Revenir à la page d'accueil ... Accéder au Courrier précédent ... Utiliser le Moteur de recherche

•...Pour commander le livre Sociologie du Communisme •...Pour accéder au catalogue des Éditions du Trident

BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

MARDI 4 JANVIER 2005

LE FISCALISME S'EMPARE DE LA CATASTROPHE ASIATIQUE

Voici que les hommes de l'État caressent l'idée d'une taxe humanitaire. Merci à Michèle Alliot-Marie de l'avoir révélé. Mais, à propos de solidarité, où en est la forêt française 5 ans après la tempête de décembre 1999 ?

Au ministère de la Défense, Mme Alliot-Marie a au moins un mérite, celui de réhabituer les Français à l'idée que leur pays a besoin d'une armée. Cette tâche pédagogique, essentielle, on lui sait gré de la mener courageusement, indépendamment des choix budgétaires et stratégiques pertinents. Ceux-ci viendront plus tard, probablement dans le cadre de la coordination européenne d'efforts militaires nationaux indispensables. Bravement, le 31 décembre, Mme Alliot-Marie était à Kaboul, auprès des soldats français. Ces derniers se trouvent engagés dans le cadre de l'ISAF, Force internationale d'Assistance à la sécurité. Ils font face, sans qu'on invite l'opinion à s'en préoccuper, à un adversaire qui sera, certainement, pour un fort longue période, celui des armées françaises et européennes, le terrorisme islamique. Relayé par les réseaux de la drogue, soutenu par toute la logistique révolutionnaire issue du marxisme-léninisme, ce terrorisme a droit à toutes les indulgences médiatiques (1)…

Quand elle s'occupe de tout cela Mme Alliot-Marie fait œuvre utile. Et nous devons l'encourager à persister et à se dévouer principalement à cette tâche. Celle-ci n'est pas seulement noble : elle semble très suffisante pour une personne dont on n'a pas l'habitude de soupçonner qu'elle pourrait disposer de moyens intellectuels supérieurs à ceux d'Albert Einstein ou de Marie Curie.

Or, à son retour d'Afghanistan, Mme le ministre est intervenue ce 3 janvier sur I-Télévision. Elle n'aurait sans doute pas dû le faire, compte tenu d'un état de fatigue bien compréhensible. Car elle a "communiqué" à propos du tsunami du 26 décembre dans l'Océan indien.

Mais, là aussi, il faut l'en remercier. Car, un peu mécaniquement, elle a dit, ouvertement, ce que les dirigeants de l'État cherchent actuellement à faire passer en douceur auprès de l'opinion, de manière subliminale. Derrière les campagnes dites de "solidarité", et niant, par là même, le "formidable élan de générosité" des Français, qu'elle a bien fait de saluer dans un autre mouvement de phrase, Mme Alliot-Marie a tout simplement proposé de créer un impôt nouveau à la faveur du drame asiatique.

Merci Mme Alliot-Marie pour ce lapsus, occasionné par votre méritoire fatigue.

Le principe mondialiste d'un tel impôt n'échappe évidemment à personne : l'État imprévoyant et impécunieux souhaite disposer immédiatement de fonds, en cas de catastrophe comme celle-ci. Il pourra ainsi faire le généreux avec l'argent des citoyens, sans que ceux-ci aient même besoin de manifester leur participation par des moyens aussi "soft" et "high tech" que les "SMS pour l'Asie" auxquels se sont adonnés des dizaines milliers de titulaires d'un téléphone portable.

Mme Alliot-Marie est cependant bon prince. Elle reste ouverte à tout autre moyen : "il faut sans doute quelque chose qui soit plus général, dit-elle, probablement sous la forme d'une taxe ou autre chose qui permettrait d'avoir un fonds à disposition de façon à pouvoir réagir très vite".

Or, le même jour, le Parti socialiste s'est révélé la boîte à idées imprévue d'une droite vraiment bien maladroite. Le Parti socialiste a trouvé la solution. Le Parti socialiste suggère, pour aider à la reconstruction des régions d'Asie affectées par le raz-de-marée l'instauration d'une "taxe exceptionnelle" sur le capital, au niveau français ou européen.

Aujourd'hui, le Parti socialiste suggère.

Demain, la "gauche unie", "plurielle", redevenue comminatoire, exigera…

Et on criera : honte aux affreux capitalistes qu'une telle taxe supplémentaire encouragerait encore à traverser les frontières.

Enfin, le fiscalisme franco-français tiendra le prétexte pour rétablir le contrôle des changes : humanitaire mon cher Watson.

Mais puisqu'on parle de solidarité mondiale et nationale étatique obligatoire (2) devant les catastrophes, que penser de la manière dont rien n'a été fait, au niveau de l'État, depuis 5 ans pour aider vraiment à la reconstitution de la forêt française dévastée par les tempêtes, ou plus précisément les ouragans Lothar et Martin, des 26 et 27 décembre 1999. Certes les assurances privées ont déboursé plus de 6 milliards d'euros. Mais cela est loin de suffire à restaurer les centaines de milliers d'hectares dévastés, sans parler des quelque 95 morts.

Imagine-t-on un prélèvement sur les capitaux japonais, chinois, indien, ou même sur ceux du richissime sultan de Brunei, pour "revitaliser (gracieusement) la filière bois" en France ?

Il est vrai que l'État français lui-même s'est montré très largement défaillant. C'est ainsi qu'au printemps 2000, le gouvernement socialiste de M. Jospin estimait l'occasion assez propice, appauvrissant les propriétaires privés, pour renforcer le caractère étatique de la gestion du domaine forestier. On a même trouvé des écolos pour soutenir qu'en laissant le désastre béant, on donnait ainsi une chance "à la biodiversité".

Cet état de chose a perduré, malgré la victoire de la droite aux divers scrutins du printemps 2002. Il y a d'ailleurs de bonnes chances que les forestiers français aient à attendre une indemnisation véritable aussi longtemps que les Français d'Algérie, qui attendent vainement depuis 42 ans.

Il y a une douzaine d'années, l'un d'entre eux me racontait, avec philosophie et humour, son odyssée de combattant de la Ière Armée française, de haut fonctionnaire de la république, puis, finalement, de rapatrié spolié. Il concluait par cette formule, "Moralité : si tu veux être vraiment sûr d'être abandonné, fais confiance à l'État français".

Je voudrais pouvoir lui répondre amicalement aujourd'hui : "tu as aimé l'étatisme hexagonal, tu adoreras l'étatisme mondial."

JG Malliarakis

©L'Insolent

Revenir à la page d'accueil ... Utiliser le Moteur de recherche

Apostilles

(1)Quand ils voilent leurs épouses et leurs filles les musulmans sont des Barbares. Quand ils posent des bombes dans les cars scolaires ce sont d'estimables résistants.

(2) Rappelons une fois de plus que tout est là : dès lors qu'elle devient obligatoire, la "solidarité" perd toute signification. Elle n'est plus qu'un prétexte hypocrite, et même assez dégoûtant, à l'arbitraire étatique.

• Vous pouvez aider l'Insolent ! : en faisant connaître notre site à vos amis • en souscrivant un abonnement payant