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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

LUNDI 22 NOVEMBRE 2004

HÉRITAGE DU COMMUNISME : LE MORT SAISIT LE VIF

Vaclav Havel avertit les Français : "Les mentalités, qui sous-tendaient les dictatures communistes, n'ont pas complètement disparu".

Le 17 novembre 1989 à Prague, la "révolution de velours" mettait un terme à 41 ans de dictature communiste sur la Tchécoslovaquie. À l'occasion du 15e anniversaire de cet événement libérateur, son premier artisan, M. Vaclav Havel, ancien président tchèque a eu le courage de mettre en garde ses lecteurs français (1).

Que nous dit, aujourd'hui, celui qui fut, en même temps que Lech Walesa en Pologne et Alexandre Soljenitsyne en Russie, l'une des plus célèbres figures de la résistance au communisme en Europe de l'Est ?

"Malheureusement, constate Vaclav Havel, les mentalités, qui sous-tendaient les dictatures communistes, n'ont pas complètement disparu".

Cet avertissement vient au moment où le parti communiste tchèque est la deuxième force politique du pays, entré en mai 2004 dans l'Union européenne.

Il justifie à lui seul notre détermination à faire connaître la Sociologie du Communisme de Jules Monnerot.

La première édition de ce maître livre, publiée par Gallimard en 1949, avait été précisément écrite au lendemain de la mainmise totalitaire stalinienne sur la Tchécoslovaquie, ce qu'on appelle le coup de Prague de 1948 (2).

Dans ce contexte, et alors même que la pensée française, l'université française, l'intelligentsia française, la sphère culturelle, théâtrale, artistique, cinématographique françaises étaient totalement dominées par l'influence marxiste, communiste et stalinienne, Jules Monnerot entreprit de décrire de manière scientifique ce qu'était réellement le communisme, à la fois comme entreprise de conquête du monde et comme tentative d'explication de la société.

De cette œuvre, il reste d'abord que, pratiquement seul en occident, l'auteur osait prévoir que le système soviétique s'effondrerait. D'autre part, il parvenait à prédire les grandes lignes qui furent effectivement celles de cet effondrement (3).

Le livre était composé de 3 parties. Nous les rééditons inchangées, mais à la suite, en 3 volumes distincts. Nous le faisons, à la fois pour des raisons de commodité de lecture ; mais aussi, par ailleurs, parce que le lien logique entre ces 3 aspects du communisme peuvent paraître dissociés, à 50 ans de distance. De la manière où ils étaient alors décrits — "l'Islam du XXe siècle", "La Dialectique" et "Imperium mundi"— ce sont aujourd'hui comme trois livres différents.

Jules Monnerot appelle "l'Entreprise" cette vague révolutionnaire apparemment sans précédent.

L'Entreprise communiste avait été historiquement conduite par Lénine ; elle avait été réalisée par les Bolcheviks ; elle fut imposée pendant la guerre civile par l'armée rouge de Trotski et elle se vit continuée par Staline.

Or, cette entreprise communiste fonctionnait sur les schémas structurels d'une "religion séculière", tout à fait comparable à ceux de la conquête islamique 1 000 ans plus tôt. Pour cette raison, le premier volume "l'Islam du XXe siècle", prend une très singulière résonnance, en notre début de XXIe siècle où, bien évidemment, on est en droit de se demander dans quelle mesure aussi l'islamo-terrorisme ne découle pas même modèle, s'il n'est pas, à son tour, le "communisme" de notre époque.

Précisément, cette entreprise de subversion a un fondement philosophique.

Telle est la matière du second volume [à paraître prochainement] sous le titre de "Dialectique" (Marx, Hegel, Héraclite).

On doit bien comprendre aujourd'hui que, si la dialectique marxiste semble passée de mode aux yeux de certains, son rôle a été fondamental et il le demeure.

En Union Soviétique, sous l'abréviation de "diamat" (matérialisme dialectique), elle servait de philosophie officielle, et on l'enseignait dans les universités.

Or, ce qui tenait lieu à l'Est de catéchisme laïque obligatoire, actuellement tombé en grande désaffection, a également répandu sa nuisante puanteur dans le cerveau des intellectuels occidentaux. Les marasmes du prétendu "matérialisme historique" n'ont toujours pas été assainis : le mur de Berlin n'est tombé que d'un seul côté ; le mur de Montreuil est toujours debout. Aujourd'hui à Prague les étudiants sont obligés de manifester contre l'héritage communiste. Le 8 novembre à Berlin on célèbre aussi le 15e anniversaire de la "chute du Mur" mais à Paris on propage encore dans les médiats le mythe et la nostalgie de l'Est, de Che Guevara, des voyages dans les derniers bastions du communisme, etc.

Et surtout on nous incite à partager tous les mots d'ordre négatifs lancés par les nostalgiques du marxisme, conservateurs de son héritage.

Il demeure donc capital de comprendre ce que le marxisme appelle dialectique, ce qu'il emprunte frauduleusement à Hegel et à Héraclite.

Or, Jules Monnerot démontre dans son 2e volume à quel point Marx trahit et usurpe la dialectique.

Marx la met au service du contraire même de ce qui est son but, et de ce qui constitue d'ailleurs l'objectif de toute philosophie du réel. D'Héraclite à Hegel, la dialectique est à l'opposé d'une pensée "fixiste". Elle n'a pas pour paradigme "l'éternité de l'Être" (4) : elle se préoccupe, au contraire, de l'évolution du vivant.

Or Marx, quant à lui, flanqué de son fidèle garde du corps et mécène Friedrich Engels, a pour projet de mettre un terme à l'Histoire.

Tout le mérite immense de la Sociologie du Communisme de Jules Monnerot est de montrer à quel point le marxisme est à la fois une imposture du point de vue même de la dialectique dont il se réclame et une négation pure et simple de la méthode scientifique.

"Si le fait de prendre conscience de l'économie est une composante de l'économie, questionne notre auteur, peut-on encore parler de matérialisme ?"

Cela était d'une grande audace dans les milieux scientifiques des années 1950 où tout le monde faisait profession d'admirer la science soviétique, dont Jules Monnerot démontre qu'elle était enchaînée à un pouvoir d'essence "religieuse".

Aujourd'hui, il importe de retrouver exactement l'origine de cette dénaturation et Sociologie du Communisme montre combien ses racines, loin de ressortir de la science, sont issues d'un fond psychologique.

On était en présence d'un ressentiment révolutionnaire très ancien.

Or, ce ressentiment demeure totalement intact en ce début de XXIe siècle chez tous les adversaires de la liberté. Il tisse les axiomes dont les doctrines marxistes se nourrissent et grâce auxquels les pratiques révolutionnaires alimentent leurs entreprises.

De ce double point de vue, la connaissance de la Dialectique, celle de Marx trahissant Hegel et Héraclite, reste affreusement nécessaire pour comprendre le drame du présent.

JG Malliarakis

©L'Insolent

(1) Le Figaro du 16 novembre.

(2) La cause principale de la capitulation de l'occident devant ce coup de force, préparé par le résultat des conférences de Téhéran, Moscou et Yalta repose sur l'ignorance volontaire du phénomène communiste.

(3) Il récidive dans sa préface à l'édition de 1963. Plus tard, quand les SS-20 de l'ère brejnévienne tétanisent les dirigeants de l'Europe de l'ouest, la 3e édition du livre trouvera refuge aux "éditions libres Jean-Edern Hallier".

(4) Cette pensée de l'Être est associée à l'enseignement de Parménide.