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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
VENDREDI 25 FÉVRIER 2005
DÉPHASAGE DE GAYMARD... DÉPHASAGE DE NOTRE CLASSE POLITIQUE...
Le monde change mais une chose ne change pas : c'est l'inconséquence de nos dirigeants.
Le monde change mais une chose ne change pas : c'est l'inconséquence de nos dirigeants.
Certes M. Gaymard ne m'est guère sympathique. Plus exactement je le tiens pour un faux défenseur des classes moyennes. Sa qualité de fils d'un cordonnier marchand de chaussures ne saurait être retenue dans une société ayant aboli les titres de noblesse.
On devrait cependant le combattre, ou au contraire le défendre, sur le terrain de sa politique, très exactement c'est celle du clan chiraquien. Il en était ainsi lors de son passage au ministère de l'Agriculture. Il en est encore ainsi depuis sa nomination comme Ministre des Finances.
Et, dans sa dérision et son scandale même, son affaire de loyer, suivie de ses complaintes de propriétaire immobilier incompris, est totalement banale au regard des moeurs réelles de nos princes.
Sur ce terrain, le sérail est en cause, non le ministre.
Même sans Gaymard, la faune gouvernementale devient en effet de plus en plus insupportable.
Ainsi, le ridicule Villepin, s'exprimait ce 24 février sur la radio d'État France Inter. Il est parvenu, par ses propos absurdes, à arracher votre serviteur, sinon à sa torpeur hivernale, du moins à ses perplexités devant les transformations en cours sur la scène internationale.
S'il est plausible, mais non certain, de voir évoluer, en effet, la politique des États-Unis vis-à-vis de la construction européenne, et par ricochet, de voir leurs dirigeants moins enthousiastes à l'idée de l'inclusion d'Ankara dans l'UE si l'on peut se demander si le gouvernement allemand, sous Schroeder ou après Schroeder va se rapprocher des Américains, une chose est certaine et ne change pas : c'est la frivolité, c'est l'inconséquence de la classe politique française.
De ce point de vue, la distance séparant M. de Villepin et son maître (le grotesque) Chirac des réalités mondiales est aussi effarante, qu'est évident l'éloignement de M. Gaymard et, surtout, des responsables de sa communication, par rapport aux réalités sociales de notre pays.
Plus exactement et plus précisément, les deux déphasages s'expliquent l'un par l'autre.
Le nombrilisme hexagonal de nos énarques les empêche de voir à quel point l'affaire Gaymard serait inconcevable au Japon ou en Allemagne, en Angleterre ou en Italie, en Allemagne ou aux États-Unis. En citant ces pays pensons aux réunions du G 7 où les ministres français des Finances et les chefs d'État se côtoient régulièrement. Pour quels pantins passent donc nos dirigeants, et nous-mêmes, leurs électeurs ?
Le même nombrilisme les empêche de tenir de l'expérience réelle des grands pays civilisés, dans la lutte contre le chômage par exemple. Si la France vient de passer la barre des 10 % ce n'est pas le simple produit de la malchance.
Parlant assez longuement ce 23 février de divers sujets, notamment de l'immigration clandestine, le ministre de l'intérieur parisien s'est exprimé, comme le font la plupart des politiciens et des journalistes français, en considérant exclusivement la dimension hexagonale.
Chacun, dit-on, balaye devant sa porte. Et sans trop s'attarder à déterminer si les immigrés sont ici balayeurs ou balayés, une bonne partie de l'opinion applaudirait certainement, dans ce domaine, à un programme national d'application des textes venant des autorités chargées, en droit, de l'exécution de la loi.
Or, ce gouvernement se révèle incapable de prévoir la neige en hiver et la chaleur en été. Il reconnaît lui-même, par la voix du (ridicule) Villepin, ignorer le nombre d'immigrés clandestins (2) nomadisant ou transhumant dans l'Hexagone. Il se refuse même à donner aux journalistes de la radio d'État la moindre fourchette d'évaluation. Et surtout, le (ridicule) Villepin ne mentionne même pas l'évolution juridique déplaçant la gestion de l'immigration clandestine vers la compétence des instances européennes, évolution remontant pourtant aux accords de Schengen et au traité négocié à Amsterdam en 1997.
Pas une seconde, le (ridicule et prétentieux) Villepin n'a parlé de l'Europe. Le (ridicule) Villepin connaît exclusivement le pacte républicain. (3) Le prétendu pacte républicain est seulement connu de quelques privilégiés de la république, de quelques sachants, de quelques initiés : mais ces happy few pensent pour nous !
Le (ridicule) Villepin connaît-il seulement, en revanche, l'existence d'une procédure de ratification référendaire du Traité visant à établir une constitution de l'UE ?
Apparemment non.
On doit cependant en parler dans son entourage puisque, dit-on, le gouvernement est tétanisé à l'idée que la question turque, mais aussi la réforme scolaire, mais aussi l'assouplissement des 35 heures, mais aussi la directive Bolkestein, ou bien la nouvelle d'un tremblement de terre en Iran en vienne à fausser le débat et à dissuader les électeurs de voter comme on leur demande, c'est-à-dire "oui".
En elle-même, on devrait tenir l'ignorance du (ridicule) Villepin pour une circonstance favorable car les meilleurs propagandistes du "non" ce sont encore le résident de l'Élysée, assisté de toute son équipe de branquignols, et leurs alliés d'un jour. Philippe de Villiers l'a dit avec humour. Moins le (ridicule) Villepin et ses semblables nous parleront de l'Europe, et plus elle nous semblera crédible.
Et au fond nous devrions nous demander si, par hasard, ils ne le feraient pas exprès : la ratification du Traité leur occasionnera plus de soucis, plus de contraintes que son rejet. La classe politique monopoliste bénéficierait, en cas de victoire du "non", d'une sorte de répit malsain retardant son adaptation véritable et sincère à la réalité européenne et mondiale.
Quoi qu'il advienne du référendum, et quoi que l'on pense de la Constitution européenne, que le oui ou le non l'emporte, une chose est certaine : ce répit ne doit pas lui être accordé.
JG Malliarakis
(1) Nicolas Sarkozy à Tarbes a, enfin, développé l'argument selon lequel "plus l'Europe sera intégrée et plus il sera difficile à la Turquie d'y entrer."
Il est parfaitement acquis désormais de considérer la contradiction évidente entre construction européenne et adhésion de la Turquie. Ce sera l'un ou l'autre ou ni l'un ni l'autre (pas d'Europe vertébrée et pas de Turquie dans l'UE) Les dirigeants États-Unis ne semblent pas se tromper sur ce point, contrairement à certains personnages comme (le grotesque) Chirac.
(2) "puisque, dit-il, cette immigration est clandestine".
(3) En cela, il a bien de la chance car le texte et les signataires de ce "pacte" sont ignorés du vulgum pecus. Est-ce un pacte aussi sérieux que le pacte Briand-Kellogg, mettant la guerre hors la loi en 1928 ? Est-ce un document aussi grave de conséquences que le pacte germano-soviétique de 1939 ?
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