BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
LUNDI 19 AVRIL 2004
M. ADLER DÉFENSEUR DE LA CAUSE TURQUE
Pourquoi le gourou de Jacques Chirac en politique extérieure est-il si contrarié ?
Ce 16 avril, sur France Culture, M. Alexandre Adler se lamentait, à sa manière si particulière, des difficultés que rencontre actuellement la candidature de la Turquie à lUnion européenne.
Aujourdhui, à lentendre, tout reposerait sur la solution que représenterait le plan Annan au problème de Chypre.
Si le plan Annan de réunification de Chypre réussit : bingo ! La Turquie est européenne, et c'est là encore une revanche paradoxale de l'Algérie française.
Si le référendum du 24 avril échoue, M. Adler se sent menacé de l'hypothèse contraire. Ce serait en effet une République de Chypre amputée de sa partie nord, occupée illégalement par larmée turque depuis 1974, qui entrerait le 1er mai dans lEurope des 25.
Et la dérive entre "les Turcs" et "les Européens" commencerait sa pente fatale.
Terrible perspective pour la grande idée de la diplomatie élyséenne !
L'Europe se "réduirait" de la sorte à un "Club chrétien" : damned ! C'est un peu comme si Israël décidait "soudain" d'être un "État juif". Impensable, n'est-ce pas ?
Au moins, M. Adler dit clairement son sentiment. "Je suis, a-t-il déclaré, plus proche dun franc-maçon turc que dun intégriste catholique bavarois, même sil aime Mel Gibson ".
Posé comme cela, le problème prend une autre dimension.
M. Adler, qui exerce par ailleurs des fonctions de gourou auprès de Jacques Chirac en politique extérieure, a peut-être ses raisons de se prononcer de la sorte. Mais alors, il ne pourra pas empêcher dautres citoyens de notre pays de "se sentir plus proches", à leur tour, dun Européen, imprégné de culture judéo-chrétienne, quel que soit ses convictions religieuses ou philosophiques, que dun intégriste islamique dAnatolie.
Et quant à moi, je tiens à dire que je me sens beaucoup plus proche dun paysan de Gascogne, dun instituteur laïc du Quercy, d'un ouvrier tailleur de Belleville ou dun artisan de Touraine, même lorsquils votent à gauche
que dun gros prétentieux Adler, ex-communiste mal blanchi et non repentant même s'il est le conseiller dun président de la république, supposé de droite, et dont lépouse va à la messe.
Voilà : moi aussi ça me soulage de le dire.
Je sais cependant que la tournure de phrase "je me sens plus près" est, par définition, totalement subjective.
Je sais bien d'autre part que la phrase ritournelle "rien ne sera plus comme avant" est aussi dérisoire que la conviction inverse.
Je me garderai donc de dire, quaprès cette affirmation de ce grand homme de gauche, il sera "impossible" de continuer à nous bercer dautres diraient : à nous gonfler avec le discours de la citoyenneté et de la solidarité. Ce sera si peu impossible de continuer qu'ils continueront effectivement.
Quand même, je risque la question. Si "je suis plus proche" dun gestionnaire américain de fonds de pension que dun dirigeant de la CGT pourquoi payerai-je encore pour les systèmes français de la protection sociale ? etc.
Mais, en dehors de cette phrase, qui se voulait provocatrice, M. Adler fait preuve dans sa chronique dune certaine perspicacité !
Il découvre que 70 % des Chypriotes grecs sont, d'après certains sondages, contre le Plan Annan et quils ont raison.
Il observe que Chypre (la république "grecque" de Chypre) sera contributeur net à lUnion européenne et que son économie marche très bien, au sud celle du nord étant désastreuse alors quil y a 30 ans larmée turque avait mis la main sur les terres les plus riches, les sites touristiques, les hôtels, les usines, etc.
Pourquoi donc les Chypriotes grecs accepteraient-ils de financer un plan Annan
Seulement, dans sa turcophilie outragée, Adler va encore plus loin.
Il découvre que les méchants Grecs sont un alibi commode pour le refus hypocrite des autres Européens.
Adler remarque que la nation turque est un peuple "dune grande dignité". (1) Adler laisse en suspens les scénarios possibles. Ils pourraient donc se vexer, se rapprocher des Américains (est-ce grave docteur ?), ne plus acheter d'armes françaises, etc. Quand lama fâché lui toujours faire ainsi.
Depuis décembre 1999, la diplomatie et les éditorialistes turcs se posent la question : "nos amis sont-ils nos amis ?".
Les ennemis, Adler entreprend de les dénoncer : "les Autrichiens" (2), mais aussi la méchante droite allemande, et même "l'intraitable" (!) Bayrou. Tous, ont dû, eux aussi, avoir les oreilles qui sifflaient pendant la chronique dAdler !
Lui, au moins est un fidèle de lamitié entre cercles dirigeants de Paris et dAnkara.
On peut aussi se demander pourquoi ce Monsieur Je Sais Tout sacharne de la sorte ?
Et enfin, pourquoi le fondateur du Courrier International fait-il mine dignorer que le dossier des Droits de lHomme, indépendamment de toute considération religieuse discriminatoire, interdit en létat, et interdira longtemps encore, toute complaisance pour lhypothèse dune Turquie européenne ?
JG Malliarakis
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(1) Sagissant dun autre pays, on dirait quils sont très nationalistes, peut-être même les qualifierait-on (oulala !) d'"ultranationalistes." Pourquoi M. Adler oublie-t-il en la circonstance ce vocabulaire convenu ?
(2) Qu'attendre d'autre d'un pays où la droite est alliée des populistes ?
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