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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
LUNDI 7 FÉVRIER 2005
LE NON CÉGÉTISTE À LA CONSTITUTION EUROPÉENNE
Pas possible de se prononcer, sans tenir compte, aussi, de l'imposture communiste.
La plus grave question pour notre pays n'est pas la tentative de blocage, par 118 défilés, rassemblant 211 000 syndicalistes ce 5 février, protestant contre la réforme des 35 heures.
La plus grave question demeure la tétanisation de l'opinion et l'aveuglement des médiats face à la démagogie du recroquevillement hexagonal, attisée par les réseaux communistes.
Lors de la réunion de son Comité confédéral national du 3 février la CGT a pris, en effet, contre la volonté affichée de son chef nominal B. Thibault, une décision lourde de conséquences. La CGT en effet va s'engager dans la bataille de la Constitution européenne, en militant pour le Non, contre l'avis de la Confédération européenne des syndicats, et contre le Oui décidé par la CFDT principale centrale ouvrière du secteur privé (1).
Cette décision constitue un démenti formel à la prétendue indépendance du syndicat et à son apparent détachement par rapport aux choix politiques. Elle a été prise par 82 % des voix des membres de l'appareil, permanents des fédérations professionnelles et des unions départementales cégétistes.
Bien entendu, et Mme Buffet au nom du parti communiste prenant la parole le soir même de ce 3 février à Tulle, et, dès le lendemain 4 février, le quotidien L'Humanité, trouvent excellentes cette Divine surprise de la centrale syndicale s'alignant sur la position du parti.
Ceci peut sembler, à certains, en quelque sorte "novateur", sinon par rapport à tout ce que la CGT a toujours fait depuis le grand noyautage de 1942 et depuis la prise définitive de contrôle par les staliniens en 1947, du moins à ce que l'on tendait à faire croire au public depuis 1999, lorsque B. Thibault fut propulsé, seul candidat, à la tête de l'organisation. Contrairement à ses prédécesseurs, B. Thibault ne fait (théoriquement) plus partie des plus hautes instances officielles de place du colonel Fabien. Mais rassurons nos lecteurs, cet ancien "bon jeune homme", aujourd'hui âgé de 46 ans, se disant lui-même "plus suiviste que leader", adhérent du PCF depuis l'âge de 16 ans, n'en a jamais publiquement lui-même, ni déchiré la carte, ni dénoncé les tares, ni découvert les complaisances pour les crimes staliniens.
Aujourd'hui il fait mine de découvrir des "carences de la démocratie interne" au sein de sa propre centrale. Mais ne l'oublions pas : sans les dysfonctionnements de procédure, il serait demeuré sans doute un responsable secondaire, certes membre à l'époque du Comité central du parti communiste, mais forcément il n'aurait pas pu se trouver élu avec 100 % des voix secrétaire général de la CGT.
Le "concept" B. Thibault, lancé à l'occasion des grèves de 1995, c'est, ou plutôt c'était, l'apparence d'une centrale indépendante des débats strictement politiques. Lui-même a peut-être cru naïvement pouvoir conduire cette barque, sans se soucier de la ligne dirigeante de son organisation, sans se rendre compte peut-être de son caractère prioritairement politique.
Dans les médiats, y compris dans la presse dite bourgeoise, les salles de rédaction occultent ou font semblant d'ignorer le poids déterminant, dans cette affaire, de la ligne adoptée par les communistes pour le referendum sur la ratification du Traité Constitutionnel européen. Même le commentaire du Figaro du 4 février semblait suggérer une plus grande proximité des membres du CCN, reflet d'une base populaire et protestataire, etc.
Afin d'endormir, comme toujours, les Français, le mot d'ordre officiel a été donné, en effet, depuis le vote interne du parti socialiste : toutes les forces démocratiques françaises votent globalement pour la Constitution européenne, plus de 65 % des Français sont "pour", circulez il n'y a rien à voir. Seuls s'opposent à ce traité les éternels villiéristes et chevènementistes, sans parler (horresco referens) des très méchants lepénistes. Pour les bons esprits et autres analystes agréés, le PCF ne compte plus. Il serait devenu un parti comme les autres. Il ne serait plus qu'une sorte de force marginale dotée, certes, d'un groupe parlementaire et d'un groupe sénatorial plus quelques reliquats d'influence mais il serait incapable de manœuvrer. Il serait réduit à un vague statut de force d'appoint du parti socialiste. Force démocratique "comme les autres", il serait donc rallié discrètement à l'idée européenne.
Or, le referendum européen, va voir et voit déjà le parti communiste jouer un rôle central dans l'opposition à la construction européenne.
Avec l'appui de ses réseaux d'influence il en a toujours été ainsi dans tous les grands débats relatifs à l'Europe : rejet de la CED en 1954, ratification du traité de Rome signé en 1957, adhésion de la Grande Bretagne en 1971, référendum de 1992 ratifiant l'accord signé à Maastricht en 1991. Depuis l'échec de la CED, il y a plus d'un demi-siècle, et selon le degré de la force conjoncturelle du PCF, et selon le poids de son influence extérieure du moment auprès des "utiles idiots", la ratification des décisions européennes a été plus ou moins facile.
Par exemple, entre les évènements de Budapest en 1956 et les élections législatives de 1959 où son groupe parlementaire se voit réduit à 10 députés, le parti communiste est totalement discrédité. Et surtout il se trouve isolé : les socialistes SFIO refusent toute alliance électorale avec les complices de Khrouchtchev bourreau du peuple hongrois (2). Étrangement donc les fondateurs de la Ve république, après avoir pourtant promis de vouer les traités européens au sort des "chiffons de papier" (3), n'auront aucune difficulté, et ils n'éprouvèrent apparemment aucun état d'âme, à faire ratifier le traité de Rome, signés par les représentants de la république précédente.
Et à chaque échéance de la construction européenne on a retrouvé la marque de ce paramètre communiste.
Certains pensent certainement aujourd'hui ne plus avoir à se préoccuper du parti communiste depuis le scrutin d'avril 2002. Ils oublient le score des quatre candidats se réclamant du marxisme-léninisme, car, staliniens ou trotzkistes, les admirateurs explicites du communisme ont totalisé 15 % des suffrages. Ces voix n'ont fait l'objet d'aucun rejet, d'aucune diabolisation, d'aucune dramatisation. Elles s'intègrent à la majorité présidentielle du second tour. Il n'est pas exorbitant non plus de retrouver une partie de leur programme non seulement dans les propos des alter-mondialistes mais également dans la phraséologie officielle du chef de l'État sur la scène internationale. Rappelons aussi pour mémoire la relative bonne presse dont disposent en France les régimes ouvertement communistes du Vietnam, de Chine continentale ou de Cuba.
Or, l'une des grandes impostures de cette campagne, communiste par réseaux d'influence interposés, consiste à jouer sur l'ambiguïté d'une contestation se situant à la fois sur le terrain de la souveraineté nationale étatique et sur celui de la conservation des acquis sociaux.
Pour la plupart des Français tant soit peu informés de la réalité économique et financière mondiale, la responsabilité du fiscalisme, de l'assistanat, de la rigidité réglementaire du Code du Travail, de la redistribution, de l'assistance aux grands groupes monopolistes et de l'économie mixte dans le déclin français ne fait aucun doute.
Plus généralement, si le centre de gravité de l'économie mondiale s'est déplacé de l'Europe vers l'Extrême Orient, si plus de 60 % de la finance mondiale est située aujourd'hui à moins de 2 heures d'avion de Hong Kong, si, d'année en année, la productivité européenne progresse deux fois moins vite que celle des États-Unis, ce n'est pas pour des raisons climatiques.
Si l'on veut bien mesurer le recul français et européen des 30 dernières années, il faut donc bien convenir de l'urgence. Et on conviendra aussi, sur ce point, de la pertinence des intentions affichées par la commission européenne présidée par M. Barroso (4), confrontée à la mesure de l'imbécillité arrogante de notre technocratie monopoliste franco-française auto-satisfaite et aux relais médiatiques de ses mots d'ordre.
Tout recroquevillement hexagonal fonctionne donc aujourd'hui comme une trahison des véritables intérêts français.
On ne doit pas s'étonner de voir la CGT occuper sur ce terrain une place de choix : elle a toujours été à l'avant-garde de la bêtise et de la méchanceté. Comme toujours elle va chercher à faire basculer dans sa ligne sectaire, un à un, les syndicats et les mouvements courroies de transmission, dont les communistes infiltrent encore, comme au bon vieux temps, les appareils de contrôle.
Ainsi va-t-on voir, bien évidemment, des "socialistes de gauche" (5) ou des "Verts de progrès", mais aussi des "républicains et patriotes de droite comme de gauche" se rallier à la "ligne générale" lancée par le PCF. Cette façon de procéder n'a guère changé depuis les années 1920. À l'époque les communistes se proposaient ouvertement de "plumer la volaille" socialiste. Tout lecteur de Jules Monnerot connaît le mécanisme.
Indépendamment même des jugements relatifs au texte du Traité soumis au référendum, il ne sera donc pas possible de se déterminer, et de se prononcer, sans tenir compte, aussi, de l'imposture communiste et cégétiste dans le débat.
JG Malliarakis
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Apostilles
(1) Il y a bien longtemps que la CGT a cessé d'être une "centrale ouvrière" et que le parti communiste n'est plus le "premier parti ouvrier de France". La majorité des troupes et des permanents se recrutent dans la fonction publique et notamment dans le corps enseignant (FSU) ou dans les personnels à statut protégé, régime de retraite privilégié et emploi garanti des grands monopoles (SNCF d'où B. Thibault est issu, EDF-GDF, France-Telecom, etc..)
(2) Il faudra attendre Mitterrand et l'élection présidentielle de 1965 pour voir désenclaver le PCF…
(3) L'expression était utilisée par Michel Debré dans le Courrier de la Colère, avant d'être Premier ministre de 1959 à 1962, période de mise en place des dispositifs européens actuels.
(4) Signalons qu'il faut en fait parler de la majorité actuelle existant au sein de cette commission, dont les 25 membres sont nommés chacuns par leurs gouvernements respectifs.
(5) Le critère de la gauche est d'être aligné sur les positions du parti communiste. Ainsi en était-il, autrefois, des "gaullistes de gauche" qui, en général, étaient des sympathisants royalistes. Aujourd'hui, M. Fabius, qui est probablement l'un des plus brillants politiciens réactionnaires de notre pays, et en tout cas du parti socialiste, est désormais "de gauche".
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