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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
JEUDI 27 MAI 2004
LA CONQUÊTE DE L'ESPAGNE PAR LES ARABES (711-1492)
Au bout de sept longs siècles ils furent chassés. Définitivement ?
Nous savons tous, ou presque, que l'Espagne a été conquise, en 711, par les Arabes. Nous savons tous, ou presque, que Charles Martel a arrêté les Sarrasins à Poitiers en 732. Nous n'ignorons pas, en général, que les Rois catholiques ont mis fin à cette présence islamique en Europe à la fin du XVe siècle.
Tous les jours nous entendons dire, sur les ondes du service public de l'audiovisuel le plus grand bien de cette période de plus de 700 ans, dont les vestiges architecturaux sont assurément plus prestigieux que les bunkers du Mur de l'Atlantique. On les visite beaucoup en s'abstenant de souligner qu'il s'agit de témoignages d'une présence, en Andalousie, de princes musulmans.
Or, il nous est dit, maintenant, que cette même Péninsule ibérique a été, au Moyen âge le lieu d'une magnifique cohabitation des trois religions du Livre, des chrétiens, des juifs et des musulmans.
Qu'en a-t-il été réellement ?
Qu'en pensait-on en général jusqu'à une date très récente, celle de l'avènement du politiquement correct et de la pensée unique ?
Le livre "la Conquête de l'Espagne par les Arabes" vous dit tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur lEspagne musulmane (711-1492) sans jamais oser le demander : Doù venaient les conquérants ? Comment le royaume wisigoth a-t-il pu seffondrer ? Les Arabes établirent-ils un royaume de tolérance et de cohabitation pacifique entre chrétiens, juifs et musulmans ? Cette domination étrangère, qui dura des siècles, fut-elle au moins une période de paix, dordre et de prospérité dans la partie occupée par les musulmans ? A-t-elle laissé un bon souvenir dans la conscience historique de la nation espagnole ?
Ce livre nest évidemment pas dans lair du temps.
L'air du temps est en effet à la fausse rencontre des cultures, au choc programmé des civilisations, dont certaines se révèlent surtout dans leur capacité de barbarie, et aux mensonges, aux hypocrites manifestations repentances unilatérales sur l'Histoire de l'Europe.
Ce livre a été écrit au XIXe siècle, à une époque où nexiste aucun parti pris islamophobe. Il nen est que plus convaincant.
Son auteur, un orientaliste reconnu, ferait sans doute aujourdhui partie de la vaste cohorte des intellectuels politiquement corrects. Édité en 1863 par une maison alors catholique, approuvé par le cardinal archevêque de Paris, il figurait en bonne place dans la Bibliothèque de la jeunesse chrétienne. Le Second Empire, encore concordataire, le distribuait dans les écoles.
On ne trouvera pas, dans le livre de Jules de Marlès, un mot d'hostilité systématique envers lIslam, d'adhésion enthousiaste à lidéologie de la Reconquista espagnole, encore moins à celle de la Croisade (2).
Cest d'ailleurs lépoque où Napoléon III envisage dinstituer en Algérie un royaume arabe et un royaume berbère protégés par lEmpire français, ce que Lyautey cherchera plus tard et réalisera au Maroc.
Et pourtant, dans sa sobriété même à lendroit des malheurs des Chrétiens espagnols, ce livre fait voler en éclat toutes les légendes actuellement forgées autour de lAndalousie médiévale. Dans cette partie occupée de l'Europe, dans ces diverses principautés, totalement dominées par les musulmans, sporadiquement déchirées par les chaos internes aux tribus, lesquelles sont toutes dorigine moyen-orientale ou nord-africaine, les Chrétiens ne comptent pour rien. Chose révélatrice entre toutes : jusquau bout, la "nation" à laquelle on se réfère, nest pas autre chose que la communauté des musulmans. Une fois détruit le califat omeyyade, et chassée la dynastie syrienne régnant à Cordoue, ce sont, plus de 500 ans après la conquête, les almoravides et les almohades africains qui se disputent les dépouilles dun territoire, progressivement refoulé vers le sud par la Reconquête.
La réalité semble donc avoir été fort différente de cette mythologie de lAndalousie heureuse, de toute évidence excessive...
Dans la partie musulmane de lEspagne, le livre montre assez bien combien lexistence même des Chrétiens fut, pendant plus de 700 ans complètement marginalisée.
On trouvera en couverture une carte représentant le partage entre le Nord de la péninsule ibérique, demeuré en la possession des princes chrétiens, et le Sud, soumis aux Musulmans, tel quil se situait au Xe siècle.
Laissons le lecteur découvrir ce quétait le Sud conquis.
Il avait sa part de poésie et de noblesse, sa part de charme venu dOrient.
Celui-ci chercha peut-être à sacclimater en Europe. Il a certes laissé quelques beaux monuments princiers, de princes étrangers, ou religieux, ceux d'une seule religion, la leur.
Au bout de plus de sept siècles, certes durement, et avec une part d'injustice (3), l'occupant fut chassé.
Définitivement ?
JG Malliarakis
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(1) Disponible par correspondance aux Éditions du Trident 39 rue du Cherche Midi 75006 Paris Tel 06 72 87 31 59. Un livre de 192 pages au prix de 20 euros (port gratuit pour un envoi simple).
(2) On sait, ou plutôt on savait encore naguère, que la Croisade était un thème important de la propagande franquiste. Mais qui donc connaît encore les idées de la Phalange espagnole ?
(3) Pour avoir vraiment le droit de condamner, aujourd'hui, les injustices des Rois d'Espagne des XVe et XVIe siècles, il faudrait avoir la certitude qu'en France, par exemple, la libération de 1944 aurait été tout à fait exempte de crimes, d'amalgames et d'injustices, dont la responsabilité (principale) incombe certainement aux communistes. Ne parlons même pas de l'indépendance de l'Algérie.
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