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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
vendredi 29 JUILLET 2005
SUR LE BICENTENAIRE DE TOCQUEVILLE
Non, Tocqueville n'appartient pas à la pensée unique.
Comme Frédéric Bastiat (1) son contemporain, et pour des raisons analogues, Alexis de Tocqueville né le 29 juillet 1805 est beaucoup mieux connu hors de sa patrie.
Cependant il ne faut pas douter de l’intérêt accru que les Français manifestent pour l’un de leurs plus importants penseurs politiques, qui fut député de son département normand de 1839 à 1851, en attendant la redécouverte de l’économiste gascon, lui-même élu à la même époque.
On doit se souvenir que son voyage aux États-Unis en 1831, à partir duquel il écrivit son ouvrage majeur « De la Démocratie en Amérique » (1835-1840) avait pour objectif l’étude de la réforme pénitentiaire. Il en sortit un premier ouvrage « Du Système pénitentiaire aux États-Unis et de son application en France » (1833) qui mériterait une visite plus systématique.
On se souviendra par exemple que ce livre est contemporain d’un texte célèbre par son titre trompeur, et par sa funeste renommée (2) « L’Essai sur l’inégalité des races » qui reflète, en fait, la même idée : la supériorité des Anglo-Saxons, dont bien des « esprits éclairés » semblent alors tous convenir dans notre pays. Malgré une correspondance suivie, amicale et d’ailleurs passionnante avec Gobineau, Tocqueville partant de prémices analogues en tirera des conclusions radicalement différentes, ou du moins leurs postérités seront destinées à s’opposer .
Quant à la véritable lignée de Tocqueville elle n’est probablement pas non plus chez ses récupérateurs actuels.
La question de la prison n’est pas secondaire : elle est centrale.
Imiter la législation américaine était en 1832, date du retour de Tocqueville et de son ami Gustave de Beaumont une idée très avancée dans une Europe alors maîtresse du monde. Il est pittoresque de remarquer que la prison modèle de Palerme vit le jour sous l’influence de ce courant d’idées.
Il est non moins surprenant de se rendre compte que les grandes idées réformatrices qui inspireront, les unes après les autres, les législations novatrices, à commencer par celles des pénitenciers américains, tendaient toutes à la rééducation du criminel par le travail, l’isolement et le silence. On aimerait savoir sérieusement ce qu’il en est aujourd’hui où la prison, du moins en France, représente exactement le contraire : ni silence, ni isolement, ni travail, ni rééducation mais promiscuité, désœuvrement, école du crime… et, ces dernières années, du terrorisme islamique.
Relire Tocqueville serait par ailleurs formateur pour tous les majors, cadors, grosses caisses et tambours des fanfares de nos démocraties « constructivistes ».
On y trouvera là aussi le contraire de ce que veut nous faire ingurgiter la pensée unique. Non, Alexis de Tocqueville, aristocrate normand n’est certes pas l’apologiste de la Loi du Nombre. En 1848 il sera un adversaire de la dérive transformant Badinguet en Prince Président puis en dictateur « impérial ». Sa protestation contre le coup d’État de 1851 lui vaudra même quelques jours d’incarcération : il est un adversaire de ce régime plébiscitaire qui réapparaîtra malencontreusement en France en 1958, et qui dure encore avec des conséquences historiques et sociales pour la France qui pourraient se révéler pires encore que celles de la défaite de 1870. La Cinquième république nous conduit à un Sedan économique où, contrairement au libérateur du territoire Adolphe Thiers, l’épargne française ne sera pas en mesure de payer « cash » l’indemnité de départ de l’occupant.
Le vrai projet de Tocqueville est de « faire sortir la liberté du sein de la société démocratique où Dieu nous a fait vivre ». Dans son livre Testament de 1856 (« L’Ancien Régime et la Révolution ») il souligne les tendances longues de la société française centralisée qui, hélas, entravent cette marche vers la liberté mais il est le contraire d’un peureux enfermé dans le passé.
À l’heure où nous savons bien combien le malheur de la France réside dans ce qu’on lui impose un « modèle social », n’est-il pas remarquable de lire ces lignes de Tocqueville datant de plus de 150 ans : « L’unité, l’ambiguïté, l’omnipotence du pouvoir social forment le trait saillant, qui caractérise tous les systèmes politiques enfantés de nos jours. » Non, Tocqueville n'appartient pas à la pensée unique.
JG Malliarakis
©L'Insolent
(1) dont les Harmonies économiques seront rééditées par les Éditions du Trident en octobre.
(2) S’agissant du gobinisme, bien évidemment, il n’existe aucune commune mesure entre sa pensée et son abusive postérité « raciste » (le Johnson Act américain ou le national-socialisme allemand ou l’apartheid sud-africain) doivent beaucoup plus à Vacher de Lapouge qu’à Gobineau qui les aurait rejetés avec horreur. Pour mesurer cette distinction nous invitons nos lecteurs et amis à prendre connaissance de la livraison de la Nouvelle revue française N° 245 de février 1934 "Gobineau et le Gobinisme" sous la direction de R. Dreyfus rééditée en 1991.
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