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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
MERCREDI 29 DÉCEMBRE 2004
LIQUIDER LES SÉQUELLES DU SOVIÉTISME ET DE YALTA
Après l'Ukraine, Cuba doit être libérée !
On doit se réjouir, bien évidemment, de la victoire électorale à Kiev de M. Iouchtchenko, non pas parce qu'il serait le candidat "pro-occidental", mais en ce qu'il est tout simplement le candidat de la liberté et de la dignité. Le peuple européen d'Ukraine doit voir enfin reconnu son droit de choisir et de déterminer librement lui-même ses relations tant avec la Russie qu'avec l'Europe occidentale.
Nous l'avons dit dès le commencement de la crise, il est regrettable que le gouvernement russe se soit pris à son propre piège en soutenant, contre toute évidence, le candidat de la fraude politique et de la corruption économique. Ce matin du 29 décembre il s'obstinait encore.
Or, tant que Vladimir Poutine se commettra avec des personnages véreux comme Ianoukovitch, alors qu'il prétend balayer en Russie le pouvoir des oligarques, il sera difficile aux Européens de considérer que la Russie est, vraiment, enfin, totalement, libérée des séquelles du communisme, et de coopérer sans réserves avec elle.
Et je pense qu'il y a lieu de le déplorer. Car l'Europe ne sera pleinement l'Europe des libertés que dans une étroite entente entre l'Union européenne et la Fédération de Russie. C'est cette entente qui permettra à une nouvelle alliance occidentale, formée de l'Europe, des États-Unis et de la Russie, de fonctionner de manière équilibrée et de faire face aux menaces communes actuelles. Soulignons d'ailleurs qu'en persistant à offrir à l'Europe un visage menaçant, notamment du fait de son arsenal militaire, en nous considérant visiblement comme de ridicules "petits cochons roses" les dirigeants du Kremlin commettent une grave erreur stratégique contraire aux intérêts du peuple russe autant qu'aux nôtres : ils maintiennent une politique militaire de guerre froide, avec des moyens désormais réduits et vieillissants, et n'investissent pas dans les moyens renouvelés, en vue des conflits prévisibles de l'avenir qui opposeront, notamment, tous les pays civilisés au terrorisme islamiste mais aussi aux narco terrorismes, et aux survivances et aux surgeons marxistes léninistes. Et, ce faisant, ils nous obligent à demeurer tributaires de l'aspect bureaucratique de l'OTAN figé dans des conceptions remontant à 1949.
Les deux blocs se justifiaient ainsi mutuellement aux temps de la guerre froide. Les deux bureaucraties subsistantes, aussi bien celle du Kremlin et de ses louches séides, que celle des pseudo-stratèges en retard de deux guerres, persistent étrangement à le faire : les accords de Yalta appartiennent à l'Histoire ancienne mais le système qui en résultait trouve une nouvelle vie.
Car parmi les relations très suspectes du gouvernement et de la diplomatie de Moscou, il n'y a hélas, espérons que nous pourrons très bientôt écrire, à l'imparfait, "il n'y avait", pas que la crapule Koutchma avec sa belle gueule de faux frère. En Europe il existe encore plusieurs pays dits "des confins".
De ces territoires européens, on ne vous parle jamais. Mais, c'est promis, nous essayerons en 2005 (on se rapproche des vux de fin d'année) de tenir informés les lecteurs de l'Insolent. Ces pays sont encore la Biélorussie, la Moldavie, l'enclave séparatiste de Transnistrie, et le territoire de Knigsberg. Partout la Russie "poutinienne" y commet l'erreur, et la faute, de s'appuyer sur les nostalgiques du communisme.
Je me suis personnellement toujours refusé à hurler avec les loups "anti-russes" particulièrement lorsque se sont produites les tragiques affaires de prises d'otages par les terroristes tchétchènes, qui sont des Barbares et des assassins. Mais il faut reconnaître que les troupes spéciales russes ne sont visiblement pas préparées à cette guerre qui pourtant dure depuis des années. Avec une élégance digne de son ami Chirac, M. Poutine a dit un jour des terroristes islamistes se réclamant de la cause tchétchène "il faut les butter jusque dans les chiottes". Saluons cette virile détermination. Il me semble, quant à moi, que ses fins limiers gagneraient quand même à opérer des investigations plus sophistiquées et à monter des raids plus chirurgicaux.
Mais il serait naïf et réducteur de limiter notre préoccupation à la seule sphère continentale européenne.
Il est bien clair par exemple qu'une île comme Cuba appartient aussi à notre environnement culturel. Il n'est que de voir comment sa promotion touristique joue sur les liens avec la vieille Europe. Nos amis espagnols considèrent à l'évidence qu'elle fait partie de leur univers. Le gouvernement actuel de Madrid, issu de la manipulation que l'on sait, ne manque pas d'ailleurs de défendre celui de La Havane. José Luis Rodriguez Zapatero prenant démagogiquement le contre-pied de José Maria Aznar en Amérique latine est revenu sur les sanctions européennes contre Cuba, qu'il se permet de juger "inefficaces".
Or, il y aura exactement 45 ans, le 1er janvier prochain que s'accomplissait la révolution cubaine de 1959. Ce fut alors un bel exploit de la CIA ! Mais, curieusement, ceux qui se disent aujourd'hui les "alter-mondialistes" ne s'en plaignent jamais. Il allait permettre à un révolutionnaire gauchiste nommé Fidel Castro de s'emparer, sans partage, de tous les rouages du pouvoir à La Havane. Le chef des barbudos allait attendre le 1er mai 1961 pour, enfin, se proclamer ouvertement marxiste-léniniste, concept inventé par le génial Staline. Depuis lors, ce dictateur sinistre n'a jamais démenti ni cette filiation théorique, ni non plus les pratiques dictatoriales dont elle a toujours fait sa règle.
Ce serait faire injure aux détenus politiques cubains, aux poètes emprisonnés et à toutes les victimes de l'atroce répression de ce régime tropical-socialiste que de ne pas commencer par la dénonciation des violations grossières des droits, qui caractérise de manière permanente ce régime. En mars 2003, Fidel Castro a encore fait officiellement arrêter 75 opposants ou journalistes indépendants. Et aux détenus politiques officiels, qui sont pudiquement évalués aux environ de 300 (1) s'ajoutent les victimes traditionnelles de la répression communiste. Mais nous ne devons pas oublier qu'il a réduit à la misère l'un des pays les plus prospères d'Amérique latine. La prostitution, le trafic de drogue, etc. y ont pris progressivement la place de l'économie du sucre et du tabac. Honte aux touristes qui enrichissent ce système !
Or, non seulement depuis la crise des fusées d'octobre 1962, Cuba est toujours demeurée, malgré la fin des subventions et des aides de l'État russe en 1991, un enjeu des négociations entre Moscou et Washington, mais aujourd'hui, où le dictateur Castro, est âgé de 75 ans, il peut se permettre de ne même pas accepter une transition démocratique à l'occasion de sa succession.
Non, l'impunité de tous ces survivants du stalinisme n'est pas innocente !
JG Malliarakis
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(1) Chiffre fort complaisant donné par Libération du 18 décembre, qui ajoute cependant : "L'unique visite autorisée du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) remonte à 1988."
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