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Tous les beaux discours ny changeront rien. Les pleureuses de la presse bien pensante font chorus depuis ce 24 avril au soir, où le peuple chypriote a clairement dit non au plan Annan.
Car on doit bien considérer que le plan proposé par le secrétaire général de lONU, après plus de 40 ans de présence mondialiste à Chypre, après presque 30 ans doccupation turque au nord, était une absurdité.
En mars, lhypothèse de ce plan était déjà une inquiétude et on pouvait, déjà, le tenir pour une imposture. Il contenait 500 pages de détails.
Sa version définitive représentait 9 000 pages : lequel dentre nous signerait, précédé de la mention "lu et approuvé", un contrat de cette longueur ? 75,8 % des Chypriotes grecs lont refusé.
Il est vrai que, dans la partie occupée, lenjeu était différent. En votant "oui" à la réunification les électeurs désavouaient lintransigeance de Rauf Denktash dont lattitude, dictée par lambition personnelle de régner sur son "morceau de territoire" et par la volonté strictement géopolitique des cercles militaires dAnkara, bloque en effet depuis 30 ans toute solution dunion. Malgré la présence de dizaines de milliers de colons venus dAnatolie, les Chypriotes dits Turcs ont voté pour un rapprochement avec leurs compatriotes majoritairement grecs.
En cela, oui, on peut les féliciter et le président de la République de Chypre, M. Tassos Papadopoulos dans son intervention du 25 mars, (1) a clairement dit que les mesures pratiques de rapprochement continueraient.
"Tragique" ce référendum ?
Cest le discours des gros hypocrites de la prétendue "communauté internationale" qui ne représentent queux-mêmes, tel M. de Soto, envoyé spécial de lONU depuis 5 ans ou M. Verheugen, commissaire européen à lélargissement.
Ou bien ces bureaucrates nont rien appris des réalités en 5 ans de travail : et cette hypothèse nest pas à écarter venant de gens dont les contacts se déroulent toujours dans les palaces internationaux, avec des représentants turcs, très habiles à les manipuler et à les endormir.
Ou bien ils ont tranquillement fait le choix dune entrée inconditionnelle de la Turquie dans lunion européenne.
Beaucoup plus encore que lhypothèse abstraite de savoir si lAsie Mineure fait ou ne fait pas partie du continent européen, cest à cette inconditionnalité quon devrait réfléchir.
Doù vient-elle ?
Où conduit-elle ?
Est-elle même de nature à faciliter, à long terme, les relations entre Européens et Turcs ?
Dans cette affaire, le secrétaire général de lONU a propulsé et patronné un plan, rédigé par des bureaux (9 000 pages, cest plus que les uvres complètes de Karl Marx), faisant fi de toutes les résolutions de lAssemblée générale des Nations Unies et du Conseil de Sécurité depuis 1959.
Dans cette affaire, le commissaire européen chargé de lélargissement a considéré comme acceptable un plan de 9 000 pages, conçu à Manhattan, signé dun éminent représentant de lAfrique et qui prétend faire fi des 85 000 pages de lacquit communautaire, récusés par les extrémistes turcs qui, néanmoins, se disent candidat à lUnion.
Il est vrai que l'Onu nous a habitués à de tels échecs. Pas plus tard que le 23 avril, par exemple, la Commission des droits de l'homme des Nations unies adoptait vendredi une déclaration scandaleusement édulcorée à propos des exactions commises au Soudan par les milices gouvernementales islamiques. En privé tel responsable de l'Onu parle de nettoyage ethnique. Depuis février 2003, le conflit a fait 10 000 morts selon l'Onu, tandis qu'un million de personnes ont dû fuir leur village, 100 000 trouvant refuge au Tchad. Cette catastrophe humanitaire au Darfour est la plus grave du moment. Mais pour ménager à la fois les intérêts pétroliers et les susceptibilités islamiques, une fois de plus l'ONU étouffe le dossier.
Et cela dure exactement ainsi depuis 59 ans, depuis la création des Nations unies et depuis les accords de Yalta.
Peut-on citer un dossier résolu par l'ONU ?
Et c'est à cette organisation que l'Europe trouvait légitime de donner un rôle d'arbitre dans un débat opposant deux pays européens (la Grèce et Chypre) à un pays (la Turquie) candidat à l'Union européenne, certes, mais qui ne voulait ni l'arbitrage des Européens ni de la cour de La Haye
Dans ce dossier, lEurope déplore de se découvrir des frontières.
Mais, en fait, elle na pas que le mur de Nicosie à abattre ! Outre les problèmes internes à lEurope des 15, toujours non résolus (Ulster, Gibraltar, pays basque, sans parler de Bruxelles), lEurope des 25 va avoir aussi à gérer, par exemple ce très épineux dossier de l'ancienne ville allemande de Koenigsberg, devenue Kaliningrad du fait du déplacement de frontières imposé à la Pologne par les accords de Yalta.
Tout cela fait partie de la vie, et ce sont bien des questions européennes. Mais souhaite-t-on franchement incorporer aux questions européennes
- la question du Kurdistan ?
- la question de la répartition des eaux à la frontière entre Syrie, Turquie et Irak ?
- les questions qui se posent aux frontières caucasiennes de la république turque ?
M. de Villiers a justement résumé le résultat du référendum du 24 avril : "Cest une bonne nouvelle pour lEurope, cest une mauvaise nouvelle pour les bureaucrates de Bruxelles".
Mais la question que lon peut se poser, désormais, cest qui lemportera de la cause européenne des peuples ou de leurocratie ?
Prendra-t-on enfin conscience de la différence entre lEurope des Libertés et lEurope des technocrates ?
Il nest pas sûr que les manipulateurs de lopinion publique continuent encore impunément leur jeu pervers. Mais on doit les observer à luvre.
Tout sera bon pour dénigrer, dans ce dossier les "vilains Grecs arriérés" qui nont pas voulu du joli plan mondialiste.
Les "vilains Grecs arriérés" ont lhabitude : ils savent bien quau pire, on privera de dessert leur délégation, et qu'une fois de plus on leur fera la leçon et on leur donnera en exemple les gentils Turcs, malgré la répression au Kurdistan, et autres petites bavures, tellement excusables.
La question est donc de savoir jusquoù les autres Européens sen laisseront conter.
Réponse le 13 juin ?
JG Malliarakis
©L'Insolent(1) C'était aussi le Jour anniversaire du génocide arménien de 1915. La coïncidence nest pas fortuite, venant des gens de lONU
(2) A-t-on oublié qu'il s'agit de la patrie d'Emmanuel Kant ?
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