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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
MARDI 8 JUIN 2004
UN VOYAGE DE SARKO EN ALGÉRIE
La moitié du CAC 40 accompagnait le ministre des Finances : qu'allaient-ils donc faire dans cette galère ?
Pendant que d'autres allaient commémorer le passé de l'Europe sur les plages de Normandie, le ministre français des Finances était en déplacement Outre-Méditerranée, sinon pour continuer le Plan de Constantine, du moins pour financer ce que l'on appelle l'avenir euro-méditerranéen.
M. Nicolas Sarkozy, pour la circonstance, était accompagné de chefs d'entreprises. Il s'agissait de manifester une volonté de coopération économique entre les deux pays avec, pour l'Algérie, nous dit-on, "la volonté d'accélérer sa croissance", et, pour la France, de "favoriser l'emploi". (1).
M. Nicolas Sarkozy a rencontré le si sympathique président algérien M. Abdelaziz Bouteflika, en audience puis au déjeuner le 5 juin, et la quasi-totalité du gouvernement, dont le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Il paraît que cette mobilisation est un honneur assez rare pour un ministre étranger.
Or, M. Nicolas Sarkozy était accompagné des PDG de grands groupes industriels, Alstom, Amec Spie, Bouygues, Gaz de France, RATP, SNCF, Suez, Total, Veolia etc. "La moitié du CAC 40 m'accompagne", a remarqué l'homme de l'État.
Est-ce vraiment rassurant pour le "CAC 40" ?
Nous n'en sommes pas convaincus.
Avec M. Bouteflika, M. Sarkozy est entré dans la dialectique du président algérien disant souhaiter que les entreprises françaises "accompagnent le développement algérien", MAIS "en s'engageant de manière durable, avec des contrats de longue durée, voire des concessions, en échange d'une conversion de leurs créances en investissements".
M. Bouteflika et son gouvernement s'engageront-ils de leur côté sur la question cruciale du droit de propriété, bafoué depuis plus de 40 ans par l'Algérie indépendante, sur la libre circulation des capitaux, sur le rapatriement des bénéfices etc. ?
Ou bien, au contraire, le propos même sur "l'engagement durable" ne signifie-t-il pas précisément que l'on demeure dans une conception socialiste étatique de l'investissement international, qui a ruiné la partie du Tiers-Monde qui n'est pas sortie de ces conceptions ?
Le marché de l'Algérie, pays dont les finances reposent sur le pétrole, mais où "beaucoup reste à construire ou à améliorer" (chemin de fer, eau, infrastructures d'énergie, route, bâtiment) nous est présenté pour "désirable".
Or, on remarque que la plupart des projets dont on est en train de parler concernent des entreprises françaises travaillant pour l'État, par l'État, dans l'État, à coup de subventions, de transferts et de copinages.
Est-ce donc cela "la moitié du CAC 40" ?
Prenons, au hasard, le groupe Suez qui a tant souffert du non-respect du droit par l'État en Argentine : quelle garantie obtiendra-t-il du respect du droit par l'État algérien ?
M. Sarkozy a avancé sur le projet d'équipement du métro d'Alger : ce contrat de 350 millions d'euros est une manière de soutenir la société Alstom, au capital de laquelle l'État va entrer, dans le cadre du plan de sauvetage de l'entreprise.
Entre sa visite de la grande Poste d'Alger, suivi d'un bain de foule soigneusement "improvisé", et une visite à la foire internationale d'Alger, M. Sarkozy a visité le chantier de la première ligne du métro, longtemps interrompu, mais dont le président Bouteflika souhaite désormais qu'elle fonctionne en 2008.
M. Sarkozy s'est ainsi extasié sur la qualité du gros uvre, parcourant à pied un tunnel qui attend désormais rails, rames et signalisation : "Il est impressionnant de voir ce que savent réaliser les entreprises algériennes, il n'y a plus qu'à y mettre des machines françaises", a lancé le "premier voyageur du métro d'Alger" (2).
M. Sarkozy a proposé de passer de 30 %, évoqué jusqu'à présent, à 50 %, la garantie de financement du projet par des prêts français, ce qui assurerait la faisabilité de cet investissement, mais non sa rentabilité.
Le PDG d'Alstom, aux résultats financiers si brillants, M. Patrick Kron, a de son côté signé le 5 juin un contrat, déjà négocié, de 88 millions d'euros pour l'électrification du réseau ferré de la banlieue d'Alger.
M. Sarkozy a accepté par ailleurs que 61 millions d'euros de dette algérienne non remboursée soient "convertissables en investissements", au point mort depuis un an et demi, ce qui permettra à divers industriels de faire évoluer certains projets.
Et il a annoncé une deuxième tranche de 50 millions d'euros.
Une délégation du ministère français des Finances reviendra à Alger la semaine prochaine pour discuter de ces questions.
Souhaitons, dans l'intérêt des Algériens eux-mêmes, que les captivités financières ainsi consenties ne soient pas considérées comme des encouragements à un État qui serait incité à retourner à une pratique de la piraterie financière de type barbaresque.
Plus généralement, M. Sarkozy veut recenser les financements possibles pour créer ce qu'il a appelé une "boîte à idées" permettant de faire avancer des projets étatiques français en Algérie.
Cette visite était à la une de l'ensemble des journaux d'Alger. il est vraiment dommage qu'elle n'ait pas reçu le même écho dans la presse de Paris.
M. Sarkozy a prétendu se baser sur l'expérience du passé pour y trouver "le gage qu'à l'avenir plus jamais on ne se battra mais on construira" : "l'Algérie change, ici se joue une partie extrêmement importante, et la France se doit d'y être présente".
Sera-t-il au rendez-vous le jour où il faudra en payer l'addition ?
JG Malliarakis
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1. Franchement, nous avons beaucoup de mal à comprendre comment la coopération d'État entre la France et l'Algérie peut être de nature à "favoriser l'emploi" dans l'Hexagone.
Il nous semblerait plutôt que la relance de l'emploi dans notre pays supposerait, par exemple 1. la baisse des prélèvements obligatoires et de la dépense publique 2. L'incitation au retour libre des capitaux vers l'Hexagone 3. le rapatriement des cerveaux 4. le renoncement de l'État aux discours et aux pratiques de nature à accélérer la fuite des capitaux et des cerveaux 5. la fin des subventions accordées aux activités en perte de vitesse et qui proviennent par définition de ponctions opérées sur les franges dynamiques de l'activité nationale
Nous voyons mal la place de telles exigences dans le contexte franco-algérien. Nous avons même l'impression qu'il y a une contradiction totale. Les actuelles coopérations d'États, jusqu'ici tendent surtout à aggraver l'exportation des "bac plus 6 ", l'importation des "bac moins 6", ou la fabrication des "bac moins 20" Le seul service que nous rendrions à l'Algérie serait d'ailleurs de rassurer sur leur pays ses propres diplômés qui, fuyant l'islamisme terroriste, constituent, parfois, des apports non négligeables en personnels de qualité. Ces ingénieurs, ces médecins, ces professeurs ou ces petits entrepreneurs qui ont fui la situation terrible de leur pays seraient certainement plus utiles là-bas.
2. Ce surnom, qu'il s'est lui-même attribué lui restera peut-être. Ce serait injuste pour les centaines de milliers de Franciliens qui ont le sentiment de l'avoir précédé.
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