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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

MERCREDI 26 MAI 2004

L’ÉCHEC D’UNE GRÈVE ET L’IMPOSTURE DES BUREAUCRATIES SYNDICALES

Posent le problème de la complaisance des salles de rédaction

Au hasard des éditions en ligne, il est intéressant de comparer le texte installé par le Monde ce 25 mai à 9 h 41, avant la grève et la manifestation des syndicats de l’éducation nationale et l’article final installé à 19 h 17 sur le site du quotidien de la pensée unique.

Avant la manif, l’article annonce : "Journée de grève dans l’éducation nationale", avec pour premier intertitre "Forte mobilisation" et, en guise de signature, il est signalé que le texte a été publié "avec l’AFP" - c’est-à-dire qu’on s’est servi du mot d’ordre lancé par la rédaction de l’AFP la veille, repris par les radios d’État et journaux régionaux se partageant quelque 80 monopoles territoriaux.

Après la grève et la manifestation, le quotidien de la pensée unique est bien obligé de constater qu’il s’est produit une "faible mobilisation face à la fermeté du ministre". Et cette fois, Le Monde s’est servi des dépêches "AFP et Reuters".

Pour atténuer le sentiment de défaite syndicale, il est annoncé qu’à la rentrée on va voir ce qu’on va voir. Le secrétaire général de la FSU communiste, théoriquement majoritaire chez les enseignants, M. Gérard Aschieri, parle "d’une mobilisation difficile mais non négligeable" et il appelle mécaniquement à "prendre date pour des prolongements à la rentrée". Le représentant de l’UNSA, c’est-à-dire de l’ancienne FEN autrefois majoritaire, aujourd’hui surclassée par les communistes de la FSU qu’ils avaient voulu exclure, ose dire qu’il s’agit d’une "mobilisation en demi-teinte comme on s’y attendait".

Ceux qui s’y attendaient, n’avaient certainement pas forgé leurs pronostics grâce aux articles du Monde. Je lis en date du 24 mai, installé en ligne à 14 h 16 : "Quatre fédérations syndicales appellent à la grève" etc.… avec cette amusante publicité en surimpression : "Pour être informé avant tout le monde, recevez nos alertes par e-mail. Abonnez-vous au Monde.fr"…

À l’arrivée, venant après la mobilisation du 12 mars suivie dans une fourchette entre 12 et 24 %, celle du 25 mai, 2 mois après et dans un contexte que l’on présente comme un raz-de-marée de gauche, ne réunit selon les catégories que 10 % à 18 %. Ce recul de l’ordre de 3 ou 4 points dans le taux de grévistes correspond à une baisse de 20 % de leur nombre effectif Quant à la "grande manifestation" d’Ile de France, elle a réuni quelque 3 000 piétons entre République et Opéra.

Rappelons que l’Éducation nationale salarie plus de 800 000 enseignants (1) mais également que l’un des points forts de la mobilisation syndicale tendait à s’opposer au changement de statuts de 90 000 personnels non enseignants (TOS, techniciens, ouvriers et surveillants), qui vont cesser d’être fonctionnaires de l’État pour devenir agents des collectivités locales comme conséquence des lois dites de décentralisation.

Il est étrange d’ailleurs que les syndicats d’enseignants n’aient pas mis l’accent sur la perte considérable d’avantages vieillesse liée à ce changement de statut. La Caisse de retraite des collectivités locales est en effet considérablement pénalisée par l’usine à gaz comptable de la "sécurité sociale". Pudeur, ignorance ou inconscience, les centrales syndicales n’en parlent pratiquement jamais.

En tout cas, manifestement, les 90 000 victimes expiatoires de la réforme ne semblent avoir ni fait la grève, ni défilé avec leurs camarades et néanmoins défenseurs. Pratiquement on nous annonçait 60 000 peut-être 100 000 personnes dans les rues "comme le 12 mars" — peut-être plus… On n’a rien vu.

Ce fait n’est pas nouveau. Au printemps 2003, on avait pu observer l’échec des mobilisations contre la réforme des retraites, aussi bien dans l’Éducation nationale que dans les Transports en commun. Or, les médiats, eux-mêmes auto baptisés "du secteur public" annoncent singulièrement les grèves comme destinées au plus grand succès, tendant à provoquer le désarroi des usagers.

En fait de désarroi, ils engendrent surtout la colère des parents d’élèves, des mères de famille qui travaillent, des salariés qui entendent se rendre à leur bureau – et s’organisent en conséquence.

Une réflexion s’impose, non seulement sur la licéité de ces grèves minoritaires, mais aussi sur la complaisance des salles de rédaction.

JG Malliarakis

©L'Insolent

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(1) Ce chiffre colossal ne concerne que les personnels enseignants. Il est à comparer avec les effectifs de 1958, qui étaient de 300 000, pour des classes d'age plus nombreuses. À l'époque, on estimait que "50 000 d'entre eux pour le moins cotisent au parti communiste ou à ses filiales" (Cf. Le Contrat Social janvier 1958) Sur les problèmes de l'Éducation on lira avec profit "Dernières Nouvelles du Mammouth".

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