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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

MERCREDI 27 JUILLET 2005

DÉBATS FISCALISTES INTERNES AU PS

M. Fabius n’ignore pas l’adage : c’est dans les vieux pots que l’on fait de la bonne confiture...

Ce qui tient lieu de droite aura-t-elle le courage de s'opposer à cette nouvelle vague de fiscalisme et d'étatisme ?

Les travaux préparatoires au Congrès du PS confirment actuellement une tendance consternante, au sein de la gauche française, à revenir au bon vieux temps du Congrès d’Épinay de 1971 – ceci pour ne rien dire du Congrès Unificateur de 1905 ou de la fracture de Tours remontant à 1920.

Le courant dit « fabiusien », qui se considère sans doute comme le « grand vainqueur » du référendum du 29 mai (1) théorise désormais de manière totalement obreptice une volonté d’augmenter les impôts.

Non seulement en effet « les allégements fiscaux massifs (?) ne seront plus d’actualité »,

Mais on promet :

a) de « rétablir la progressivité de notre système fiscal » ;
b) de « stopper le démantèlement en cours de la fiscalité du patrimoine » ;
c) de créer « une nouvelle contribution de solidarité sur l’ensemble des revenus » ;
d) de fonder la lutte contre les inégalités sur « des finances publiques dynamiques » ;

Enfin l'aile supposée modérée et raisonnable du parti (François Hollande, DSK, Martine Aubry) se raccroche à une idée encore plus brillante : fusionner la CSG et l'impôt sur le revenu « afin d'en renforcer le caractère progressif. »

Inutile de préciser que ces grands principes, dont on voit aisément où ils conduisent, seront complétés par des mesures ponctuelles, par ex. sur les stock-options, sur les « niches fiscales », etc

Tenons-nous en à l’idée directrice. Elle est affirmée sans périphrases par les « fabiusiens » et les « hollandistes » n'osent pas la repousser : on s’apprête joyeusement à augmenter les prélèvements obligatoires.

Sans nous focaliser sur la personne, certainement estimable, de M. Laurent Fabius, ni sur son principal conseiller « prolétarien » ex-trotskiste M. Henri Weber, — pardon le sénateur Weber, — interrogeons-nous, d’abord, sur la finalité de ce nouveau désir fiscaliste.

Certes, sur le papier, il incorpore une idée de « lutte contre les inégalités ». C’est bien le minimum de la part d’un parti se disant « de gauche », et (cela va sans dire) « républicain ».

Mais en entrant vraiment dans la logique de ce programme, on découvre que ce fiscalisme se veut beaucoup moins au service du peuple que de l’étatisme : « la situation en 2007 sera différente (de celle de la législature jospinienne 1997-2002), les finances publiques seront en grave déséquilibre initial et les services publics devront être remis en état. »

Passons sur la démarche strictement politicienne de l’équipe Fabius. Elle a la prétention de contourner ses principaux rivaux (et notamment Dominique Strauss-Kahn) sur leur gauche. Elle peut y parvenir. Mais contrairement à François Mitterrand qui avait su puiser dans le vieux fond radical une réserve, et une patine, sur lesquels les éléments gauchisants du PS se sont eux-mêmes épuisés, l’équipe Fabius sera très faible face aux appareils des diverses tendances ouvertement néomarxistes, auxquelles elle se rallie, et qu’elle entend fédérer : ès-Emmanuelli, ès-Montebourg, ès-Attac sans parler du bon vieux parti communiste, toujours impuni, impavide et imputrescible.

Du point de vue qui strictement nous préoccupe, on doit s'inquiéter d’abord de cette nouvelle vague d’étatisme.

Refusons-lui, avant tout, la moindre excuse que l’on pourrait qualifier d’une étiquette populaire à défaut d’être le moins du monde ouvrière ou prolétarienne.

Sans même le cantonner à son caractère de « parti de fonctionnaires », notons aussi que le PS recrute un plus grand nombre d’adhérents chez les « cadres supérieurs » que chez les salariés, « ouvriers » et « employés » confondus. Ce n’est pas un parti « petit bourgeois » (pour reprendre la terminologie marxiste traditionnelle) c’est un parti de bourgeois et de privilégiés : on appelle cela depuis quelques années les « bobos » (2).

Si l’on y regarde avec un peu d’attention, on retrouve toutes les caractéristiques du Socialisme maçonnique, tel qu’il a été défini et programmé par les convents du Grand Orient entre 1920 et 1935.

À la même époque, la fonctionnarisation de la société française, l’encadrement par une École étatique – elle-même de plus en plus dépouillée de son utopie « méritocratique » telle que pensée par Jules Ferry en 1885 –, ainsi que la lutte contre tout résidu identitaire et libertaire constituent l’ossature du système. Déjà, lors des élections de 1924 qui amenèrent Édouard Herriot au pouvoir se préfiguraient la combinaison Mitterrand de l’époque 1981, allié au parti communiste et nommant des ministres communistes.

Fils d’un antiquaire de qualité, M. Fabius n’ignore pas l’adage : c’est dans les vieux pots que l’on fait de la bonne confiture.

La question est, aujourd’hui, tout de même : adaptera-t-on la France aux conditions très dures du XXIe siècle avec les rogatons du Grand Orient que l’on a laissé s'emparer idéologiquement des partis de gauche ?

Et, d'autre part, ce qui nous tient lieu de droite aura-t-elle le courage de s'opposer à cette nouvelle vague de fiscalisme et d'étatisme ?

JG Malliarakis
©L'Insolent

(1) Rappelons-le quand même : le « non de gauche » peut difficilement se prévaloir de plus de 35 % de voix, car il ne s'est trouvé arithmétiquement majoritaire qu’avec le concours tout à fait momentané, paradoxal et d'ailleurs rejeté, de MM. de Villiers et Le Pen plus quelques authentiques « ultras » du libéralisme (hostiles au caractère social-démocrate du Texte proposé), soit au moins 20 % de l'électorat (Le Pen 18 % en 2002 + combien au juste le 29 mai ? = combien en 2007 ? La question ne sera pas posée...) 55 % - 20 % (ou plus) cela ne fait que 35 %(ou moins)… Rappelons enfin que les diverses campagnes des « non de gauche » prétendaient, à l'envi, ne pas dire non à l'Europe dans son principe.

(2) Si je comprends bien bobos = bourgeois « bohème ». À vrai dire j’ai du mal à saisir ce que ces fameux bobos ont de « bohème ». Au XIXe siècle, la bohème souffrait de la faim. Aujourd’hui elle est subventionnée..

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