En multipliant leurs actions dites "Robin des Bois", les gens de la CGT ont libéré, probablement sans le vouloir, l'expression de notre certitude.

Nous en avions, en effet, plus ou moins le pressentiment depuis plusieurs siècles. Le talent Walter Scott n'a fait qu'en retarder la rumeur véridique. Le mythe de Robin des Bois n'est qu'une légende crapuleuse. Les Français devraient s'en méfier car le thème même de ces "gentils" Saxons en butte aux "méchants" Normands, n'est qu'une manière de faire accroire à l'Angleterre et aux Anglais, contre toute évidence, qu'ils n'ont rien à voir avec la civilisation française (1).

Car le caractère essentiel de Robin des Bois, comme celui d'Arsène Lupin, c'est d'être des voleurs.

Ah ! Prendre aux riches sous prétexte de donner aux pauvres, quel merveilleux programme ! Voilà bien, en effet, la vraie devise de la Fraternité : Un pour tous, tous pour un et dix pour cent. Et si ce n'était que dix pour cent !

Au passage de cette chaîne de solidarité, tout le monde a bien compris que les bienfaiteurs de l'Humanité souffrante échappaient pour leur part aux détresses qu'ils soulagent. Cette imposture met toujours un certain temps à se révéler, d'autant qu'un certain nombre de fanatiques de l'Utopie demeurent eux-mêmes "financièrement" des incorruptibles : Robespierre, Saint-Just, Lénine, Hitler, Mao Tsé-toung et, par-dessus tout, Staline demeurent inaccessibles à l'argent.

Les démons ne mangent jamais.

Leur perversion est d'un ordre supérieur.

Tout d'abord, il y a le mensonge. Les gens de la CGT ne représentent ni la volonté du peuple en général, ni celle des travailleurs en particulier. La corporation des électriciens et gaziers qu'ils brandissent ne compte guère que 170 000 salariés d'EDF et moins de 35 000 personnes à Gaz de France. Tous les bons journaux vous rappellent aussi de quels avantages ils bénéficient par rapport aux salariés du secteur privé et aux travailleurs indépendants.

On doit également souligner que les grèves et les actions illégales déclenchées par l'appareil stalino-cégétiste ne rencontrent pas l'assentiment des gens qu'elles sont censées défendre et mobiliser. Certes, il faut rappeler que le syndicat CGT obtient 56 % des voix dans les scrutins dits professionnels au sein de l'entreprise EDF. Quand on découvre ce que le comité central des œuvres sociales de cette féodalité gère, on ne s'en étonne pas.

Mais il se trouve que dans cette affaire, il ne s'agit pas seulement de voyages aux Seychelles, de villages d'enfants, de billets de spectacles, d'achats paracommerciaux ou de petits avantages matériels dont on bénéficie via les gentils membres de la CGT : il s'agit de s'affronter à une direction qui a d'ores et déjà déclenché une centaine de procédures disciplinaires.

Le président d'EDF, M. Roussely a besoin du changement de statut, il peut difficilement revenir en arrière. Mis en place par les socialistes ce personnage n'est d'ailleurs pas innocent de la crise actuelle car il a compris, comme les oligarques soviétiques, tout le profit personnel, en termes de pouvoir voire même en termes d'appropriation, qu'un président peut tirer d'une "privatisation molle" de type soviétique ou de type français.

Or, les activistes de la CGT ont délibérément choisi d'utiliser des procédés illégaux.

Sur ce terrain, le taux de participation à la grève n'a cessé de reculer depuis les journées des 8 et 22 avril. Il est passé de 30 % le 15 juin à 5 % le 17 juin et 2 % le 24 juin.

On est passé aux voies de fait qui se veulent symboliques et sociales. La fédération CGT de l'énergie a décidé de fournir de l'électricité gratuite durant 24 heures aux hôpitaux et aux organismes de Sécurité sociale et aux "actions ciblées de remise de l'énergie aux plus démunis, de baisse de production et d'intervention sur l'outil de travail".

Ce sont de telles actions qui sont ainsi baptisées "Robin des Bois".

On coupe le courant aux "ennemis du peuple" (personnalités politiques "de droite", entreprises accusées de "délocaliser", etc.) et on rétablit l'électricité au domicile des personnes privées de courant en raison de factures impayées.

Il ne faut pas sous-estimer l'impact financier à long terme de ce genre de procédés.

Ainsi au Brésil, EDF, entreprise de l'État français, possède une désastreuse filiale qui porte le joli nom de "Light".

Or, Light a été mise en place par des technocrates français, sans considération du fait que dans les favelas brésiliennes on a pris l'habitude d'effectuer des branchements pirates sur lesquelles vivent d'innombrables familles et entreprise artisanales. C'est très gai car, de la sorte, les joyeuses favelas sont éclairées jour et nuit : aux frais du contribuable français ! Sachant cela les bénéficiaires de raccordements légaux ont, eux aussi, pris l'habitude de pas payer leurs factures : environ 30 % des factures de Light seraient ainsi impayées.

Les responsables français de cette situation s'articulent assez bien sur l'idéologie et les pratiques cégétistes : la seule différence est dans le partage du gâteau.

Car, entre Roussely et la CGT, il y a au moins une évidence dans la crise actuelle c'est que le statut d'entreprise publique est totalement mensonger : rien n'appartient moins à la nation, rien n'est moins contrôlé par le gouvernement, rien n'est moins au service du public qu'un monopole historique juridiquement étatisé.

Robin des Bois était une crapule et un voleur, mais au moins avait-il conservé une image romantique. Tout cela a bel et bien disparu grâce à un certain Vladimir Illitch Oulianov dit Lénine, lequel avait si brillamment défini le communisme comme "la dictature du prolétariat plus l'électricité".