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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
MARDI 28 SEPTEMBRE 2004

CONSOLIDATION COMMUNISTE

Et tout cela permet à un parti communiste, apparemment moribond, de conserver son groupe au Sénat et à l'Assemblée...

Le retour de Robert Hue dans une assemblée parlementaire, à la faveur du scrutin sénatorial du 26 septembre, devrait faire réfléchir ceux qui se contentent d'observer que, depuis 1991, l'empire soviétique n'existe plus. Au lendemain de son discrédit électoral si sanglant d'avril 2002 Robert Hue, avait cédé la première place au sein du parti communiste à la seule Marie-Georges Buffet. On le pensait écarté pour longtemps de la vie politique, au paradis ou plutôt rôtissant dans l'enfer des nains de jardins.

En réalité, le camarade Hue a réussi contre l'attente générale à conserver au parti communiste un siège de sénateur du Val d'Oise, en dépit de l'affaiblissement des staliniens de stricte obédience dans ce département. Il en a été de même en Seine-Maritime, où le communiste Foucaud ne doit son élection qu'au vote de grands électeurs non-communistes.

Pis encore, dans deux départements d'Ile-de-France, la Seine-et-Marne et l'Essonne, le PCF gagne un siège. Au total 8 sénateurs soumis à réélection étaient d'étiquette communiste, ils seront 10 dans le prochain Sénat. On présentait le groupe parlementaire comme susceptible de disparaître, il gagne 2 sièges. Le nombre total des élus du "groupe républicain, communiste et citoyen" était de 23 dans l'Assemblée sortante. On ne peut pas à l'instant présumer de ce qu'il sera exactement, car il dépendra de 2 ou 3 apparentements. On doit retenir qu'avec moins d'élus locaux et régionaux, donc moins de grands électeurs, le parti communiste retrouvera un plus grand nombre de sénateurs et que son groupe sera maintenu.

Contrairement à ce que les gros journaux cherchent à faire croire aux Français, cette élection sénatoriale était plus difficile pour la gauche qu'on le croit. En effet la gauche avait perdu 41 grandes villes aux élections municipales de 2001, à peine compensées par le gain de Paris et de Lyon. Le gain de 7 sièges par le parti socialiste, la conquête de 2 sièges par le parti communiste et le recul de l'UMP, s'expliquent par l'existence d'une gauche unie, et en face, par les désordres de la prétendue "Union pour un Mouvement Populaire"; c'est d'ailleurs pour continuer à aggraver ces désordres et ces divisions, que l'accent médiatique est mis sur la seule élection de Hauts-de-Seine, où l'ancien président du Conseil général, devenu président d'honneur a été élu avec 221 voix d'électeurs sénatoriaux que l'on cherche aujourd'hui à culpabiliser. "Avec Charles Pasqua depuis dimanche, ose écrire Libération du 28 septembre, le Sénat a encore enrichi ses mauvaises raisons d'exister."

Ne croyons pas que le groupe communiste ne fasse au Sénat que de la représentation symbolique. Il a encore obtenu un certain nombre de concessions de principe, dans la dernière mandature, qui sont autant de subversions de la famille, de la société, de l'économie, de l'identité nationale, etc. voila comment L'Humanité du 27 septembre présente la chose : "Nous avons aussi proposé la journée des droits de l’enfant en menant une grande bataille pour qu’elle finisse par être votée. Depuis longtemps notre groupe a une activité importante pour la défense des droits des personnes et quelquefois il est possible, sur ces questions, de trouver des majorités. Cela a ainsi été le cas lorsque nous avons fait voter la reconnaissance du génocide arménien etc." Tout cela est toujours avancé au nom du Progrès, au nom de l'Unité de l'Hexagone, au nom de l'Égalité, au nom de ce qu'on appelle les "valeurs républicaines", au nom des "services publics" et bien entendu aussi de la "laïcité".

Le point important est de rappeler que de tels faux concepts font toujours reculer, en France, les bonnes âmes conservatrices, tétanisées à l'idée de les contredire, alors qu'il s'agit de mots d'ordre lancés par des communistes, communistes d'obédience stalinienne, "ex-soviétique", ou trotskiste, c'est désormais la même chose.

C'est ainsi par exemple que des organisations, — d'orientation idéologique que l'on appelait autrefois "progressiste" — telle que la Fondation Copernic, lancent des mots d'ordre strictement communistes, formulés par des militants du parti communiste, tel que "l'Appel pour la défense de l'assurance-maladie", repris par toute la bien-pensance de gauche. Or, cette campagne est initiée par Mme Catherine Mills. Cette économiste très engagée s'exprime sur la sécurité sociale dans les publications du parti communiste (1) comme si les projets de "réforme" allaient dans le sens de la privatisation et de la mise en concurrence.

Au contraire, si on observe les dispositions prises, elles renforcent le monopole et l'étatisme,

Et cela sous un gouvernement qui a été élu par la droite !

Sur 399 députés étiquetés à droite, combien réagiront-ils ?

J'écris cela au moment où, certes, un groupe de parlementaires milite en principe courageusement pour ce qu'ils appellent "la réforme".

J'écrivais, trop poliment sans doute, il y a quelques jours, que les réformes en cours étaient dérisoires. Je me demande surtout si, bien au-delà de la dérision, on ne commet pas un contre sens absolu, quand on présente pour réformateurs des projets tendant à "sauver la répartition", à maintenir "l'assurance solidaire", à garantir "l'école de la république". Dès lors qu'ils succombent à de tels faux principes, ces projets, ces textes, kilométriques et incompréhensibles, ne sont pas destinés à réformer, certainement pas non plus à libérer, mais à conserver, à figer des principes auxquels les communistes sont les premiers à adhérer, puisque c'est eux qui les ont inventés et propagés dans leurs innombrables caisses de résonance que sont, notamment, les sociétés de pensée (3) de la gauche et de l'établissement.

Nous disons bien "et de l'établissement", car il est important de rappeler qu'une institution comme le Medef, certainement hostile à l'idéologie communiste, se reconnaît pour maître à penser un homme comme Denis Kessler, certes intelligent, mais qui n'accepte le dialogue qu'avec la gauche. On a pu remarquer à la Fête de l'Humanité du 12 septembre à La Courneuve, certains stands, et certaines participations inattendues à des débats : ces participations, ces débats et ces stands seraient-ils simplement concevables dans des manifestations de la droite nationale ?

Ah certes, cette même "droite nationale" dit des choses assez irritantes du point de vue de l'économie et de l'Europe des libertés, mais si l'on ne devait dialoguer qu'avec ses propres partisans et avec les communistes, où serait la liberté ? Et si on ne donnait pas toujours le spectacle de la collusion du gros argent et de la gauche, on n'encouragerait pas les théories conspirationnistes les plus échevelées, à prendre corps dans cette partie de l'opinion populaire, que l'on rejette toujours avec dédain, sauf quand on lui demande de payer ses impôts sans rechigner pour une solidarité dont elle est exclue, et de voter au second tour sans la moindre contrepartie.

Cette cassure de la droite est artificiellement entretenue, comme est impunément maintenue l'alliance au sein de la gauche avec les apologistes et les nostalgiques avoués d'un régime qui compte, au moins, 85 millions de morts à son tableau de chasse.

Et tout cela permet à un parti communiste, apparemment moribond, de conserver son groupe au Sénat et à l'Assemblée nationale, et de se situer à l'avant-garde de la défense de ce que personne ne lui conteste le droit de magnifier comme étant l'exception française, le modèle social indépassable et autres dogmes intangibles de notre belle république hexagonale. C'est tout cela qui explique l'incroyable, l'inconcevable, l'inacceptable consolidation communiste dans notre pays.

JG Malliarakis
©L'Insolent

(1) cf. Sur l'assurance-maladie son entretien dans L'Humanité du 13 septembre, et, sur les retraites, dans Économie et Politique, "revue marxiste d'économie du Parti Communiste Français" N° 580-581.

(2) Si discourtois que puisse paraître ce qualificatif, nous n'en trouvons guère d'autres, dès lors que l'article L-224-3 du Code de la sécurité sociale dispose impunément que les Caisses nationales sont représentées juridiquement par leur directeur général et non par leur président.

(3) En français "think-tank".

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