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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

JEUDI 13 MAI 2004

EN MARGE DE L’AFFAIRE BATTISTI

On nous chante à nouveau le refrain des Droits de l'Homme de gauche

N’ayant ni le talent, ni l’énergie, ni la motivation de prendre parti directement sur le fond de l’affaire Battisti, on s’intéressera cependant à divers aspects latéraux, sinon collatéraux de ce drame de l’extradition.

Certes, on peut s’étonner que le quotidien de la pensée unique parisienne Le Monde (1), établisse une chronologie de l’affaire "avec l’AFP" en la faisant remonter à l’arrestation de cet auteur de romans policiers, en juin 1979. Une biographie plus détaillée, le fait naître en 1954 "près de Rome". Son adhésion au réseau terroriste des "Prolétaires Armés pour le Communisme" ne s’est pas effectuée dans l’innocence de l’utopie adolescente mais dans le contexte carcéral. Quant aux crimes pour lesquels il a été condamné, de manière définitive, dans son pays, en 1993, ils ont été commis à partir de 1978 : 4 meurtres plus une simple petite bavure, le fils d’une des victimes aujourd’hui tétraplégique.

Battisti clame son innocence. C’est un droit inaliénable. D’autres reprennent le refrain. Libre à eux. En même temps, au hasard de la littérature kilométrique consacrée à cette belle cause, on peut apprendre qu’il réclame aussi "le droit à l’oubli". Il faut choisir. Les prisons de la Péninsule ne sont pas celles de Mésopotamie, avant ou après la chute de Saddam Husseïn : s’il retourne en prison, Battisti pourra :

Ah ! Mais, dira-t-on, la France éternelle s’est prononcée. En la personne de Mitterrand, en l’an de grâce 1985. Roma locuta est, causa finita est (2). Et le père adoptif de notre Droit positif contemporain, le grand Badinter, ancien président du conseil constitutionnel, est allé l’expliquer au Corriere della Serra (3) "En tant que juriste, sans entrer sur le fond des débats, je répète que la position prise par un État, par l'intermédiaire de son plus haut représentant, ne devrait pas être contredite vingt ans après."

"En tant que juriste"…? Un peu étonnant n’est-ce pas ?

1° Cette fameuse "jurisprudence Mitterrand" de 1985 n’a jamais été écrite.

2° En particulier personne n’a jamais su si elle visait :

Il existe, s’agissant des nationalistes italiens de TP, réfugiés au Royaume Uni une vraie jurisprudence, il serait intéressant de la verser au débat en soulignant la différence manifeste :

3. Enfin, dans la mesure où la France a toujours été signataire de conventions d’extradition avec l’Italie, on ne comprend pas cette réapparition du souverainisme judiciaire d’État et cette immixtion du pouvoir exécutif français dans l’ordre judiciaire italien.

Allant plus loin encore que Badinter, les gens de la FIDH, Fédération dite Internationale des Droits de l’Homme de gauche, émanation très ancienne de l’appareil communiste (comme le MRAP) va jusqu’à évoquer une sorte de "droit de grâce international", exercé de manière non dite par François Mitterrand. Que diraient les mêmes gens si aujourd’hui un Chirac ou demain un Le Pen prétendaient exercer ce même droit en faveur de gens de droite ?

On n'est pas chauvin à gauche, mais enfin la France est le pays des Droits de l'Homme, le seul le vrai. Foin de l'Italie.

Et une autre des leçons que l’on peut tirer de la campagne pro-Battisti, c’est que l’homme de gauche a tous les droits.

Il n’est jamais "d’extrême" gauche. Même s’il est communiste, quand il participe à un gouvernement de coalition, c’est un ministre de "centre-gauche". Le mot "communiste", même quand il l’utilise encore à son profit (car l’idéal n’est pas mort, il a seulement été trahi, preuve de sa beauté, encore immaculée) ce mot ne peut pas servir à le désigner à son détriment. C’est comme dans la chanson de Renaud "Ma Gonzesse" : "Il ne faut rien dire du tout". Sartre est toujours présent, qui osait écrire "tout anticommuniste demeure un chien". Interdit de parler. Interdit même d’aboyer.

Dès lors enfin, que c’est, par définition, pour la bonne cause, tous les crimes sont permis à l’homme de gauche. Et "surabondamment", comme disent les avocats, ces crimes sont d’autant plus licites qu’ils n’existent pas. Les 4 morts dont Battisti selon la justice italienne serait responsable, dont 2 auraient été abattus par Battisti lui-même, sont morts par l’opération du Saint-Esprit.

Extrade-t-on le Saint-Esprit ?

JG Malliarakis

©L'Insolent

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  1. édition du 13 mai 2004
  2. "Rome a parlé, la cause est entendue (on n'en parle plus)", adage de l'ultramontanisme.
  3. édition du 5 mars

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