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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
LUNDI 13 SEPTEMBRE 2004

LE MENSONGE AU RENDEZ-VOUS DE LA FÊTE DE L'HUMA

Non L'Huma torchon liberticide n'est pas le journal qu'avait fondé Jean Jaurès…

Nous n'avons ni le temps ni le goût de contredire les mégères en général et Mme Buffet en particulier.

Lorsqu'elle affirme notamment  : "quand on est progressiste, on vient à la Fête de l'Humanité", non seulement nous ne le chipoterons pas, mais nous surenchérissons volontiers.

Sur la définition même du progressisme, Jules Monnerot a donné dès 1963 (1) les précisions indispensables qui éclairent le propos de "la chef" du parti communiste français. Nous renvoyons donc nos lecteurs à la réalité du "progressisme"...

De même lorsqu'on nous dit, de la 69e édition de la Fête de l'Humanité, qu'elle a connue, "pendant trois jours, une affluence record et s'est passionnée pour le débat sur la Constitution européenne en militant sans relâche pour le non", nous achetons chat en poche. On ne se demandera même pas si, éventuellement, le parti communiste n'était pas au moins aussi puissant à l'époque du stalinisme, aux beaux jours du couple Thorez-Vermeersch, ou même quand Fitermann, ministre de François Mitterrrand, faisait en sorte que la CGT prenne le contrôle du comité d'entreprise de la SNCF. Affluence record on vous dit.

Le ministre des Finances se félicitera certainement du chiffre annoncé de 600 000 visiteurs. Le quotidien L'Humanité est édité par une société commerciale. De la sorte, légalement, la billetterie de cette manifestation devrait rapporter beaucoup d'argent au fisc au titre de la TVA. Et Dieu sait que le Trésor public français en a bien besoin ces temps-ci.

En cette période de vendanges, la camarade secrétaire nationale du PCF s'est félicitée de cet événement qu'elle considère comme "un bon cru". Au parti, on se contente, par définition du gros rouge qui tache. La Marie-George déclare : "on a retrouvé la pêche et ça va se sentir". Il est bien connu qu'avec un peu de sucre la pire des piquettes peut agrémenter, et constituer une pêche au vin consommable… Et puis, en cette année bissextile, quelle délicieuse occasion de partager ainsi le pot de l'amitié, dans le cadre d'un de ces rendez-vous "incontournable à gauche" avec François Hollande et Jack Lang, pour le PS, Francine Bavay, pour les Verts et même avec les vieux potes de la Ligue communiste révolutionnaire, les camarades (2) Alain Krivine et Olivier Besancenot.

On n'osera même pas se demander si la "vague de jeunes" n'était pas plus attirée par la programmation musicale que par les débats. Au vrai, cependant, le directeur de l'Huma, le camarade Le Hyaric, avait pris soin de programmer sa propre intervention sur la grande scène, juste avant le concert très attendu d'Alain Bashung.

Le parti communiste s'engouffre, désormais, aux côtés du front national, — sans doute parce que c'est le parti de la classe ouvrière, — et de M. de Villiers, (3) dans la campagne pour le "non" à l'occasion du prochain référendum sur la Constitution européenne. Mais attention, prévient-on, ce sera un "non de gauche". Et, quoique l'on ignore encore si ce référendum aura pour objet une nouvelle modification de la Constitution française de 1958, ou la ratification directe du Traité lui-même, "on" sait d'avance comment départager les "non" de gauche et ceux de droite, voire d'extrême droite.

Les débats ont porté sur la situation sociale, sur le chômage, sur les délocalisations, sur le pouvoir d'achat. Au fait, avez-vous remarqué que ces questions sont désormais toutes rattachées par la rhétorique dominante à celle de la Constitution européenne ? C'est vrai je l'ai lu dans "le journal" : c'est-à-dire le matin dans L'Huma, le soir dans Le Monde et le lendemain dans tous les autres médiats.

Alors que les socialistes et les Verts se déchirent sur une position commune, les communistes ont appelé unanimement à voter "non".
"On a besoin d'un traité" pour régir les relations entre 25 pays, pérore la mégère Buffet, mais "nous disons non à celui-là et nous en demandons un autre". Cette dialectique se voyait largement relayée par les innombrables appels à pétitions, dans toutes les allées de la Fête.
"Dire non à cette Constitution, ce n'est pas dire non à l'Europe, c'est dire non à l'ultra-capitalisme" (sic).

Quelques personnalités de droite étaient venues au parc de la Courneuve, afin de participer aux débats. "Je suis prête à discuter avec tout le monde", assurait Mme Buffet, après avoir cependant qualifié de "non-événement" la venue d'un membre du gouvernement. Le secrétaire d'État à l'assurance-maladie Xavier Bertrand était venu le 11 septembre à l'invitation du stalinien Gremetz. Ce prétendu "non-événement" a créé une émulsion médiatique. Le 12 septembre, Gremetz avait en face de lui Hervé Mariton, député de la Drôme. "Dans libéral, il y a liberté", a courageusement rappelé M. Mariton. "La liberté des plus forts est au détriment des plus faibles", lui a doctement répondu Gremetz. Avec Gremetz les "plus forts" (?) n'ont qu'à bien se tenir.

Quant à M. Sarkozy, il servait lui aussi de bouc émissaire... car il est responsable de "la litanie des mauvais coups" du gouvernement. "Sarkozy, c'est la droite autoritaire et liberticide, la droite arrogante", celle que "nous combattons et nous allons le faire tous azimuts", déclara Buffet. "À chaque fois qu'il ouvre la bouche, c'est pour faire des cadeaux aux milliardaires et donner un coup de poignard dans le dos des salariés et des chômeurs", surenchérissait Le Hyaric. Bref, tous les poncifs et tous les mensonges habituels. Pourquoi ménageait-on ainsi un Chirac qui semble avoir quelques responsabilités ? Toujours "la ligne du parti" !

Mais le mensonge des mensonges a cependant consisté à nous dire qu'il s'agissait de la célébration des 100 ans du quotidien l'Humanité "fondé par Jean Jaurès".

Non : Jean Jaurès n'a pas fondé, en 1904, "l'organe central du parti communiste". Le journal portant frauduleusement le titre de l'Humanité n'est devenu ce torchon liberticide qu'après le Congrès de Tours en 1920, 6 ans après l'assassinat de Jaurès (4).

Jean Jaurès était, au contraire des communistes d'hier et d'aujourd'hui, un socialiste humaniste et un démocrate sincère.

Il n'aurait certainement approuvé ni le goulag, ni aucune forme de dictature fut-ce au nom du "prolétariat", ni l'alliance germano-soviétique de 1939-1941, ni l'épuration sanglante de 1944-1945, ni le soutien au FLN algérien, ni la guerre d'Afghanistan. Il est difficile aussi de l'imaginer disant non systématiquement à l'Europe. Il est donc dommage que ses véritables héritiers, — dont je ne suis évidemment pas, mais que sont encore moins les disciples de Trotski aujourd'hui unis à ceux de Staline, — aient une fois de plus laissé passer l'occasion de dénoncer cette imposture.

JG Malliarakis
©L'Insolent

(1) cf. Sociologie du communisme tome Ier "L'Islam du XXe siècle" rééd. Trident 2004 pages 19-20.

(2) Lors de la première réunion du mouvement trotskiste de Krivine en 1965, le service d'ordre communiste avait cogné assez dur. Krivine ayant commencé son allocution par "Camarade", un "stal" du fond de la salle avait déclenché les hostilités en l'interrompant : "je vous interdis de m'appeler camarade", et la bagarre éclata.

(3) "L'affreux M. de Villiers" dit Mme Buffet.

(4) En 1914, par un illuminé sorti des milieux démocrates chrétiens.

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