BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
JEUDI 15 AVRIL 2004
OSONS DIRE NON AU PROTECTIONNISME FINANCIER
Et décernons un petit bon point à M. Devedjian, passagère hirondelle d'un éventuel printemps
Cest une platitude que de considérer, comme conséquence des élections désastreuses du 28 mars, outre le contrôle de 24 régions sur 26 par la gauche socialo-communiste (1), la baisse du rythme et de lintensité des réformes économiques.
Si lon se situe, par exemple, du point de vue des marchés financiers, ou de léconomie intérieure, il est hélas de fortes probabilités que la France soit entrée dans une phase de 3 ans dimmobilisme qui risquerait fort dêtre suivie de 5 années dune présidence de gauche, soit 8 ans de déclin industriel supplémentaire alourdissant le bilan des 30 années commencées avec larrivée de Giscard dEstaing à lÉlysée en 1974.
Quun tel schéma paraisse pessimiste nempêche pas sa vraisemblance : seule laction des hommes pourra, par exemple, aboutir à labolition effective en France des monopoles sociaux dont on aurait pu imaginer en 1992 que les directives européennes permettraient leffondrement "sans effort". (2)
Le coup darrêt au déclin économique comme à la décadence historique ne peut venir que dactes courageux, forts et pertinents.
Or, aujourdhui, les grands coups déclats ne sont pas à lordre du jour, notamment parce que le contexte intellectuel dominant est en France marqué par une lâcheté générale dont les politiciens donnent lexemple, dans un contexte didées entièrement fausses et pernicieuses.
Avant donc dentreprendre "frapper un grand coup ", que personne ne comprendrait, la première urgence est de combattre le misérable conformisme de la pensée unique française, mais aussi den débusquer les erreurs fondatrices.
Or, sil est assez courant dentendre, notamment les gens que lon dit de droite, stigmatiser, à plus ou moins juste titre, un certain "égalitarisme" ou même "lassistanat", refrains que nous sommes prêts à reprendre et même à relancer, si lon veut bien sentendre sur les mots, il nous semble que deux idées fausses sont trop souvent oubliées dans le catalogue du prêt à penser.
Première idée fausse : le Monopolisme. La plupart de nos réformateurs à la mie de pain voudraient voir la France pratiquer une gestion plus rationnelle des monopoles, alors que la première réforme consisterait au contraire à abolir toutes les clauses pénales qui définissent les frontières du monopole.
Deuxième idée fausse : le Protectionnisme.
Tout le monde na pas le talent dun Frédéric Bastiat, inégalable pour en démontrer la sottise. Hélas, dans sa propre patrie, Bastiat na pas eu (en nombre ) la descendance intellectuelle quil eût méritée. Au contraire, lidéologie dominante fait de la protection économique et de lintervention de lÉtat les deux piliers dune sorte de civisme social : non seulement on est minoritaire, mais on est "à lévidence un mauvais Français " quand on sécarte des mots dordre interventionnistes.
Nous étions donc, et nous sommes en droit de redouter un blocage de laction gouvernementale dans un sens protectionniste pour toutes les raisons évoquées ci-dessus.
Toutes les raisons : plus une ! Raison supplémentaire de ne pas être optimiste : la déclaration du Premier ministre en date du 16 mars à propos du dossier Aventis.
M. Raffarin, qui fait, depuis 2002, figure de caution libérale de son propre gouvernement, gouvernement dont le chef véritable est le président de la république, avait cru ce jour-là (3) nécessaire de prendre parti pour "la solution française " de loffre lancée par Sanofi-Synthelabo.
Triple erreur en effet :
Le discours présidentiel nous semble hélas confirmer que cette mauvaise idée interventionniste, gigantiste et protectionniste vient des services de lÉlysée.
Pis encore, dès les premiers jours de sa nomination, le nouveau ministre de la Santé, M. Philippe Douste-Blazy, très compétent spécialiste de lexégèse des vents dominants exclamait son adhésion à lidée dun "grand groupe français " de la pharmacie qui serait Sanofi-Synthélabo + Aventis.
On doit donc considérer que la déclaration du ministre délégué à lIndustrie, M. Devedjian en date du 9 avril rappelant que "le devoir de lÉtat est de rester neutre", entre Novartis et Sanofi, est plutôt une bonne nouvelle pour le travail français, pour lépargne française et pour lintelligence française.
Dans le climat actuel, ce genre de petites bonnes nouvelles est trop rare pour ne pas saluer celle-ci.
Dans cette météo médiocre, l'hirondelle Devedjian ne fait peut-être pas le printemps.
Cest peut-être la première fleur après lhiver et lhorreur de la guerre civile dans la saga du Docteur Jivago, sachant quand même quentre cette première fleur d'espoir et la fin (?) du communisme, il sest encore écoulé 70 ans.
JG Malliarakis
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- En 1997 on avait inventé la gauche plurielle. Cette formule semble avoir fait son temps, la dispersion des candidatures ayant abouti au tiercé perdant de 2002. On est donc revenu à une formule tendant à l'absorption savamment dosée des partis socialiste et communiste. Ceci nous semble légitimer le recours à l'adjectif socialo-communiste pour désigner cette "gauche" ayant remporté les élections régionales avec 40 % des suffrages.
- Aucune civilisation, même supérieure na aucune garantie contre limmortalité. LEmpire romain dOrient, qui bat tous les records de longévité historique, a duré 1 122 années mais il a fini par mourir héroïquement en 1453, soit 249 ans après avoir été blessé à mort, et traîtreusement par la Quatrième Croisade La monarchie capétienne a duré 800 ans mais son précurseur le royaume de David, n'a pas survécu à Salomon : durée 70 ans. Etc.
- soit 5 jours avant le 1er tour des élections régionales
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