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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
MERCREDI 15 SEPTEMBRE 2004

DÉRISION DES RÉFORMES EN COURS

Pourquoi hésite-t-on à procéder aux véritables réformes de Liberté ?

Ce matin, on annonce à grand fracas le plan Borloo dit de cohésion sociale, qui va coûter annonce-t-on au départ, quelque chose comme 12 milliards d'euros.

Or, ce nouveau programme vient de manière additive après des dizaines d'autres, extraordinairement coûteux. Et toute personne sensée ne saurait ignorer aujourd'hui que les pouvoirs publics, s'ils étaient à la hauteur des problèmes auraient au moins, l'obligation de restreindre leurs folies dépensières, ou au mieux de les abolir.

Ainsi, ce 14 septembre, Les Échos, qui ressemblent de plus en plus au Monde, titraient fièrement en première page que "le gouvernement prend en main l'assurance-maladie". Personne ne peut ignorer que les dépenses maladie, dont le plan Juppé devait enrayer la progression exponentielle, ont augmenté ces 3 dernières années à des rythmes moyens de 4 à 5 % l'an, soit 19 % supplémentaires sur 3 années.

En regardant attentivement les dispositions annoncées, on se rend compte que le directeur général de la Cnam sera tout simplement l'actuel directeur du cabinet de M. Douste-Blazy, un homme à poigne pour sûr. Il s'appelle M. Frédéric Van Roekeghem.
Il aura la chance de voir revenir au conseil d'administration de cet organisme faussement (2) paritaire, les représentants du MEDEF et de la CGPME, qui refusaient de siéger depuis 3 ans.

Ce groupe des 10 durs de durs sera dirigé, annonce-t-on, par M. Guillaume Sarkozy en personne.

On va voir ce qu'on va voir : autant dire que, comme d'habitude, on ne verra rien.

Ou pas grand-chose.

Et cela nous paraît gravement dommageable.

L'erreur essentielle du pouvoir actuel est de croire, ou de faire semblant, qu'il est efficient de commencer par de petites rognures. Celles-ci porteront sur des dépenses marginales présentées comme cruciales, par exemple le médicament (3). On se souvient déjà que la période 2002-2003 avait vu le ministre de la Santé de l'époque, le professeur Mattei, communiquer sur une moindre prise en charge des dépenses de pharmacie, — comme si une telle politique était en mesure de faire reculer les remboursements maladie de la sécurité sociale, et même, simplement, les dépenses en médicaments (4).

Au total on visera 1 % de projet de diminution, ou de ralentissement de la hausse de dépenses qui, globalement s'insèrent dans un ensemble progressant en moyenne de 5 ou 6 % par an.

Dans un pays qui distribuera en 2004, 465 milliards d'euros de prestations sociales, c'est-à-dire pratiquement 30 % de son produit intérieur brut, on doit bien comprendre ce que signifie, et ce que suppose toute politique de limitation des dépenses de santé, ou autres, quand, en 15 ans, le nombre de RMistes a été multiplié par 4.

Le discours dominant tend par définition à justifier et même à exalter ces dépenses : elles sont supposées refléter la solidarité, pardon : elles sont "la solidarité", qui est elle-même obligatoire, à peine d'excommunication. Les bénéficiaires eux-mêmes sont évidemment captifs de cette rhétorique, en attendant de se révolter, imagine-t-on, si demain on en venait à sembler leur couper les vivres en inversant simplement le discours.

L'orientation à la baisse quantitative, toute lutte contre les gaspillages, quel qu'en soit le taux, à 1 % comme à 20 %, sera donc, immanquablement, présentée par les médiats, elle se trouvera amplifiée par ce qui reste de syndicats et, au bout du compte, elle se verra ressentie par les politiciens eux-mêmes comme une politique dite d'austérité. On dira qu'on retire les moyens de vivre aux pauvres dans une société d'assistant.

On sera donc accusé de faire ce qu'Arlette Laguiller et le quotidien l'Humanité appellent "la politique des riches".

Sur la forme cette présentation démagogique semble évidemment grotesque. Mais elle se trouve être celle de l'idéologie objectivement dominante, ou plus exactement artificiellement (5) dominante.

Sur le fond, en revanche, une fois effacées la connotation et la qualification, on doit bien se rendre compte que les effets économiques de cette politique seront d'autant plus sensibles lors des échéances électorales (les prochaines élections auront lieu dans 3 ans tout de même, ce n'est pas un mince délai) que cette politique aura été menée de manière cohérente et résolue.

Tant qu'à faire d'affronter la même impopularité, autant choisir les remèdes efficaces.

L'impopularité superficielle de toute politique d'assainissement est assurée, à court terme si on la mesure en en termes syndicaux et médiatiques.

Ah, mais, entendra-t-on, vous voulez donc "l'explosion sociale" : comme si additionnées les bureaucraties syndicales représentaient plus de 3 ou 4 % des salariés français (6), comme si les critiques systématiques de la presse engendraient autre chose que des haussements d'épaules.

Les journalistes médiocres pensent tous comme Arlette Laguiller. On se souviendra que la profession avait voté, en 2002, à 85 % pour le candidat Jospin. Il n'y a guère de satisfecit à attendre de cette corporation, dont l'opinion populaire se désintéresse. De même, les bureaucraties syndicales : en 20 ans, les deux centrales réputées les plus à droite ont largement évolué. Naguère bastion de l'anticommunisme, FO est devenue une citadelle trotskiste. La CFTC, hier centrale catholique, ne communique plus que pour fustiger ce qu'elle appelle l'ultra libéralisme. Ces gens sont tous alignés sur la CGT, chantant à l'unisson la même ligne mélodique.

Au lieu de perdre son temps à leur complaire, un pouvoir réformateur ne peut miser que sur la réussite de ses réformes de liberté. Or, les résultats qui seront d'autant plus visibles à l'échéance 2007 que l'assainissement financier aura été clair et net en 2004 et 2005, à défaut de l'avoir été en 2002 et 2003.

Or, diminuer de 20 % les prestations sociales permettrait d'équilibrer les comptes de la France et d'entamer une véritable politique de décrue fiscale, conditions du relèvement de ce malheureux pays et de la relocalisation des activités productrices en France.

Jamais les réformes de liberté n'ont été plus urgentes.

Jamais les conditions de la réforme n'ont été aussi clairement réunies, majorité parlementaire comme faiblesse de l'opposition.

Il ne manque qu'une chose : la volonté des pouvoirs publics.

JG Malliarakis
©L'Insolent

(1) Problèmes que les hommes de l'État prétendent résoudre, alors qu'en général ils les aggravent.
(2) Faussement : car les représentants patronaux ne détiennent dans l'administration de l'assurance-maladie que le 1/3 des sièges, 7 pour le Medef, 3 pour la CGPME, 3 pour la fantomatique Union patronale artisanale, 13 au total sur un total de 35 administrateurs. Mais cela n'a, évidemment, aucune importance.
(3) La plupart des Français pensent que les dépenses excessives en médicament sont la vraie cause des problèmes de l'assurance-maladie.
(4) Le déremboursement d'un médicament, en général ancien, donc français et bon marché, se traduit ordinairement par la prescription d'un médicament nouveau, plus cher et importé.
(5) Cette domination résulte d'un artifice en ce sens que les Français ont cessé depuis bien longtemps de croire les mensonges de cette idéologie, mais pratiquement, factuellement, il est "très osé" d'en remettre en cause les prémices.
(6) Ce pourcentage est révélé par M. Jacques Mairé, secrétaire général adjoint de l'UNSA in "Cahiers d'Histoire sociale" N° 19, hiver printemps 2002, pages 111 à 137.

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