarakis

©L'Insolent

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(1) Un Mouvement Populaire ? la belle blague !!!

(2) En cela il mériterait l’appellation contrôlée du parfait jésuite, il se révèle un disciple de l’art politique selon Mitterrand, lui aussi élève des Bons Pères, et pour qui "en politique, on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment".

(3) Pour la mention de laquelle milite activement un groupe d'États auxquels ne s'opposent vraiment que les gouvernements de Paris et de Bruxelles. "Environ 10 pays sur 25 soutiennent activement cette inscription proposée par la Pologne", a ainsi révélé le 2 avril, lors d'un débat au parlement de Varsovie, le vice-ministre polonais des Affaires étrangères Jan Truszczynski.

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