Revenir à la page d'accueilAccéder au Courrier précédent Utiliser le Moteur de recherche Accéder à nos archives
• ...Pour commander le livre Socialisme maçonnique • ...Pour commander le livre La Conquête de l'Espagne par les Arabes ...
• ...Pour commander le livre Une Main cachée dirige • ...Vous pouvez commander en ligne sur la page du catalogue des Éditions du Trident
Logo de l'Insolent

BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

LUNDI 26 AVRIL 2004

LARMES DE CROCODILES SUR CHYPRE

L’échec du plan Annan : une fois de plus le machin onusien ne sert à rien

Tous les beaux discours n’y changeront rien. Les pleureuses de la presse bien pensante font chorus depuis ce 24 avril au soir, où le peuple chypriote a clairement dit non au plan Annan.

Car on doit bien considérer que le plan proposé par le secrétaire général de l’ONU, après plus de 40 ans de présence mondialiste à Chypre, après presque 30 ans d’occupation turque au nord, était une absurdité.

En mars, l’hypothèse de ce plan était déjà une inquiétude et on pouvait, déjà, le tenir pour une imposture. Il contenait 500 pages de détails.

Sa version définitive représentait 9 000 pages : lequel d’entre nous signerait, précédé de la mention "lu et approuvé", un contrat de cette longueur ? 75,8 % des Chypriotes grecs l’ont refusé.

Il est vrai que, dans la partie occupée, l’enjeu était différent. En votant "oui" à la réunification les électeurs désavouaient l’intransigeance de Rauf Denktash dont l’attitude, dictée par l’ambition personnelle de régner sur son "morceau de territoire" et par la volonté strictement géopolitique des cercles militaires d’Ankara, bloque en effet depuis 30 ans toute solution d’union. Malgré la présence de dizaines de milliers de colons venus d’Anatolie, les Chypriotes dits Turcs ont voté pour un rapprochement avec leurs compatriotes majoritairement grecs.

En cela, oui, on peut les féliciter et le président de la République de Chypre, M. Tassos Papadopoulos dans son intervention du 25 mars, (1) a clairement dit que les mesures pratiques de rapprochement continueraient.

"Tragique" ce référendum ?

C’est le discours des gros hypocrites de la prétendue "communauté internationale" qui ne représentent qu’eux-mêmes, tel M. de Soto, envoyé spécial de l’ONU depuis 5 ans ou M. Verheugen, commissaire européen à l’élargissement.

Ou bien ces bureaucrates n’ont rien appris des réalités en 5 ans de travail : et cette hypothèse n’est pas à écarter venant de gens dont les contacts se déroulent toujours dans les palaces internationaux, avec des représentants turcs, très habiles à les manipuler et à les endormir.

Ou bien ils ont tranquillement fait le choix d’une entrée inconditionnelle de la Turquie dans l’union européenne.

Beaucoup plus encore que l’hypothèse abstraite de savoir si l’Asie Mineure fait ou ne fait pas partie du continent européen, c’est à cette inconditionnalité qu’on devrait réfléchir.

D’où vient-elle ?

Où conduit-elle ?

Est-elle même de nature à faciliter, à long terme, les relations entre Européens et Turcs ?

Dans cette affaire, le secrétaire général de l’ONU a propulsé et patronné un plan, rédigé par des bureaux (9 000 pages, c’est plus que les œuvres complètes de Karl Marx), faisant fi de toutes les résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies et du Conseil de Sécurité depuis 1959.

Dans cette affaire, le commissaire européen chargé de l’élargissement a considéré comme acceptable un plan de 9 000 pages, conçu à Manhattan, signé d’un éminent représentant de l’Afrique et qui prétend faire fi des 85 000 pages de l’acquit communautaire, récusés par les extrémistes turcs qui, néanmoins, se disent candidat à l’Union.

Il est vrai que l'Onu nous a habitués à de tels échecs. Pas plus tard que le 23 avril, par exemple, la Commission des droits de l'homme des Nations unies adoptait vendredi une déclaration scandaleusement édulcorée à propos des exactions commises au Soudan par les milices gouvernementales islamiques. En privé tel responsable de l'Onu parle de nettoyage ethnique. Depuis février 2003, le conflit a fait 10 000 morts selon l'Onu, tandis qu'un million de personnes ont dû fuir leur village, 100 000 trouvant refuge au Tchad. Cette catastrophe humanitaire au Darfour est la plus grave du moment. Mais pour ménager à la fois les intérêts pétroliers et les susceptibilités islamiques, une fois de plus l'ONU étouffe le dossier.

Et cela dure exactement ainsi depuis 59 ans, depuis la création des Nations unies et depuis les accords de Yalta.

Peut-on citer un dossier résolu par l'ONU ?

Et c'est à cette organisation que l'Europe trouvait légitime de donner un rôle d'arbitre dans un débat opposant deux pays européens (la Grèce et Chypre) à un pays (la Turquie) candidat à l'Union européenne, certes, mais qui ne voulait ni l'arbitrage des Européens ni de la cour de La Haye…

Dans ce dossier, l’Europe déplore de se découvrir des frontières.

Mais, en fait, elle n’a pas que le mur de Nicosie à abattre ! Outre les problèmes internes à l’Europe des 15, toujours non résolus (Ulster, Gibraltar, pays basque, sans parler de … Bruxelles), l’Europe des 25 va avoir aussi à gérer, par exemple ce très épineux dossier de l'ancienne ville allemande de Koenigsberg, devenue Kaliningrad du fait du déplacement de frontières imposé à la Pologne par les accords de Yalta.

Tout cela fait partie de la vie, et ce sont bien des questions européennes. Mais souhaite-t-on franchement incorporer aux questions européennes

M. de Villiers a justement résumé le résultat du référendum du 24 avril : "C’est une bonne nouvelle pour l’Europe, c’est une mauvaise nouvelle pour les bureaucrates de Bruxelles".

Mais la question que l’on peut se poser, désormais, c’est qui l’emportera de la cause européenne des peuples ou de l’eurocratie ?

Prendra-t-on enfin conscience de la différence entre l’Europe des Libertés et l’Europe des technocrates ?

Il n’est pas sûr que les manipulateurs de l’opinion publique continuent encore impunément leur jeu pervers. Mais on doit les observer à l’œuvre.

Tout sera bon pour dénigrer, dans ce dossier les "vilains Grecs arriérés" qui n’ont pas voulu du joli plan mondialiste.

Les "vilains Grecs arriérés" ont l’habitude : ils savent bien qu’au pire, on privera de dessert leur délégation, et qu'une fois de plus on leur fera la leçon et on leur donnera en exemple les gentils Turcs, malgré la répression au Kurdistan, et autres petites bavures, tellement excusables.

La question est donc de savoir jusqu’où les autres Européens s’en laisseront conter.

Réponse le 13 juin ?

JG Malliarakis
©L'Insolent

(1) C'était aussi le Jour anniversaire du génocide arménien de 1915. La coïncidence n’est pas fortuite, venant des gens de l’ONU

(2) A-t-on oublié qu'il s'agit de la patrie d'Emmanuel Kant ?

• ...Pour commander le livre Une Main cachée dirige
Revenir à la page d'accueil ... Accéder à nos archives ... Accéder au Courrier précédent
Vous pouvez aider l'Insolent ! : En faisant connaître notre site à vos amis  En souscrivant un abonnement