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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
LUNDI 25 OCTOBRE 2004

À SENS UNIQUE

De l'anticolonialisme à sens unique en Algérie à l'antiracisme à sens unique en Corse.
(Ci-dessus l'ancienne cathédrale Saint-Philippe d'Alger devenue mosquée Ketchaoua)

On s'achemine vers la commémoration du 50e anniversaire du début de la guerre d'Algérie. Celle-ci, rappelons-le aux générations récentes, commença le 1er novembre 1954. Cette date, également appelée Toussaint Rouge, fut marquée par les premiers crimes de l'insurrection, commis contre des civils innocents et désarmés : l'instituteur Guy Monnerot et le caïd M'chounèche (1).

Bien évidemment, — nous ne dirons pas ici : "naturellement" car cela nous semble une attitude contre-nature, — on donne prioritairement, en France, la parole aux ennemis de la France. Ainsi la radio d'État France-Culture, financée par le contribuable français du fait de la redevance monopolistique, ce 25 octobre, commençait sa série "Mémoires algériennes" par un entretien avec M. Hocine Aït Ahmed, en tant qu'il est un des chefs historiques du FLN.

Dire que nous ne sommes qu'à moitié surpris, n'est qu'une litote. Nous avons l'habitude.

Tout cela part sans doute de bons et beaux sentiments. Non sans noblesse, Dominique de Roux disait un jour : "Être français c'est précisément prendre en considération autre chose que la France". Ce serait donc probablement se fonder sur une vision universelle de la justice. C'est répondre à l'exigence d'un choix entre deux sortes de conceptions de l'Histoire que Salvador de Madariaga définissait ainsi (2) : ou bien la voix de la vérité ou bien les voix de la tribu.
On doit, on devrait, toujours parler au nom de la vérité.

Présenté comme cela, c'est parfait. Trop parfait.

La guerre d'Algérie, par exemple, ne fut pas exclusivement une guerre de "libération nationale" abstraite, menée contre un oppresseur anonyme, qui se trouverait par hasard être la république française, un détail bien sûr.
Ce fut une tragédie au terme de laquelle dès le printemps 1962, 1 300 000 Français à part entière, dont (environ) 1 000 000 étaient chrétiens, 100 000 juifs et 200 
000 musulmans furent chassés de ce qui était leur pays, si nous nous basons sur le critère actuellement appelé droit du sol.

Si, plus de 40 ans après l'indépendance, des dizaines de milliers d'Algériens, désormais tous supposés musulmans, continuent chaque année de traverser la Méditerranée pour rejoindre l'ancienne horrible Métropole, ce n'est probablement pas non plus parce que M. Aït Ahmed et ses camarades d'alors ont fait de leur beau pays un paradis.

Devons-nous les encourager à construire une sorte d'Algérie française dans l'Hexagone ?

A-t-on par ailleurs conscience que le plan de Constantine de 1959 a été abandonné, par les technocrates gaullistes qui l'avaient mis sur pied, parce qu'il était réputé coûter trop cher, "un milliard par jour" disait-on, un milliard de centimes de francs ? Or, les conséquences directes et indirectes de l'instauration en Algérie d'un enfer islamo-marxiste coûtent encore plus cher au contribuable métropolitain.

Mais nous ne voudrions pas, non plus, nous enfermer ici, artificiellement, dans une sorte de stérile "nostalgérie" (3).

En effet, nous constatons que l'autodestruction de la France continue.

Le cas de la Corse est plus significatif encore que l'imaginent ceux dont la seule conception de cette question repose sur les préceptes du jacobinisme.

Le 23 octobre à Ajaccio, en effet, plusieurs associations dites antiracistes, mais où l'on retrouve les éléments d'un "front très large" allant des chiraquiens locaux aux communistes organisaient un grand défile contre le racisme frappant, dans l'île, les Maghrébins.

Ponctuellement, qui donc oserait ne pas trouver odieuse, en effet, l'attitude raciste anti-arabe d'une partie, d'ailleurs minoritaire, de ceux qu'on appelle, en Corse, les nationalistes ?

Les slogans du type "I Arabi fora", forme dialectale d'un slogan italien qui veut dire sans périphrase "les Arabes à la porte", c'est très vilain, sachant que ces Arabes viennent effectuer des tâches retirées aux insulaires.

Pouah quel hideux racisme !

Seulement, il faut aussi observer les images, trop furtivement montrées, des graffitis insupportables. À côté du choquant mot d'ordre diffusé plus haut, en figure un autre "I Francesi fora".

Ai-je besoin de traduire ?

Or, de ce deuxième slogan, le plus ancien, exactement aussi affreux, personne ne semble s'émouvoir chez les chiraquiens, les jacobins et les communistes, à Paris comme à Ajaccio.

Depuis quelque 30 ans, ce mot d'ordre tend à expulser de Corse les Continentaux. Il est accueilli, à Paris plus encore qu'à Ajaccio (4), avec une sorte d'indulgence de la classe politique, des bonnes âmes, des professeurs de morale "républicaine" etc.

Par "Continentaux", on doit entendre, bien sûr, les originaires du plateau continental européen. Ceux du continent africain, plus précisément du Maghreb, font l'objet d'une même xénophobie, d'un même rejet, mais ils bénéficient de l'indignation générale.

Ne serait-il pas tant d'en finir avec le spectacle de ces indignations à sens unique ?

Jacques Perret parlait, il y a 40 ans, de l'hémiplégie de la conscience universelle, qui frappe toujours d'un seul côté.

Ce mal n'est toujours pas guéri.

L'autodestruction de la France en est la conséquence.

JG Malliarakis

©L'Insolent

(1) Ces noms sont ceux retenus par l'Histoire. En fait, dès la nuit précédente d'autres victimes également innocentes étaient tombés.
Cf l'article de M. André Spitéri.
(2) En exergue de son "Histoire de l'essor et du déclin de l'empire espagnol d'Amérique".
(3) Mot forgé par Henry de Montherlant
(4) Car, en Corse même, le slogan IFF "I Francesi fora" est perçu pour ce qu'il est. Mais ceux qui le dénoncent sont-ils compris à Paris ?

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