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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
LUNDI 7 MARS 2005
DESTRUCTIONS SYNDICALES ET SCOLAIRES
Deux catastrophes menacent également l'école monopoliste : les fausses réformes autant que l'absence de réformes.
À quoi tiennent les choses ? Les chroniqueurs du futur retiendront peut-être que la grande chance permettant d'adopter la réforme Fillon, ou plutôt la soi-disant réforme portant le nom du ministricule d'alors, aura résulté du calendrier parlementaire ; on aura voté définitivement le texte proposé par le gouvernement en ce début mars, à un moment où la zone A était encore en vacances de février.
Ou bien, au contraire, cette loi ayant été votée, les académies de Lille et Marseille auront pu roder leurs mobilisations en attendant la grande rentrée, les grandes manifs et les grèves de cette semaine cruciale en Ile-de-France. En effet, parallèlement au mouvement des lycéens, les syndicats mobilisent le 10 mars pour "sauver les services publics à la française", le jour même où le Comité Olympique vient soupeser la valeur du dossier candidature de Paris pour les Jeux de l'année 2012.
Quand on mesure l'état actuel d'effondrement de la France, effondrement dans lequel les dérives comptables ne sont qu'un faible signe statistique, tout cela n'a pas beaucoup d'importance.
Au fond, il vaudrait certainement mieux pour tout le monde que Paris ne soit pas retenu pour les JO.
Ce serait préférable, d'abord, pour les vrais Parisiens, ceux qui ne vivent pas quotidiennement dans le festif, ceux qui ont encore le désir de vivre de leur travail, ceux qui veulent encore essayer de mettre au monde et d'élever des enfants.
Cela représenterait une économie d'autre part, pour les régions totalement tenues à l'écart de cette gloriole parisienne car elles auraient à la subventionner si jamais on donne suite à cette affaire.
Ce serait salutaire enfin pour l'opinion populaire qui aurait bien besoin de mieux mesurer l'échec de nos dirigeants, et le recul du pays. Et elle en aurait ainsi l'occasion sur un dossier spectaculaire mais (heureusement) non sanglant.
Espérons donc, à la fois, que les JO ne seront pas organisés à Paris, que le mouvement de défense des monopoles et des privilèges de l'administration échouera et que cependant on mesure bien les méfaits et les destructions de toutes ces agitations scolaires et syndicales fabriquées.
Car les choses importantes, peut-être même des événements tragiques, adviendront si rien n'est fait face aux alertes résultant des destructions scolaires et syndicales.
Et l'école fait tout pour préparer les jeunes Français à un destin de servitude et de médiocrité généralisées.
Ah mais dira-t-on voilà une bonne raison pour la réformer !
Oui et non.
Oui, bien sûr, les systèmes d'enseignement en France sont de moins en moins satisfaisants. Mais, d'autre part, deux catastrophes menacent également l'école monopoliste : les fausses réformes autant que l'absence de réformes.
On entend dire souvent : rapprochons l'école de l'entreprise. Très bien.
Mais, par ailleurs, une première constatation devrait sauter aux yeux : l'école est elle-même une entreprise.
Et l'école étatique monopoliste à la française est l'entreprise la plus lourdement plombée du monde avec son effectif de 1 200 000 personnes. Ses prétendues réformes, celles auxquelles on donne périodiquement le nom du ministre en place, ce ne sont pas des tentatives d'adapter les services fournis aux besoins de la clientèle des familles, ce sont des dossiers pourrissant dans les cartons du ministère, des camarillas syndicales et des lubies fraternelles.
Dans ces conditions, on doit mieux mesurer la signification de l'idéologie actuellement dominante dans le monde éducatif français. Quotidiennement, en fait, nous pouvons en observer certaines bribes : c'est toujours le refus total de toute logique concurrentielle, de toute compétition, de tout libre choix, aussi bien pour les élèves que pour les professeurs ou les établissements. Le syndicat majoritaire, la FSU, demeure étroitement lié au parti communiste. Plus précisément même, cette centrale est apparue en 1993, c'est-à-dire après la chute misérable de l'Union soviétique. Scission de la vielle FEN (devenue UNSA-Syndicat des enseignants, de nuance socialiste et maçonnique) la FSU communiste a réussi à conquérir la majorité, de manière démocratique au cours des années 1990. Cela veut bien dire combien rétrograde sont les gens supposés former les Français de l'avenir : ils croient encore au marxisme… Ils refusent l'évidence de son échec, et en même temps celle de leurs devoirs de prestataires d'un service.
L'argument selon lequel tel service, en l'occurrence l'enseignement et la formation (ne parlons même pas d'éducation !!!) devrait être mis hors du champ de la concurrence parce qu'il "n'est pas comme les autres" est totalement irrecevable. Aucun produit, aucun bien, aucune prestation n'est identique à ce contre quoi ils sont échangés. Si les biens et services étaient fongibles et indifféremment substituables, les hommes ne procéderaient à aucun échange.
Se prétendre d'une essence différente c'est se croire une institution sacrée.
La sacralisation de l'École en fait le dernier refuge de la "religion séculière" laïco-communiste. Elle doit donc être dénoncée pour ce qu'elle est : une sinistre imposture d'intimidation faisant chanter les familles en prenant leurs enfants en otages. Il faut hélas remarquer la complaisance avec laquelle les soi-disant porte-parole de l'école privée tombent dans le panneau tendu par leurs (fraternels) adversaires monopolistes. Déjà en 1850, Louis Veuillot remarquait : "Les catholiques réclamaient la liberté, on leur faisait simplement une petite part dans le monopole". Et en 1993 le Père Max Cloupet alors secrétaire général de l'Enseignement catholique déclarait : "Nous ne sommes pas des écoles privées mais des établissements associés au service public".
Refuser l'évidence caractérise les enseignants fils d'Utopie, sortis des rangs des soixante-huitards immatures et toutes leurs constructions conceptuelles. On se trouve en présence d'une forme de complexe de Peter Pan, fuyant le réel à la recherche d'une éternelle jeunesse, parfaitement illusoire.
Courageusement, une poignée d'enseignants antimarxistes attire en ce moment notre attention sur une "Semaine de la Coopération à l'École", laquelle aura lieu du 21 au 26 mars. Au-delà du modeste mais sympathique soutien mérité par ces amis (1), nous retenons aussi que cette (troisième) semaine se déroule sous les auspices du Gouvernement, du Ministère des Affaires sociales, "du Travail et de la Solidarité", mais en même temps de celui de l'Éducation Nationale. Or, cette campagne de propagande en faveur de la Coopération aura pour thème d'opposer la morale coopérative à l'affreuse logique du capitalisme fondé sur le profit (2). Magnifique n'est-ce pas ? Et elle est apparue avec le gouvernement UMP, appuyé par cette écrasante et effarante majorité parlementaire du printemps 2002 que le monde nous envie. Ceci se passe sous la présidence de M. Chirac.
Cela veut exactement dire que rien n'a changé entre les socialistes d'hier et les chiraquiens d'aujourd'hui, dans les cartons des ministères, et particulièrement de celui-là. La "réforme Fillon" c'est une fois de plus celle que les socialistes préparaient avant le tsunami politique de 2002 (3).
Les communistes de la FSU font descendre les gamins dans la rue, les journalistes emphatisent : tout cela n'est guère nouveau et cela pour but de négocier l'évolution la plus confortable possible aux yeux de la FSU. Il faut être vraiment naïf pour entrer dans le débat en croyant, une fois encore, que "l'effort de réforme" mériterait vraiment d'être soutenu.
Sous Chirac en effet, les réformes sont encore plus suspectes qu'à l'époque nominalement socialiste.
Au moins quand les socialistes du PS privatisent et libéralisent, c'est en sachant qu'ils n'ont pas d'autre choix. Quand les chiraquiens font semblant de réformer c'est pour tromper leurs propres amis, leurs propres électeurs. Heureusement ils en ont de moins en moins...
JG Malliarakis
(1) cf. Site des "Libertariens."
(2) Au contraire, la coopération n'est fondée que sur le déficit, le privilège fiscal et la subvention.
(3) Lequel n'a visiblement servi à rien.
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