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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
JEUDI 17 JUIN 2004
LE VOLONTARISME C'EST LE CONTRAIRE DE LA VOLONTÉ
M. Sarkozy avec sa baisse des prix de 2 % dans les grandes surfaces mérite une mention spéciale.
Les démarches de nos gouvernants sont souvent plaisantes à observer, dès lors que l'on fait abstraction du coût de leurs interventions. Car, à prendre les citoyens pour des enfants ils se comportent eux-mêmes comme des clowns. Et quand l'effet comique n'en est pas délibéré, il ne s'en révèle que plus efficace.
Ce n'est donc pas de notre faute si, ce 16 juin, la piste se trouvait occupée par deux membres du gouvernement. Pis encore : il s'agissait des deux vedettes d'un spectacle, que la grande mobilisation syndicale du 15 juin avait dérisoirement échoué, dans sa tentative de le déplacer vers la rue. Les très objectifs Échos l'indiquent (1) en la circonstance. Ce jour-là, la CGT, cherchant à la fois, à montrer sa force et à démontrer l'unité syndicale, est surtout parvenue à dévoiler doublement le contraire.
Chacun sait désormais, ou plutôt ceux qui veulent vraiment le savoir ne peuvent pas ignorer que, comme en 2003 sur le projet de loi Fillon, les appareils syndicaux sont foncièrement divisés. Ils le montrent aujourd'hui, aussi bien à propos du statut futur d'EDF et de Gaz de France, que de l'avenir de l'assurance-maladie.
De plus, on sait ce que la CGT peut mobiliser en Île de France, coude à coude avec Force ouvrière, sur le thème "la Sécu est à nous " : 1 800 piétons derrière le camarade Thibault qui ont pu faire la jonction avec les gens d'Edf-Gdf, lesquels devaient bien être, sur Paris, entre 3 500 et 4 000 (2).
Cessons, certes, de sous estimer la nocivité des mots d'ordre et de la dialectique des bureaucraties issues du marxisme. Mais ne tombons pas dans le piège de continuer à prendre leurs gesticulations virtuelles, leurs provocations, leurs violences même pour autre chose que ce qu'elles sont : des manifestations de plus en plus minoritaires exclusivement destinées à faire monter les enchères dans des négociations coulissières eux enjeux très ponctuellement financiers. Ainsi lorsque le courant électrique est symboliquement coupé dans la résidence secondaire du chef de l'État ou chez la mère du Premier ministre (quelle élégance !), ou dans quelques usines ou centres commerciaux, on doit certes s'indigner du procédé, on a le devoir d'exiger que des sanctions soient prises en application de la loi, comme on doit poser le problème du rétablissement démagogique du courant électrique chez certains mauvais payeurs. Mais on ne doit pas se tromper. Ce sont des tactiques d'arrière-garde, autant d'aveux, de faiblesse et, peut-être même, de non-représentativité des bureaucraties qui font actuellement profession d'exiger des négociations avec les pouvoirs publics.
Dans ces conditions, malgré le score pitoyable du parti officiel aux élections régionales et aux élections européennes, le pouvoir n'aurait aucune excuse à reculer.
On doit admettre d'ailleurs que si l'électorat de droite s'est particulièrement démobilisé le 13 juin, la faute en revient au sentiment d'incertitude, de lenteur et de faiblesse, aux tergiversations et aux ambiguïtés du processus de réformes. Si, pratiquement à mi-mandat, tant pour l'Assemblée nationale que pour la présidence de la république, le gouvernement Raffarin III, et plus encore selon nous le locataire de l'Élysée sont politiquement affaiblis ce n'est, certes, pas que M. Hollande offre une alternative crédible. Au contraire sur tous les dossiers économiques et sociaux (privatisations, retraites, maladie, etc.) où l'on a vu le parti socialiste critiquer si fort l'action du gouvernement, il est de plus en plus clair que les réformes, dénoncées pour "ultra-libérales", ne sont pas autre chose que les projets antérieurs de la technocratie socialiste demeurés dans les cartons d'équipes administratives, hélas, inchangées.
En 2002, comme au lendemain de toutes les grandes déroutes socialistes des 20 dernières années (1986, 1993, 1995), tout était possible, du moins tout ce qui eût été nécessaire en matière de réformes de Liberté. Toutes les lois qu'édulcorées on a cherché à faire voter, poussivement, avec 12 ou 24 mois de retard, pouvaient parfaitement l'être d'emblée. La majorité parlementaire existait, écrasante, et son mental était certainement supérieur à cette incertitude qui a peu à peu gagné les rangs des parlementaires les mieux disposés. En face, comme lors de l'élection de 1995 acquise sur la promesse des réformes, comme au lendemain du désastre historique de l'après-Bérégovoy en 1993, comme en 1986 où l'on aurait dû chasser de l'Élysée le président désavoué par le peuple (3).
Parmi les raisons pour lesquelles rien n'a été fait en temps opportun, c'est-à-dire pendant l'été 2002, l'une d'entre elles, non la seule mais la plus irrémédiable, est que rien n'avait été préparé, rien n'avait été réfléchi, rien n'avait été pensé. On ne peut pas, à la fois, tenir le discours quotidien, hélas probablement sincère, du bonimenteur de foire qui préside à notre république, et se préoccuper sérieusement de l'avenir du pays (4). Et son entourage est à sa mesure.
C'est la raison pour laquelle une par une les soi-disant réformes que l'on s'apprête à mettre en uvre, trop tard et maladroitement, sont celles dont les bureaux ont préparé sous le socialisme mais qui, indisposant les communistes et l'extrême gauche, avaient été plus ou moins retardées. Avec un délai d'allumage caractéristique d'un vieux moteur poussif, elles nous sont servies plus ou moins décongelées, sous l'enseigne de la droite.
Ceci explique les consternantes prestations de ces derniers jours, aussi bien celles de M. Douste-Blazy que celles de M. Sarkozy.
Ce dernier, reconnaissons-le, mérite une mention spéciale. Ministre de l'Intérieur, il aurait, clamait-on alors, envoyé au tapis la progression électorale du front national. Un tel service rendu, sinon à la patrie, du moins à notre démocratie menacée, méritait, quoiqu'il fût virtuel (5), une promotion : on lui a donc donné l'occasion de donner toute sa mesure comme libérateur de notre économie.
On l'a vu réintroduire avec Alstom les plus anciennes et les plus ruineuses pratiques de l'économie dirigiste.
On l'a vu reculer sur la privatisation d'EDF, multiplier des concessions face à la CGT.
On l'a vu, enfin, à minuit ce 16 juin, sceller un accord (6), grotesque dans les faits, mais inquiétant dans son principe, tendant à baisser les prix de 2 % en septembre (7) dans les grandes surfaces.
Ce volontarisme économique n'est même pas le reflet d'une pensée économique néosoviétique, d'une nostalgie du plan quinquennal ou d'une influence marxiste.
Il est le produit hybride du vide intellectuel et d'une boulimie d'omniprésence médiatique dans un milieu caractérisé par l'absence totale d'une véritable volonté politique.
En Amérique latine, cela conduit parfois à des régimes dictatoriaux bananiers appuyés sur une armée de maintien de l'ordre.
Dans le cas précis, cela mériterait surtout, dans un honnête jeu de Monopoly, de retourner de la case de Bercy à la mairie de Neuilly : 30 minutes en métro. Hélas nos hommes politiques connaissent très mal les transports en commun. Ce trajet risque de durer 30 mois. Le temps de faire beaucoup de bêtises.
JG Malliarakis
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- Dans son édition du 16 juin le grand quotidien économique habituellement si neutre titre "La mobilisation a été faible" alors que toute la journée l'AFP s'est efforcée de faire croire le contraire.
- Rappelons que les permanents du Comité central des activités sociales d'EDF, contrôlé par la CGT, sont au nombre 3 700.
- Telle est la logique de l'élection du président de la république au suffrage universel. Le général De Gaulle inventeur du système se l'était appliquée à lui-même en 1969.
- On prétend qu'un jour, en avion, M. Chirac a lu un article économique dans les pages saumon du Figaro, et qu'alors il aurait pris conscience du déclin de la France. C'est trop beau pour être vrai. M. Chirac ne lit que les gros titres du Monde et des romans policiers.
- Apparemment, en effet, au soir du 13 juin, le front national existait encore. Il a même gagné des sièges au parlement de Strasbourg alors que la France en perdait. Il est vrai que ses députés sont tous de mauvais Français.
- Accord qui n'en est pas un : deux organismes industriels en refusent le principe même considérant, à juste titre, que la pratique des prix administrés a disparu en France depuis 50 ans, et que le contrôle des pris n'existe plus depuis 20 ans.
- Il avait même promis 5 %, sur plusieurs années !
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