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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

JEUDI 3 JUIN 2004

FACE À LA PROVOCATION DE BÈGLES

La défense de la liberté et du droit des familles françaises est une cause sociale... tous les Français doivent y concourir, en dehors de toute considération religieuse...

La provocation de M. Noël Mamère, haineux petit gauchiste agressif propulsé à la mairie de Bègles par les magouilles du parti se réclamant de l’écologie, a au moins un mérite.

Elle va, évidemment, un peu au-delà du degré de moisissure auquel les Français sont accoutumés.

Les définitions légales et lexicographiques du mariage se limitent au cas universellement connu d’un homme et une femme. Toute autre hypothèse est tellement absurde qu’en effet les articles 144 et suivants de notre bon vieux Code Civil, dont le mariage fait l’objet du Titre Cinquième, 85 articles et 54 pages dans l'édition Dalloz, ne l’évoque pas.

C’est sur cette absence de référence que se fonde Mamère, contre l’avis du procureur de la république, du Larousse et du bon sens.

De la sorte, M. Mamère suscite une vocation, trop rare en général chez les réactionnaires, de gens qui réagissent effectivement à la pratique décadentielle qu’il incarne.

J’ajoute que cette protestation me semble plus nécessaire qu’une sanction pénale.

Car la loi française, qui punit le prêtre procédant à un mariage religieux en l’absence d’un mariage civil, n’a rien prévu pour la pantomime grotesque de l’union de deux pauvres folles.

Et c’est tant mieux car ce qui est infiniment nécessaire, c'est de réveiller la conscience sociale et d’en finir avec l’endormissement des braves gens confiants dans l’intervention des gendarmes, et à défaut des Tuniques bleues de la cavalerie des États-Unis.

Dans un très remarquable article de la revue Permanences (1), M. Jacques Trémollet de Villers, qui est à la fois un grand juriste et un chrétien engagé, en appelle lucidement au réveil du courage. Il faudrait citer entièrement ce texte admirable suscité par la provocation de Bègles : c'est un véritable réquisitoire contre la lâcheté et l’inaction.

Un point cependant, dans le raisonnement de Jacques Trémollet me laisse perplexe.

À juste titre, il fustige le caractère antichrétien de l’opération. Je serais tenté même d’aller plus loin. L’union légale homosexuelle n’est pas seulement contraire à tout l’héritage judéo-chrétien de l’Occident : sa légalisation est une manifestation explicitement hystériquement sataniste, un retournement méphitique de l’institution sociale du mariage. De ce fait, il s’apparente au "mariage simulé", lequel est juridiquement nul, "faute de consentement"(2). C'est une insulte au mariage parce que c'est, délibérément, une nouvelle agression contre la famille.

Sans aller plus loin, mon interrogation porte donc sur la question posée par Jacques Trémollet à ses coreligionnaires chrétiens : "Ne sommes nous pas la majorité ?"

Si l’on entend par chrétiens le nombre des baptisés, certes, en France, la majorité des citoyens a reçu le baptême et je commettrais une grave transgression de mes propres convictions en considérant comme insignifiant ce sacrement.

En revanche, si j’observe la pratique religieuse, j’invite Jacques Trémollet à considérer les statistiques froides de l’Union européenne. En retenant pour critère le nombre d’Européens qui assistent à un culte chrétien au moins une fois par mois, la France est un des pays où les pratiquants sont les moins nombreux : 12 % contre 9 % en Suède, mais une majorité dans divers pays catholiques comme l’Italie (53 %), la Pologne (78 %), l’Irlande (67 %), la Slovaquie (50 %), le Portugal (51 %), etc.… (3)…

Le concept de "fille aînée de l’Église" ne peut être invoqué qu’à titre de courtoisie, s’agissant de la France. Il y longtemps d'ailleurs que Jean-Paul II apostrophait ce pays en disant : Qu’as-tu fait des promesses de ton baptême ? Jacques Trémollet ne l’ignore pas (4).

De la sorte, il n’est pas possible aujourd’hui de mener une bataille pour l’ordre civil en faisant appel à une "majorité" chrétienne, tout simplement parce que cette majorité n’existe plus.

Elle n’existait pas, faut-il le rappeler, il y a exactement un siècle au moment de la grave crise qui eut pour aboutissement la Loi de Séparation.

Rappelons en effet que les élections successives de 1898, 1902, 1906, 1910 et 1914 virent toutes la victoire des coalitions de gauche et la consolidation des radicaux (5).

À l’inverse, d’ailleurs, les nationalistes (6) virent leur nombre décliner : ils sont 48 en 1902, 30 en 1906, 19 en 1910 sous le nom de groupe des droites, 15 en 1914, sur une Chambre comptant entre 585 et 601 députés.

De même, l’Action libérale, le petit parti catholique, hostile au laïcisme mais "rallié" aux institutions républicaines, comptera 32 députés en 1910 et 23 en 1914 (7). L’histoire de la IIIe république montre clairement que la France a cessé d’être majoritairement chrétienne, en gros à partir de 1877 (8).

Cela est si vrai que Charles Maurras, à partir de 1899 imaginera de lancer son œuvre de restauration nationale sur la base de ce qu’il appelle le "compromis nationaliste" (9) et d’une épistémologie sociale qu’il appelle "empirisme organisateur". Malgré ses convergences très fortes avec une partie des chrétiens, avec bon nombre de jésuites ou de thomistes, il demeurera très longtemps lui-même un agnostique saluant "l’Église de l’Ordre" (10). On prendra prétexte des relents de nostalgie pour le paganisme antique pour le faire mettre à l'Index par le Vatican de 1926 à 1939 (11).

J’ai bien peur qu’aujourd’hui les choses ne soient encore plus "radicales". La défense de la liberté et du droit des familles françaises est une cause sociale. Certes les chrétiens ont le devoir de s’y investir. Les catholiques devraient le rappeler fortement à leurs évêques.

Mais en fait, tous les Français doivent y concourir, en dehors de toute considération religieuse.

JG Malliarakis
©L'Insolent
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(1) n° 340 de juin 2004

(2) article 146 du Code Civil

(3) Cf. Les Quatre Vérités du 29 mai 2004, n° 449

(4) Accessoirement, ce titre, traditionnel en occident, est historiquement fort contestable : d'autres pays ont été christianisés bien avant la Gaule romaine. Le christianisme proprement dit est né en Syrie, à Antioche (cédée à la Turquie par la France mandataire en 1939). Le premier territoire touché par l'évangélisation est l'île de Chypre, le premier royaume à devenir chrétien fut l'Arménie, etc. plus de 150 ans avant le baptême de Clovis.

(5) Beau de Loménie dans son tome II (De Mac Mahon à Poincaré) donne un éclairage essentiel de cette consolidation du radicalisme, de la naissance du parti radical et de son allié intermittent, l'alliance démocratique, qu'il désigne pour le "parti des grands habiles".

(6) Si souvent tenus pour responsables de la guerre ! La guerre de 1914 n'a pas été déclenchée par les nationalistes français, — qui ont courageusement défendu leur patrie, faut-il le leur reprocher ? — elle a été commencée, conduite, prolongée et sabotée par une coalition de radicaux et de socialistes. C'est l'anticlérical Clemenceau en 1917 qui refuse une paix séparée avec l'Autriche-Hongrie et c'est la même tendance qui s'emploiera au moment des traités de Versailles, Trianon et Saint-Germain-en-Laye à détruire l'espace danubien au motif qu'il s'agit d'une puissance catholique.

(7) Si la majorité des Français avait été chrétienne entre 1901 et 1914, elle aurait sanctionné par ses votes la scandaleuse persécution lancée par le "combisme" contre le catholicisme (inventaires des Églises, expulsions de congrégations, fichages dans l'armée des officiers pratiquants, tentatives d'organiser un schisme sur la base des associations cultuelles, etc.) Aujourd'hui on présente la loi de séparation de 1905 comme fondatrice d'une sorte de paix civile, et les ignorants le répètent à l'envi. À l'époque, ce fut au contraire, une loi de guerre civile, — dont seul un Aristide Briand parvint à atténuer certains excès — et ses conséquences furent très lourdes sur la conduite de la guerre de 1914.

(8) Date, à la fois, de la défaite de Mac Mahon et de la rupture du Grand Orient de France avec le "déisme" de la maçonnerie anglo-saxonne

(9) Entre catholiques et agnostiques. Maurice Barrès en appellera plus tard à l'union des "familles spirituelles de la France".

(10) c’était avant Vatican II.

(11) Mon émission sur Radio Courtoisie du 4 juin en deuxième partie tentera de répondre à cette absurdité avec Jean Madiran, directeur du quotidien Présent, et qui est à la fois un continuateur de la pensée catholique thomiste et un disciple de Charles Maurras.

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