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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

LUNDI 7 JUIN 2004

LA LIBERTÉ CELA SE MÉRITE…

S'il plaît aux Français d'être battus par la Sécu, faut-il se plaindre que les vilains étrangers ne viennent pas les délivrer ?

Nous avons appris une nouvelle importante en cette fin de semaine. Après avoir ouï dire, pendant quelque 60 ans, que le peuple de Paris s'était libéré lui-même en 1944, nous avons entendu le président de la république laisser à entendre que certaines armées alliées n'y seraient pas étrangères. Nous avons eu d'autre part la confirmation, — et cela est assurément une bonne nouvelle pour tous les Européens, — que Français et Allemands n'avaient jamais cessé d'être les meilleurs amis du monde. Les deux guerres mondiales ont donc servi à quelque chose : pas seulement à détruire l'Autriche-Hongrie en 1919, à déplacer les frontières de la Pologne vers l'ouest en 1945, et plus généralement à abaisser l'Europe.

Reste la grande affaire de la Liberté.

Le 11 février 1945, la déclaration sur l'Europe libérée faite à Yalta, livrait l'Europe de l'est au bloc soviétique. Et aujourd'hui encore les événements de Mésopotamie nous confirment qu'un peuple peut avoir été effectivement libéré sans être tout à fait libre.

La liberté en effet, cela doit aussi se mériter. Un pays peut être effectivement conquis par un autre : c'est généralement affreux. Mais il peut aussi trouver en lui-même les moyens de construire l'oppression étatique. Et c'est hélas atrocement ordinaire.

Nous nous demandons, pour dire le vrai, s'agissant de nos populations, de nos élites, de nos entreprises, ou même de ceux, parmi les Français, qui voudraient travailler, de ceux qui souhaitent apporter quelque chose à leur pays plutôt que d'attendre l'assistanat de l'État (1), non seulement s'ils sont libres aujourd'hui de le faire, mais s'ils sont libres de le penser.

Ne jetons pas la pierre exclusivement aux gens qui très officiellement militent pour plus de collectivisme. Ils étaient 120 000 dans la rue, sur toute la France, ce 5 juin, tous syndicats confondus, de la CFTC aux concurrents d'extrême gauche de la CGT, à se mobiliser pour faire reculer Douste-Blazy et son projet miteux de "réforme" de l'assurance-maladie monopolistique. Quand on lit certaines affiches électorales, sur le thème "la Sécu elle est à nous" on se rend compte en effet de l'existence d'un courant d'oppression étatique interne à la France.

Ce slogan "la Sécu elle est à nous" est certes celui d'un groupuscule trotskiste qui s'intitule un peu dérisoirement le "parti des travailleurs". En fait, il s'agit de la xième appellation de l'organisation "lambertiste". Électoralement, ces gens ne représentent rien. Leur tentative de démontrer (2) que le déficit de la sécurité sociale "n'existe pas" ne mérite plus de convaincre les électeurs le 13 juin que leur candidat Daniel Gluckstein n'a obtenu de suffrages le 21 avril 2002. Mais au sein des bureaucraties syndicales, et dans l'arrière-cour des appareils politiques et des cercles philosophiques, ils pèsent beaucoup plus. Ils ont notamment la main sur Force Ouvrière et, jusqu'en 1996, ils tenaient effectivement la branche maladie de la sécurité sociale. Le propre des lambertistes depuis quelque 40 ans, comme celui de leur rivale Arlette Laguiller porte-parole inusable d'une secte trotskiste concurrente, consiste à dire sottement et tout haut ce que la gauche cherche à faire gober par des voies plus détournées. On a donc le droit de dire que la formule "la Sécu est à nous" est commune à toute leur gauche.

Et au fond je veux bien leur concéder que la Sécu est à "eux" : c'est pourquoi je la leur laisse.

En 1995, à l'époque où se préparait le plan Juppé, Blondel allait même jusqu'à dire que "l'argent des cotisations sociales appartient aux travailleurs". Mais pourquoi n'est-il pas allé plus loin dans ce registre ? Pourquoi ce prétendu contestataire n'est-il pas allé jusqu'à demander des comptes au CNPF de l'époque, devenu MEDEF, de toutes les retenues que la comptabilité des entreprises effectue pour le compte de l'URSSAF sur le coût réel du travail ?

Là, si des gens de gauche avaient le courage de procéder de la sorte et de réclamer restitution de la feuille paye intégrale à charge pour les salariés de cotiser librement, eux-mêmes, directement, à l'assurance-maladie, à l'assurance-vieillesse et aux allocations que la France verse si généreusement à "toutes" les familles, alors, oui, nous serions d'accord avec ces gens de gauche honnêtes, ces véritables défenseurs de la liberté sociale.

Il faut, hélas, reconnaître que, sur ce terrain, nous demeurons à l'état de virtualité pour ne pas dire d'invraisemblance.

Nous souhaiterions, aussi, que l'esprit anti-monopoliste des Directives européennes de 1992, signées à l'époque par le gouvernement socialiste français, entre enfin en application dans le Droit positif de l'Hexagone, comme cela devait se faire en 1994. Il faut reconnaître que cette liberté-là ne sera pas, ou très difficilement, ou très lentement et au prix de mille malentendus, imposée à l'État français par les diverses instances communautaires. Elles pourraient légitimement le faire, mais elles ne l'ont pratiquement jamais fait, en raison du caractère "intergouvernemental" (3) de l'Europe institutionnelle actuelle.

Et puis, là encore, "s'il plaît aux Français d'être battus", faut-il se plaindre que les vilains étrangers ne viennent pas les délivrer ?

La Liberté cela se mérite !

JG Malliarakis

©L'Insolent

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1. C'est ainsi que je me permets d'interpréter la phrase fameuse de JF Kennedy qui peut, hélas, s'entendre, et qui est même généralement comprise en France dans un sens plus collectiviste.

2. Le "raisonnement" consiste à comparer le "déficit courant" (moins de 4 milliards d'euros pour 2002, passé à 6 ou 7 selon les évaluations) au cumul des "exonérations patronales" depuis 1993 (qui serait de plus de 110 milliards). Ridicule ? Évidemment ! Mais pas plus que les autres raisonnements habituellement servis pour "sauver la Sécu"…

3. Et le projet de Traité constitutionnel, — tel qu'il résulte des marchandages arbitrés par M. Giscard d'Estaing jusqu'en juin 2003, et des négociations menées depuis le 1er janvier 2004 sous la présidence irlandaise, — tendrait plutôt à renforcer le caractère intergouvernemental des institutions européennes.

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