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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

JEUDI 1er SEPTEMBRE 2005

ROCARD, KOUCHNER ET LES AUTRES

Chacun sa rentrée. Celle des hommes politiques demeure désespérément éloignée de celle du pays.

En cette fin de vacances d’été chaque profession vit évidemment des problèmes spécifiques : les distributeurs du textile n’ont pas les mêmes préoccupations que les hôteliers et restaurateurs.

Mais les politiciens, eux, en principe, du moins l'affirment-ils, préoccupés avant tout par l’intérêt général de tous les Français, ont presque tous concentré leur attention, et mobilisé celle du public, sur les fameuses universités d’été organisées fin août et début septembre, entre Fouras, La Baule et La Rochelle.

Les gros médiats ont beaucoup titré, glosé, commenté autour des dissensions et débats internes du parti socialiste. Le Figaro (1) par exemple voulait voir seulement dans la réunion de La Rochelle, le « choc des ambitions », au sein d’un parti qui serait à en croire ce quotidien essentiellement déchiré par des questions de personnes, par la rivalité entre les deux candidats déclarés à la candidature présidentielle Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius.

Certes il est permis de se demander, au fond, si dans le passé, les deux hommes ont représenté des lignes politiques économiques, financières et fiscales vraiment si différentes.

Il est recommandé, également, de s’interroger sur le monopole éventuel du PS dans de pareilles querelles. Quand L’Express (2) titre sur la « guerre secrète » opposant M. Sarkozy à M. de Villepin, ce journal a-t-il la prétention de révéler au public un dissentiment jusque-là ignoré ? D’autres partis, comme les Verts par exemple incarnent-ils la parfaite entente ? l’amour inoxydable entre M. Mamère et Mme Voynet ? L’UDF est-elle totalement soudée autour d’un Bayrou sans préjudice du parcours d’un Gilles de Robien ? On pourrait continuer sur toutes les couleurs du prisme politique de notre pays, jusqu’aux infrarouges faussement rabibochés Krivine/Laguillier. Les revoila profondément en désaccord désormais sur l’interprétation à donner à la victoire du Non le 29 mai : de sa brillante carrière au Crédit Lyonnais la mégère de Lutte Ouvrière a gardé le sens d’une arithmétique élémentaire et elle rappelle à ses petits camarades que le non de gauche cela ne représente pas plus de 35 % des voix (3).

Or la grande affaire de la politique française est que 7 ou 8 tendances vraiment très différentes se partagent l’électorat, c’est-à-dire l’opinion populaire, chacune de ces tendances représentant plus ou moins constamment 12 à 20 % des voix, plus 2 ou 3 courants plus ou moins autonomes atteignant entre 3 et 5 % des sufffrages.

Mais le système artificellement binaire institué par la Constitution de 1958, le mode de scrutin rétabli en 1988 et la réforme de l’élection présidentielle imposée plébiscitairement en 1962 fait que seuls deux partis comptent dans la vie politique et dans les assemblées délibératives, le parti socialiste et le parti gaulliste (4).
Fin 2004 on a pu évaluer ce que ces deux partis représentaient : l’élection de Sarkozy à la tête de l’UMP a fait apparaître l’existence de 150 000 adhérents encartés au « parti majoritaire » ; le référendum interne socialiste a concerné 130 000 personnes, les adhérents du PS, eux-mêmes détenteurs de plus de 120 000 mandats électifs.

Autrement dit la classe politique « qui compte » représente à peine 300 000 personnes, elles-mêmes enrégimentées par des appareils partisans bureaucratiques ultra-centralisés.

Ce débat est donc artificiellement restreint à quelques cénacles dont les enjeux échappent d’autant plus au grand public que les médiats s’emploient à en obscurcir la véritable dimension, en l’occultant par le voile des clichés sur les affrontements de personnes.

À l’évidence, pendant le mois d’août on a vu des personnalités non-négligeables du parti socialiste un Michel Rocard, un Jack Lang, un Bernard Kouchner prendre coourageusement position en faveur d’une ligne dite « sociale-démocrate », s’écartant largement de l’attitude constance de leur parti depuis le congrès d’Épinay de 1971 (5), préconisant de manière plus ou moins avouée, un retour à des formules socialo-centristes, rêvées depuis les années 1980 mais rendues quasi-impossibles depuis 1958.

Il y a là, en germe, une crise de « régime ». Ceci nous paraît d’autant plus clair que les élections de 2007 marqueront aussi la fin d’une époque de la vie politique française. Notons principalement que M. Chirac, présent depuis 40 ans dans les palais nationaux, sera conduit vers la sortie.

Certes, sur 62 millions de Français, plus de 99 % répugnent à « s’occuper de politique » et on les comprend.

Mais les 280 000 adhérents du PS et du RPR, eux, « s’occupent » de nous imposer leurs vues, leurs utopies, leurs magouilles et, finalement leurs prélèvements fiscaux et sociaux.
Chacun sa rentrée. Celle des hommes politiques demeure donc éloignée de celle du pays. Désespérément ?

JG Malliarakis
©L'Insolent

(1) 27 août

(2) 29 août-4 septembre

(3) La secte LO semble la seule à observer explicitement en effet que "sans les voix d'extrême droite, le non (au référendum) ne l'eût pas emporté". La charge contre la LCR est signée des deux initiales R. G., c'est-à-dire Roger Girardot, nom de plume de Hardy, soit Robert Barcia dans le civil, véritable patron de l'organisation. (Cf. l'observation pertinente du Monde daté du 14 août). En fait l''ère du soupçon entre Lutte ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire nous semble surtout alimentée par le fait que Henri Weber principal conseiller actuel de Laurent Fabius est un vieux complice soixante huitard de Krivine.

(4) Or, donnée essentielle : le système institutionnel, les modes de scrutin, le primat de l'élection présidentielle font que le parti socialiste demeure tributaire de l'alliance mortifère avec le parti communiste et que le parti gaulliste satellise, tétanise et stérilise artificiellement la droite libérale et centriste.

(5) L'alliance avec le parti communiste étant elle-même liée à une convergence dialectique des programmes respectifs.

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