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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

DIMANCHE 13 JUIN 2004

AVANT DE NE PAS VOTER

On devrait toujours réfléchir …

On devrait toujours réfléchir avant d'accorder son suffrage à un politicien. Les lois de financement des partis, ces institutions dont la seule certitude juridique est celle des subventions qu'ils reçoivent, ont achevé de pervertir ce que la loi laxiste de 1901 sur les associations, combinée aux textes constitutionnels de 1958, avait largement corrompu.

Mais la réflexion est encore plus nécessaire le jour où l'on retire sa voix au camp auquel on s'était rattaché jusque-là.

La loi historique très généralement vérifiée dans les affrontements pacifiques de la démocratie, comme dans les confrontations (toujours) cruelles de la guerre, c'est bien que le camp le plus uni et le plus actif l'emporte sur la coalition la plus divisée et la plus inerte.

Aujourd'hui en France la droite est dramatiquement déchirée. Et c'est sans doute ce qui explique que les sondages soient très défavorables à la droite institutionnelle, et si étonnamment favorables à une gauche, pourtant totalement nulle, qui s'unit sans complexes dans sa médiocrité comme dans ses refus.

Ne revenons pas sur notre plus grand commun diviseur : les lecteurs de l'Insolent, comme la plupart des citoyens, ne peuvent pas ignorer qui est, en France le tenant du titre en matière d'autodestruction de ce qui devrait être le grand parti de la liberté sociale, de l'initiative individuelle et du progrès économique. Depuis plus de 30 ans les records de M. Chirac ne sont dépassés que par lui-même. Il trouvera peut-être un successeur : il aura fort à faire comme hériteront d'ailleurs d'une tâche immense ceux qui entreprendront de relever ce pays de l'ornière où l'a plongé son règne, venant après la stagnation de l'ère Mitterrand…

Au moment où ces lignes sont écrites, pour la première fois depuis les accords de Yalta, c'est l'Europe des 25 qui accomplit ensemble un geste civique, certes symbolique représentant un destin commun.

Si je lis cependant les professions des 27 listes d'Ile de France, ou des 18 listes présentes dans la région où je trace actuellement ces lignes, je ne vois aucune ligne de partage, et aucune perspective d'un avenir lisible sur les questions qui vont être celles des institutions européennes.

Certaines ont au moins le mérite de prétendre s'opposer à la candidature de la Turquie. Depuis 1985, ce refus a fait des émules, et c'est probablement un signe.

Mais quand je lis les programmes des gens qui disent (1), en France, s'opposer aux Turcs, je me demande si les Turcs, leurs entrepreneurs, leurs militaires et leurs diplomates, ne sont pas des gens plus réalistes, plus crédibles et plus fiables que les rédacteurs de certaines de ces professions de foi improbables.

Ces élections ne sont donc pas un problème européen mais une question franco-française.

Le mode scrutin adopté dans l'Hexagone, divisé de manière artificielle, brouille la lisibilité du résultat (2), instituant une surreprésentation des grandes listes et des états majors parisiens mais tout le monde sait bien que les enjeux européens y tiennent une proportion dérisoire. On a aussi pris l'habitude que les élus européens désignés par la France se désintéressent régulièrement de ce parlement où ils n'encaissent que des jetons de présence et où leurs interventions demeurent anecdotiques, leurs ambitions demeurant encore cantonnées à notre bonne vieille république laïque et obligatoire.

Du reste les seules décisions relatives au devenir de l'Europe, pour la très modeste part qu'y tient le parlement, élu certes au suffrage universel mais dans l'indifférence générale, dépendent de paramètres tout à fait extérieurs au scrutin franco-français, entre Pologne, Espagne et Grande Bretagne.

"On doit voter" disent nos étranges moralistes actuels.

Sans doute ont-ils raison : voter est encore une manière de répondre à la question "êtes vous content du gouvernement" ? (3)

Mais j'ai beaucoup de mal à jeter, en ce jour, la pierre aux abstentionnistes.

JG Malliarakis
©L'Insolent
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(1) En 1996 encore seul le Front national était hostile à la candidature de la Turquie à l'Union Européenne. En décembre 1999 M. Chirac déplorait que cette candidature soit freinée par la faute exclusive de ceux qu'il appelait "nos amis Grecs". En 2002, M. Giscard a scandalisé la classe politique en constatant que l'Anatolie ne fait pas partie du continent européen. Depuis le printemps 2004, il paraît que même les candidats officiels UMP sont garants de ce que l'on dira finalement non à Ankara.

(2) L'élection partielle du 16 arrondissement de Paris, où je ne suis pas électeur, donnera plus d'indications.

(3) Et, comme, pour ma part, le gouvernement me donne moins de satisfaction que mes rosiers, qu'il me coûte plus cher qu'il ne m'apporte, et que je ne compte guère sur lui pour reconstituer les nappes phréatiques, m'abstenir prive certainement d'une voix l'opposition. Mais précisément : quelle opposition ? Il est vrai que, pour une fois, la république m'offre généreusement l'occasion rare de mettre dans l'urne un bulletin royaliste.

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