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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

MARDI 12 JUILLET 2005

DELANOË PERD LES PÉDALES

On éprouve de la honte à être représenté par un Delanoë.

Une nouvelle fois, à Singapour, M. Delanoë a arrêté de fumer. C'est peut-être une bonne nouvelle pour l'assurance-maladie. Cela ne doit pas l'être pour son entourage immédiat. Notoirement colérique, il semble désormais en voie de vouloir faire l'aveu (1) de sa paranoïa.

Le voici en effet accusant, sans la moindre preuve, ses concurrents britanniques de ne pas avoir respecté les « règles de l'olympisme.»

En vérité, de telles déclarations tendent donc à accuser clairement, les autorités olympiques comme le gouvernement de Londres de corruption, l'une passive, l'autre active. M. Jacques Rogge, président du CIO, et un porte-parole du 10 Downing street ont formellement démenti de telles assertions.

Mais le mal est fait.

Le maire socialiste de Paris avait cru bon depuis deux ans de mener une campagne personnelle sur tous les continents. Il croyait avoir la victoire en poche, et il entendait la capitaliser en vue de sa réélection : une municipalité festive pour une ville désormais promise à la fonction ludique.

Son camarade Huchon, président socialiste de la région Ile-de-France avait lourdement avant lui insinué que Londres « avait mordu la ligne jaune ». Delanoë, patron du comité Paris 2012, est allé plus loin : « Je ne dis pas qu'ils ont flirté (avec la ligne), ils sont passés de l'autre côté ».

Et de nommer Tony Blair et le responsable de Londres 2012 Sebastian Coe car, à l'en croire « ils n'ont pas respecté les règles du CIO ». M. Delanoë fait allusion à 117 règles « olympiques » énoncées à Prague en 2003 : M. Delanoë reproche au budget officiel de Londres d'être trois fois supérieur à celui de Paris, d'avoir osé critiquer le Stade de France. Enfin, M. Blair aurait invité dans sa chambre à Singapour un certain nombre de responsables olympiques, et pas M. Delanoë.

On croit rêver devant une telle mesquinerie.

« Qu'aurait-on dit, demande M. Delanoë, si Paris avait gagné, et que six mois après, un scandale avait éclaté ? »

Le président Rogge a pourtant déclaré au Guardian que « toutes les villes candidates avaient respecté les règles olympiques ». Même Paris.

À juste titre, Claude Goasguen, chef de file de l'opposition municipale, a jugé ces critiques contre Londres « choquantes », « indélicates, presque indécentes », « petites accusations malveillantes à l'égard d'une ville par ailleurs touchée par une guerre ». Pour lui, Paris joue désormais « en deuxième division » et « on ne peut pas réduire un déclin à la tricherie des autres », sauf à la prouver. M. Yves Galland a vu dans cet « excès » de M. Delanoë la marque d'une « très grande sensibilité ». L'homme, dit-il, « a été touché en dessous de la ligne de flottaison ».

Je trouve quand même l'opposition municipale bien courtoisie.

En tant que contribuable parisien, en effet, j'ai honte d'être représenté par un Delanoë.

Lorsque le 6 juillet le Comité International Olympique décidait à Singapour d’attribuer à Londres les Jeux de 2012, il semblait déjà d’assez mauvais aloi de voir le côté mauvais perdant manifeste de la délégation française.

Contrairement aux sondages et aux pronostics, la majorité (à peu près les 2/3) des personnes que j'ai pu rencontrer ce jour-là m’avait paru plutôt indifférente ou soulagées de n’avoir à subir ni les embouteillages, ni les travaux, ni le tintamarre, ni surtout les impôts associés à ce projet grandiose. Les Parisiens lucides savaient bien, d’ailleurs, les dégâts qu’occasionnerait pour leur ville toute nouvelle injection massive de programmes urbanistiques dits sociaux, y compris quant aux possibilités offertes aux offices d’HLM de transformer la démographie. La menace pèse toujours d'ailleurs car M. Delanoë, a annoncé que les chantiers, ceux du tramway, y compris le saccage du charmant quartier des Batignolles, etc. seront menés envers et contre tout. « On remontera les projets ». Il a même envisagé l'accueil d'un autre événement sportif. (2)

Bref l’incident de la candidature était clos.

Plus intéressante, peut-être, — au moins pour les lecteurs de l’Équipe — allait être la participation sportive à ces Jeux. Battre l’Angleterre chez elle serait alors une « revanche », un mach retour, digne d’une émulation séculaire entre nos deux pays, entre deux villes si proches…

Et puis est survenue la tragédie des attentats criminels du métro londonien le 7 juillet.

À partir de cet instant non seulement l’affaire des Jeux est devenue secondaire mais, surtout, la solidarité entre Paris et Londres, entre nos deux peuples et tous les Européens devenait une évidence, une priorité qu’il n’y a même pas lieu d’expliquer.

À défaut de sentiment c’est aussi une question élémentaire de bon goût, de courtoisie – qualité dont les Français d’autrefois aimaient à se prévaloir.

Toutes ces qualités, toutes ces considérations, toutes ces raisons échappent manifestement à M. Delanoë.

C’est ainsi que le 11 juillet, 4 jours seulement après les attentats criminels qui ont endeuillé Londres, le jour même où l’on parvenait à extraire et dénombrer 52 cadavres atrocement mutilés des sous-sols de la capitale britannique, le maire socialiste de Paris s’exprimait pour la première fois à l’Hôtel de Ville. Et il a cru bon d’accuser son vainqueur de tricherie, après l'avoir félicité par voie d'affiche (3).

Faut-il entrer dans le détail de cette nauséabonde polémique ? Faut-il s’attarder à rappeler que, peut-être, la personnalité même de M. Delanoë a plus fait pour la candidature de Londres que tous les efforts de lobbying ? Faut-il se demander si la prétendue unanimité des Français était de nature à s’imposer au reste du monde ?

Complexe d’Astérix ? Ou syndrome d’Azincourt ? Je constate que les Français sont en général meilleurs dans l’adversité ou dans la défensive que lorsque « l’équipe de France » pronostique sa propre victoire.

Ici le débat n’est pas à situer à ce niveau.

Ici la question est celle d’un personnage complètement caractériel et colérique, incapable de se maîtriser et dont la présence à l’Hôtel de Ville n’est pas seulement ridicule mais gênante au point de devenir déshonorante.

Ici la question est : jusqu’à quand la classe politique française le laissera à la place trop visible où il s’agite ?

Craignons dans les mois à venir sa fuite en avant.

Bafoué à l’international, cet homme doit des excuses à la Grande-Bretagne, certes, mais nous tous sommes impliqués dans son discrédit si, très rapidement, on ne l’empêche pas dans son obstination folle à vouloir maintenir, coûte que coûte, les travaux prévus pour les Jeux, sans avoir les retombées financières des JO.

Autrement dit, cette petite nuisance nerveuse et survoltée va faire payer aux contribuables parisiens son propre échec et sa propre mégalomanie.

Avoir laissé en 2001, par médiocrité, division et suffisance, ce personnage conquérir la « Ville Lumière » en disait déjà long sur la décadence de la droite chiraquienne (4). Ne pas préparer sérieusement son éviction, ne pas dénoncer ses projets, ne pas enrayer les dégâts qu’il inflige à cette ville, relèverait de la complaisance.

Ce ne sont pas seulement la mauvaise gestion des ordures ménagères, l’insécurité ou les difficultés artificiellement aggravées de la circulation qui nous séparent de M. Delanoë et de sa petite cour, sa petite pétaudière.

C’est une affaire d’honneur, de choix de civilisation.

Qu’il aille se faire pendre où il veut, qu'il arrête de fumer ou de boire s'il le désire, mais qu’il dégage.

JG Malliarakis
©L'Insolent

(1) Trop attaché à la langue française je n'écrirai pas ici : le « coming out. »

(2) Je pourrais lui présenter une charmante Athénienne qui rêve de ressusciter les Panathénées.

(3) Le texte hypocrite de la grande affiche bleue placardée sur les panneaux municipaux proclamait incidemment un « bravo au vainqueur » qui ne signifiait donc rien.

(4) Le principal responsable de ce désastre, M. Philippe Séguin, a reçu en récompense la présidence de la cour des Comptes.

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