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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
MERCREDI 30 JUIN 2004
QUAND LE REMÈDE EST PIRE QUE LE MAL
Les promesses de M. Borloo ne rapporteront rien à ceux qu'elles prétendent aider
On dévoile aujourd'hui le n+1e plan poudre aux yeux destiné à réparer la fracture sociale et, en cette occasion, rien ne plairait plus au ministre de la Cohésion sociale que d'entendre sous sa fenêtre des rouspétances bourgeoises sur le registre "Borloo coco les riches auront ta peau".
Cela lui permettrait de se retourner, "justifié" (1), vers les appareils associatifs subventionnés.
Ce scénario ne se réalisera pas, pour trois raisons :
Avant même, cependant, de juger du contenu et de l'asparagus entourant le bouquet du plan Borloo on doit observer qu'il s'intègre dans une logique assez clairement établie dans notre pays.
L'idée fausse par excellence est celle qui consiste à croire que le "terreau" de la violence sociale ou du terrorisme international est alimenté par l'injustice, la misère, le chômage, l'inégalité, la dureté de la répression, etc.
Si l'on se situe dans la sphère du terrorisme islamique par exemple, on remarquera l'absurdité foncière de cette "théorie du terreau". M. Oussama bin-Laden est certainement le contraire d'un "damné de la Terre" ou d'un "forçat de la faim". On sait aussi que le nouveau chef du réseau Al-Qaïda dans la péninsule Arabique est même, depuis le 21 juin, un policier saoudien de 38 ans, l'honorable Saleh al-Oufi.
Si l'on observe la délinquance et le crime tels qu'ils avaient pris des proportions apparemment indéracinables, et qu'ils ont cependant considérablement reculé dans les 10 dernières années, c'est-à-dire à New York grâce à l'intelligente et ferme politique de la municipalité Giuliani, on doit bien comprendre que c'est le renoncement à la "théorie du terreau" qui a constitué le premier acte de reconquête de la loi et de l'ordre.
Acheter la paix sociale ? C'est très exactement ce que les gouvernements ont cherché à faire aux Etats-Unis depuis les années 1960 jusqu'aux années 1990. Ils ont subventionné des programmes ruineux pour les Budgets fédéraux et locaux, et ils ont réussi à plonger environ la moitié de la population afro-américaine et hispanique dans l'assistanat, la dépendance et la délinquance. C'est la remise en cause de cette situation qui a permis le rétablissement de l'ordre public.
Le programme Borloo ne tient évidemment aucun compte de l'expérience "intransposable" (2), des Etats-Unis. suit au contraire une pente, commencée en France pendant les années 1980, avec notamment l'institution du RMI, devenu RMA, mais également la foule de minimums sociaux et allocations diverses et il développera les mêmes conséquences funestes que ses prédécesseurs : voilà notre conviction globale.
On ne s'intéressera pas, non plus, au jeu politicien sous-jacent à la montée en épingle du plan Borloo. Bien évidemment il s'agit de donner la vedette à ce ministre dit de la "Cohésion sociale" pour dissimuler l'impression, un peu floue ces derniers temps, quant à la "cohésion politique", au sein même de l'équipe gouvernementale et du groupe parlementaire. Personne ne saurait en douter.
Sur le terrain de l'emploi, il n'y a strictement aucune illusion à se faire. En prenant même au pied de la lettre le volet emploi des "promesses Borloo" on aurait 250 000 "emplois" soit environ 20 % des anciens RMistes devenus RMastes auxquels on proposerait un "contrat d'activité", mesure destinée à l'ensemble des bénéficiaires de minimums sociaux et pas aux seuls titulaires du RMA. Plaisanterie. Plaisanterie coûteuse cependant, elle est chiffrée à 700 millions d'euros pour l'année 2005. Ce "contrat d'activité" prendra la suite des CES (contrats emploi solidarité) et des CEC (contrats emploi consolidé) et il consistera en un dispositif de subventions accordées au "secteur non marchand" : encore une plaie pour l'économie.
Le plan Borloo prétend par ailleurs accorder une place importante à ce qu'on appelle le logement social.
Il est vraiment dommage que l'on envisage de passer de 58 000 à 120 000 le nombre de ces logements financés annuellement par la collectivité sans avoir pris la mesure de l'échec de ce qu'on appelle le logement social, pratiquement depuis la loi Loucheur des années 1920.
On ferait mieux d'écouter vraiment les besoins des gens et de se demander, par exemple, pourquoi le marché privé ne parvient pas à satisfaire la demande locative. On se rend compte, alors, que la raison essentielle tient à la surenchère des garanties et des cautions que les bailleurs sont amenés à demander, en France, en raison de la surprotection juridique accordée aux locataires. Or, M. Borloo, avocat de talent, envisage de protéger un peu plus le "locataire de bonne foi" qui ne peut pas payer.
À supposer même que notre ministre et son président soient sincères dans leur volonté de corriger certaines iniquités de notre société, leurs remèdes sont ici pires que le mal.
On ajoutera d'autre part que, croyant "acheter la paix sociale", le pouvoir qui fait des promesses mensongères investit deux fois dans le développement de la contestation sociale de ceux-là même qu'il imagine calmer.
Les promesses ne seront pas tenues : comment croire que les destinataires de cette démagogie ne s'en apercevront pas ? Le plan du zozo Borloo personne de sérieux n'y croit vraiment. Faut-il parler de son coût ? Mais le prix de la déception de ceux qui en sont dupes sera encore plus élevé.
D'autre part, la rhétorique même de cette cohésion sociale subventionnaire renforce psychologiquement la mentalité d'assistanat.
On nous annonce que ce plan coûtera, étalé sur plusieurs années, 13 milliards d'euros aux finances publiques. Il coûtera, en fait, beaucoup plus au pays, et il ne rapportera rien à ceux qu'il prétend aider.
JG Malliarakis